Amour décalé

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"Si le rapprochement incite l'amour, alors la distance est la dévotion éternelle."

Sa chambre, enfin je veux dire notre chambre paraissait vide sans lui. J'observais ses reliques, ses objets qu'il conservait précieusement dans un ordre et une place méthodique. Caressant son fauteuil dans le coin de sa chambre, je veux dire notre chambre, je retrouvais la sensation de sa peau collée contre la mienne, ses poils hérissés lors de nos contacts insoupçonnés. Je ressens sa chair, sa douceur embrasser mon âme et mon corps. Je revois son désir de pouvoir toucher chaque partie de mon corps tant convoité. La flamme mouvante dans ses yeux, mire ses envies les plus intimes.

Un samedi, lorsque je rentrais d'une après midi avec des amies, il m'attendait sagement sur le doux fauteuil. Le regard attendrit par mon arrivée, il plaçait son index en ma direction. J'avançais, ne sachant pas à quel tour il voulait jouer, puis Gaston me caressa lentement la joue, puis la nuque, le torse, les bras, en commençant à m'embrasser délicatement sur chaque parcelle de mon corps; je semblais nu sous ses yeux.


« Gaston...


- Oui Joséphine ?... Haleta-t-il, tout en continuant de m'embrasser


- Je suis fatiguée laisse moi s'il te plaît... Il n'arrêtait pas


Gaston s'il te plaît, je n'en ai pas envie. »

Je le laissais sur le canapé et me dirigeais vers la salle de bain pour me nettoyer. Il ne me retenait aucunement. Pourtant restant assis désespérément, Gaston était seul sur ce fauteuil. Et en réalité c'était de ma faute si il était seul. Je n'étais pas fatiguée, je n'étais pas en manque d'envie, je ne ressentais juste pas le besoin de nous rendre heureux.


A la fin de cette pensée, je retirais mes mains brusquement du fauteuil, comme électrifiée.

Mon regard s'attendrit sur cette boule à neige de 1984, sur l'étagère à droite du fauteuil. Cette boule à neige renfermait l'un des moments les plus beaux que nous ayons vécu.


En fait, c'est un cadeau de Noël, acheté dans une boutique non loin de son appartement, je veux dire, notre appartement. Nous nous sommes retrouvé pour le réveillon à une soirée avec mes amis, je veux dire nos amis. La soirée battait son plein, nous dansions entre verres de champagnes et chansons d'ambiances. Je frémissais avec les voisins et rigolais avec mes copines.

Lorsque Gaston tout a coup me tira vers lui et me serra dans ses bras, son odeur m'enveloppait, son étreinte était ferme et rassurante. Je naviguais sur cette valse envoûtante. Je flottais, il me faisait flotter, mais je ne savais pas le remarquer. Son cœur battait pour moi et je le ressentais dans sa poitrine, il tambourinait, ne demandant qu'à sortir. Le petit oiseau dans sa cage était trop à l'étroit il avait besoin de prendre de l'envole et de virevolter en compagnie du mien.

Il me sortit une phrase si douce que je ne pourrais jamais l'oublier. A vrai dire c'est la plus belle phrase que personne ne m'ai jamais dites, c'est certainement la plus belle phrase que personne n'ai pu prononcer jusqu'à aujourd'hui. Et c'est lui qui l'a sortit de son cœur, de sa pensée, de sa bouche, il me l'avait chuchoté à l'oreille comme si personne ne devait l'entendre. Un secret que je devrait garder pour toujours.


« Tu es le rien lorsqu'on me demande à quoi je pense, tu es le tout lorsqu'on me demande ce que j'aime, tu es ma couleur préféré, la lune de mes marrées, à contrôler sans cesses mes mouvements de l'âme, mes sensations indescriptibles, tant elles font chavirer mon cœur »

La musique autour de nous semblait mélodieuse, elle s'en roulait autour de nos corps. Chaque notes tournoyait, entraîné par le plaisir de deux âmes complémentaires. Nous étions collés, l'un contre l'autre, comme uni. Malgré cela, je ne pensais pas à nous. Je n'ai su savourer ce présent désormais passé à tout jamais. Mon âme divaguait déjà et j'étais perdue entre la fête et moi-même. L'ayant ressenti il prit ma main et nous engageait vers la sortie.


« Mais la fête !


-Suit-moi, ne t'en fait pas


-J'ai dis à Catheline que je resterais jusqu'à son...


