PDV : Lucas
Oui, j'ai le seum.
Déjà que je viens juste de changer d'école, j'ai dû écouter mes parents parler de fin du monde à cause de mon retard et le truc d'art plastique, et en plus le troisième jour, je dois prendre de mon temps, un mercredi, pour travailler sur un fichu projet pour l'école avec une fille bien chiante. Qu'est-ce que ça commence bien tout ça !
Bon. On a décidé de se retrouver dans un café pas loin de l'école. Et comme d'habitude, je suis en retard, pas vraiment une surprise. J'aperçus ma partenaire de loin donc m'avança vers elle en espérant qu'elle n'ait pas trop longtemps attendu. Ouais, je sais, je suis un gentleman moi.
Même si pour elle j'm'en fiche.
-Pas trop attendu ?, lançais-je tout en marchant nonchalamment vers elle.
-Si...Beau..coup.., qu'elle se battait à dire en deux essoufflements. À croire qu'elle a dû courir pour arriver à temps.
-C'est pour ça que tu transpires autant ?, demandais-je avec le plus beau sourire ironique que je possédais.
-Le temps..ça passe...trop vite...
-La première fois qu'on est d'accord, acquiesçais-je.
-À un moment, tu es dans ton canapé..parce que t'as encore le "temps"...et après, tu sprintes pour pas arriver en retard de 35 minutes, reprenait-elle son souffle.
-Encore d'accord. Tu crois que je devrais consulter ?
-Oui, mais pas que pour ça.
-Aouch, surjouais-je avec la main sur la poitrine.
On entra dans le café, prit une table près de la fenêtre et s'assit. Après plusieurs feintes, un des serveurs se décida enfin à venir prendre notre commande. Elle commanda sans regarder le menu, un café viennois simple expresso.
-Tu viens souvent ?, demandais-je sans vraiment être intéressé.
-Quoi ?, détournait-elle les yeux de la fenêtre.
-Dans ce café.
-Dans tous les cafés en général.
-T'es du genre de personnes qui sont dépressif si elles n'ont pas eu leur café du matin ?
-J'pourrais le devenir, oui.
-Je plains ton futur mec alors, me moquais-je.
-Si j'en ai un, murmurais t-elle mais assez fort pour que je l'entende.
-Qui sait, et peut-être que lui, il te donnera son numéro, continuais-je. J'sais pas si t'a la ref.
-J'crois pas non, qu'elle répondait avec sarcasme.
-Dommage.
-Dommage.
Le serveur se décidais enfin à nous servir. Je reçus mon jus à la menthe et elle, son café.
-J'pourrais avoir une paille s'il vous plaît, voulait-elle pour un café.
Un café au lait avec de la chantilly et une paille ? Elle en deviendrait presque mignonne. Je devais la regarder bizarrement parce qu'elle me demanda :
-Pourquoi tu me regardes comme ça ?
-Je me disais qu'en dehors de ta tronche, t'es pas si mal.
-...Sale pervers, dit-elle de façon impassible en cachant sa poitrine.
-J'parlais pas d-
-Votre paille, me coupait le serveur.
-Merci.
Je buvais mon jus en regardant son visage qui lui avait l'air plus intéressé par le paysage à travers la vitre. En fait, sa tronche n'est pas mal non plus. Ces cheveux châtains lisses et tout aussi volumineux avait l'air doux. J'avais envie d'y glisser mes mains. Ces yeux bleu océan en étaient parfaitement assortis. Je voulais y plonger mon regard suivi de mon esprit et mes désirs. Et ses lèvres sont...
Attends depuis quand je suis poète ? Bref, je devais encore la regarder bizarrement parce qu'elle m'agressa :
-Tu veux que je te crève les yeux ?, avec un sourire que je trouvais plutôt psychopathe, tout en buvant de son verre.
C'était sûrement la petite voix dans ma tête, car à partir du moment où nos yeux s'entre-regardaient, j'eus aussi envie d'autre chose.
Mettre ma paille dans son verre.
Et je le fis.
Pendant une très longue seconde, on resta là. J'avais ses yeux pour seule vision et des bruits sourds pour seul son. Et personnellement, j'aurais aimé qu'à la prochaine, je ne finisse pas avec du café qu'elle a toussé sur le visage.
(Je l'ai mérité.)
-Pourquoi t'a fait ça, s'énerva-t-elle, t'es fou ou quoi ?
(Je me le demande.)
-Et ça te fait rire ?
-Quoi ?, demandais-je étonné, avant de remarquer qu'en effet, je sentais mes lèvres s'étirer.
(C'est vrai, pourquoi je souris ?)
Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, j'eus un pouf de rire suivi d'un autre beaucoup plus bruyant ; à en perdre mon souffle. Je sentais le regard interloqué de Kayla sur moi. Un regard qui peu à peu passa de sourire à un rire éclatant. J'eus même le droit à un rire de cochon. Et c'était mignon.
-Bon, lançais-je pour m'échapper de mes pensées, du coup... Le tableau sur nos rêves...
-Ah ça, s'en rappelait-elle, j'ai eu une idée chez moi. On peut le faire sur un attrape-rêve. Elle a parlé de rêves, pas de nos rêves après tout.
-Oui, c'est pas mal.
-Sérieux ?, s'étonnait-elle.
-Ouais, pourquoi ?
-Attends-tends-tends. Donc, je donne des idées pendant une heure, sauf que monsieur ne veut pas soit parce que 2+2=5 ou parce que la terre est plate, et là, quand c'est trop tard, je te donne une idée et c'est bon ?
-Oui, acquiesçais-je avec mon sourire le plus innocent.
-Dis Siri, comment cacher un cadavre ?, plaisantait-elle (je crois) avec son téléphone en main.
-Oh, tu me ferais presque peur.
-Bon sérieusement, du coup, on sait de quoi on va parler, maintenant faut juste le créer.
-Ok, je connais un studio d'art pas loin d'ici.
-Un studio d'art ?, me demandait-elle intriguée, j'savais pas qu'il y avait un studio d'art ouvert au public ici.
-Il ne l'est pas. Mais le gérant est une connaissance de mes parents donc je suis sûr qu'il se fera un plaisir de nous accueillir, l'éclairais-je.
-Ah Ok. Bon il est déjà tard, on devrait rentrer.
Je fus d'abord surpris de n'avoir reçu aucune question avant de répondre:
-Ouais, c'est vrai. Allons-y.
On quitta le restaurant après qu'on eut payé. Et après un au revoir de politesse, je ne la vus que de dos.
(Ouais, c'était pas mal cette journée.)
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Ce jour là...
Teen FictionCe jour où a eu lieu cette rencontre cliché, ce jour où ce nouvel élève est arrivé ou peut être ce jour où sa vie a commencé à changé. On peut bien l'appeler comme on veut, mais pour rien au monde, elle changera ce jour où ce garçon des plus désagré...