Un village trop tranquille

Chapitre 26: La malle des mystères (Tom et la bande du 36)

Personne n'a vu ce retournement de situation. Personne. Qui aurait cru qu'en débarquant dans cette maison en apparence belle et paisible, ils allaient retrouver une pièce secrète avec une jeune femme ligotée dans une malle, à deux doigts de clamser au vu de son état instable ? Personne n'aurait pu croire ça. Le scénario dégénère comme dans une série à succès mais là, c'est la réalité. La réalité les rattrape, la folie des hommes les rattrape en beauté dans une partie d'échecs loin d'être terminé visiblement.

Tom contacte entre temps une équipe médicale ainsi que la brigade policière du Nord vu que ça se passe dans le secteur en question. Puis il finit par appeler Alain, son supérieur, pour lui expliquer ses découvertes macabres et imprévues, évidemment il est en rage d'apprendre ça. Il va devoir encore se déplacer, on ne peut jamais être tranquille ! C'est le risque du métier. L'homme charge Tom de préserver les lieux en attendant qu'il le rejoigne depuis Paris.

Marie reste prostrée dans un coin de la pièce comme la mystérieuse femme qui ne bouge pas du canapé ni du manteau de Tom, pendant ce temps-là, l'inspecteur Sarez enchaine les coups de fil, allant et venant dehors, devant la villa. Là, il a besoin d'air, clairement, il a besoin de respirer et de se détendre parce que ça va vraiment mal finir. Il a encore cette odeur infecte provenant de la cave cachée dans ses narines, cette pénombre au fond de ses yeux et surtout le corps de la jeune femme qui brûle ses rétines tant sa peau est recouverte de traces et ne ressemble plus à rien si bien qu'on a du mal à croire qu'elle est humaine, elle ressemble plutôt à un alien, c'est presque comme s'ils étaient dans un épisode de X-Files, ayant découvert une étrange créature.

Tom soupire et se tient la tête. Il a deux femmes apeurées à gérer à l'intérieur, il doit se montrer responsable et rassurant mais punaise, que c'est dur de ne pas se laisser aller. Surtout que Nicolas n'est pas là pour le ramener dans le droit chemin avec une blague lourde. Il est seul au monde, face à l'immensité de l'océan. Il se serait bien passé de toute cette nouvelle merde mais à chaque pièce du puzzle, c'était un pas de plus vers l'ultime vérité. Alors il fallait s'accrocher, ne pas sombrer, garder la tête haute et terminer cette foutue enquête. Cela étant, il aurait sûrement besoin d'un long congé pour se remettre de ses émotions, on lui devait bien ça après tout ce qu'il a fait.

L'homme se grille une cigarette, les yeux vers l'horizon, au-delà des dunes pour observer les vagues frappant le sable avec force. Lui aussi à envie de frapper, un grand coup sur le coin de la table. Ou dans un sac de frappe. Mais bordel, sa rage lui monte de plus en plus. Comment un être humain peut-il faire ça ? Mettre une jeune femme dans cet état et l'enfermer dans une malle ? C'était impossible. Il en a vu dans sa carrière, encore et encore, des monstruosités, des bizarreries. Au détour d'une cave, d'un repaire de gangsters, d'un club malhonnête ou d'une forêt épaisse. Il aura tout fait en 30 ans de brigade criminelle, il n'a loupé aucun spectacle, un fidèle comme on dit.

Deux voitures de police finissent par arriver sur les lieux. Des officiers en tenue descendent et vont rejoindre Tom, ils se saluent de manière respectueuse avant que l'inspecteur n'explique la situation du début à la fin, il précise qu'il est là dans l'enquête sur le meurtre de Will Beller et tout ce qu'il va avec. Un homme demande :

« -... Ok. Et vous êtes sûr que cette Marie Dubois n'est pas complice ? Après tout elle était dans la villa. D'ailleurs sacrée barraque soit dit en passant.

-Complice ? Comment ça ? demande Tom, interloqué.

-Elle n'est pas au courant de cette pièce, vraiment ? Et de la nana dans la malle ?

-Comment vous pouvez dire ça ? répond Tom en fronçant les sourcils.

-Avouez que c'est étrange. Vous débarquez ici, elle se montre réticente et nonchalante. Elle a sûrement un lien avec cette cave, c'est sûr et certain.