- Vient. »

Je n'eu pas le temps de riposter nous avions déjà franchis la porte d'entrée. Le froid hérissait mes poils, mais heureusement son corps construisait un mur entre le vent glacial et moi. Il me protégeait. Nous étions jeunes et notre vivacité nous entraînait parfois dans des moments comme ceux-ci, où dehors au milieu du froid hivernal, nous nous embrassions tendrement à en croire que nous nous séparerions pour toujours dans l'instant suivant. Les flocons tombaient sur nous, créant une boule de neige rien qu'à nous. Aucun bruit autour ne perturbait ce moment magique où nous nous regardions entre froid, neige et passion. Nous nous embrassions sous les étoiles de la fête. Si j'aurai été réceptif à tout l'amour qu'il m'offrait j'aurai reçu cet instant comme parfait et féerique, mais je ne pouvais le reconnaître. Je ne pensais pas à nous, je pensais à lui et à moi.


Gaston m'offrit pour Noël cette boule à neige, que j'ai rangé dans sa boîte sans même le remercier, je le ferais quand il sera rentré.



Je me rappelle aussi d'un pendentif qu'il m'avait donné comme cadeau pour notre huitième anniversaire, alors que de mon côté je ne lui avais rien préparé. J'ai conscience de ces erreurs que j'ai pu commettre, j'ai ignoré son amour. Il était persuadé qu'il devait nous rendre heureux tout les deux, que notre amour était le bonheur qui illuminerait le monde. Quant à moi, je ne faisais même pas attention à ses présents, ses démonstrations digne d'un livre de romance, et maintenant qu'il n'est pas là je m'en rend compte, je pense que l'amour est un égoïsme à deux. Nous voulions faire ce qui nous arrangeait le mieux sans penser à l'autre, et quand bien même nous pensions à l'autre c'était dans l'objectif du bonheur de l'autre pour se rendre heureux.

Le bruit des klaxons dehors m'interrompit dans mes souvenirs. Je fut brutalement éjectée de cette trappe qui aurait du rester fermée. Je m'approchais de la fenêtre pour distinguer le vacarme, il y avait eu un accident au niveau des feux de circulation juste en bas de la rue. Le temps maussade amplifiait la colère de ces gens. Une jeune femme sortait de la voiture puis criait sur l'autre conducteur. Malgré la forte pluie je les entendais du haut de ma fenêtre du troisième étage.


« - Vous m'avez rentrer dedans ! rétorquait le conducteur


- Non c'est vous, je suis arrivé au feux j'ai ralenti et vous, vous avez accéléré !


- Madame je vous pris de m'excuser mais dans cette histoire vous êtes la fautive. »


La pluie fracassait le sol et leurs voix s'écrasaient de la même façon, mais je suppose qu'ils balbutièrent de la même façon durant quelques dizaines de minutes, jusqu'à qu'ils soient trempés jusqu'au os. Mais ils s'embrassèrent. Tout les deux, avec une telle passions folle que je me transportais avec eux. Ça se passait exactement comme avec Gaston hier soir.

Nous étions en route vers le fast-food que je lui avais conseillé, et nous roulions assez rapidement. Alors un hérisson était sur la route, et à cause de ses éclairages défaillants, Gaston n'avait pas eu le temps de prévenir le coup. Il donna un coup sec à gauche et nous partions dans le faussé. Il nous a fallu un temps avant que nous sortions. Une fois face à lui, je l'accusais de ses tords, de ses fards mal allumé, de son coup de volant, de son inattention. Il aurait pu tuer le hérisson, ou même pire, il aurait pu nous tuer !

Il m'écoutait presque vidé d'énergie. Il semblait à cet instant aussi maussade que le temps. Si j'avais placé des électrodes sur ses tempes il n'aurait eu aucune réaction. Pourtant, je continuer de l'accuser alors que lui m'aimait plus que tout. Gaston s'approcha, me pris dans ses bras, et m'embrassa sur la joue. Puis il enchaîna ses mouvements comme un robot enchainerait ses devoirs mécaniques. Il appela un mécanicien, qui remorqua sa voiture, je veux dire notre voiture, nous rentrions dans sa chambre. Je décidais de passer la soirée chez des copines, mais il ne souhaitait pas venir, alors il restait à la maison pour se reposer.

Maintenant que j'y pense, je l'aime et je n'aurait jamais du lui faire subir ça, mais c'est fait, donc je ne peux que m'excuser au près de lui, et lui rendre ce qu'il m'offre chaque jour.

Et nous voilà le lendemain matin, j'étais rentrée assez tard et je ne me rappelais pas l'avoir trouvé dans le lit, m'abandonnant tout simplement sur le matelas, complètement assoupie. A la recherche de moyen de m'excuser, je fouillais sa chambre, je veux dire notre chambre, pour trouver le meilleur cadeau de pardon.


Je vins à trouver au fin fond du tiroir de notre commode une lettre. Une lettre soignée, mais détaché d'aujourd'hui. Il y notait un départ immédiat dans un lieu qui soit disant ne connaitrais-je que dans de longue année. Signé d'un « je t'aime » comme à son habitude. Je ne savais pas ce qu'il voulait sous entendre, je lui demanderais quand il sera rentré.

Amour impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant