chapitre 35: Une toile vierge

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Chapitre 35: Une toile vierge

Il vit sa langue rose passer délicatement contre sa lèvre inférieure et ne supporta pas un instant de plus les derniers centimètres qui les séparaient.

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Le prince ne bougea pas les lèvres pendant une longue seconde avant que Violine ne se décide à répondre au baisé. Il ne voulait pas brusquer le noiraud, conscient de sa réserve évidente et légitime depuis le mariage et la nuit de noce.

Il était perdu, incapable de s'expliquer l'explosion de plaisir et de plénitude qu'un baisé partagé avec Violine lui procurait.

Il fut surpris d'aimer laisser une question en suspens.

Celles qu'il n'avait pas aimé se poser par contre, c'est tout d'abord la raison pour laquelle Violine l'avait évitée après son mariage.
Ensuite il avait compris la soudaine distance que le El avait instauré entre eux, et s'était demandé ce que Violine voulait entendre et même ce que lui-même voulait lui dire.

Lui dire la vérité avait paru comme une évidence.

Même si elle n'avait pas de sens.
Une promesse de fidélité lancée à un El sensé être son esclave lui avait fait l'effet d'une explosion au creux de son estomac.

Je te suis fidèle.

Ces quatres petits mots qui résonnaient de vérité dans tout son être était la chose la plus étrange qu'il n'avait jamais dite.
Après cela, il s'était demandé ce que Violine ferais de ces quatres petits mots qui l'avait lui même t'en chamboulé.

Rien.

Enfin, si. Un regard indéfinissable, deux sourcils rapprochés en interrogation muette et quatres dents blanches enfoncées dans une lèvre inférieure déjà meurtrie par cette habitude que le prince trouvait particulièrement séduisante.

Pas un mot, pas une onomatopée... Seulement une vague expression faciale décontenancée.

Il ne savait pas ce que Violine avait pensé et il préférait mille fois pouvoir répondre à cette question plutôt qu'au pourquoi de son sentiment de plénitude onirique lorsqu'il glissait délicatement les mains sur les cuisses généreuses du jeune El pour rejoindre ses hanches et les presser avec avidité lors de leurs baiser terriblement tendre.

Violine, quant a lui, avait pris son temps pour caresser délicatement les lèvres du prince des siennes. Puis ses doigts airain s'étaient posés sur la joue pâle de son prince, si délicatement que Simon compara cette caresse à la chaleur diffuse d'un feu de bois.

Lorsque les longs ongles du noiraud glissèrent sur sa peau, il frissonna. Tout ce qui constituait Violine sembla décupler dans l'esprit du prince. Sa respiration chaude sur leurs lèvres soudées, l'humidité du bout de sa langue qui glissa sur ses lèvres, le souffle de la caresse timide de ses ongles sur sa joue. Il n'y avait que ça et les milliers de papillons qui voletaient dans son estomac. C'était énorme, puissant, ça dévastait tout son être et ça n'était clairement pas du tout assez.

Le prince pressa ses doigts sur la tendre chaire de Violine, faisant involontairement remonter sa tunique. Le souffle de la soirée fit frissonner ce dernier qui se rapprocha un peu plus de son prince, comme pour profiter un peu plus de la chaleur qu'il diffusait dans tout son corps. Chaleur qui prenait racine directement au niveau de leurs lèvres soudées et de leurs langues qui avait commencé une danse langoureuse.

Violine passa ses bras autour des épaules de son prince, enfonçant ses doigts dans ses boucles brunes et caressant tendrement de ses ongles son cuire chevelu. Il serra ses cuisses sur la taille du prince, se pencha un peu plus et tordait le cou pour réduire au maximum l'espace qui les séparait. Devenu plus grand sur son perchoir, il maudissait les roues du chariot qui étaient bien trop hautes à son goût.
Ce fut pire lorsque le prince reposa convenablement ses pieds sur le sol, ses mollets et orteils demandant grâce. Ils furent forcés de se séparer, essoufflés et le cœur battant à vive allure dans leurs cages thoraciques respectives.

"Vous feriez mieux de rejoindre les autres..."
Violine espérait de tout son cœur que Simon refuse.

"Que vas-tu faire, ici, tout seul ?"
Le prince leva un sourcils en voyant les yeux parmes de Violine le quitter un instant pour rejoindre le ciel quelques instants.
"La lune va être pleine ce soir. C'est la période parfaite pour se retrouver en harmonie avec les éléments."

Le jeune El avait les yeux qui pétillait, Simon cru voir un enfant parlant de ses futurs cadeaux.
"Apprend moi."
Il avait soufflé cela sans même le faire exprès. Ses yeux noir détaillant chaque petites expressions de Violine, jusque là profondement émerveillé.

Sa soif de connaissance, qui avait toujours été un moyen de ne pas sombrer sous le surmenage et la fatigue, lui semblait bien plus reposante et naturelle lorsque ça concernait Violine.

Il ne répétait pas inlassablement des mouvements pour se familiariser avec l'art du combat à l'épée... Il se souvenait parfaitement de la douleur cinglante de ses muscles suppliant grâce après des milliers de fois à effectuer le même geste jusqu'à ce qu'il devienne parfaitement fluide et naturel.
Il ne mémorisait pas par cœur l'économie, l'histoire et les noms des nobles et personnes influentes du pays, recrachant les centaines de dates, détailles et événements importants à son professeur aux anges face à sa mémoire infaillible.

Même ses cours avec l'un des mages le plus respecté du continent lui semblait soudain fade. Maintenant qu'il avait entendu Violine parler à sa façon des éléments qu'il contrôlait, toute cette magie et les nuances si uniques des iris de Violine lui était bien plus naturelle et familière.

La magie des humains lui paraissait dissonante, comme de la pourriture au milieu d'un tableau immaculé.

Maintenant que le prince avait vu le feu destructeur de Violine et la douleur qu'il avait accepter d'endurer pour son élément, les boules de feu trop pâles et trop rondes d'Arteus lui semblaient forcé, souffrantes.
Maintenant qu'il avait vu la délicatesse avec laquelle il avait manié l'eau du lac, la faisant danser autour de lui si naturellement, les vagues de liquide trop sombre et trop compact de son professeur ne lui semblait plus du tout naturel.

Il avait vu à quoi ressemblait la vraie magie et comment quelqu'un qui la connaissait vraiment en parlait. Un humain ne pourrait jamais comprendre cela.
Et lui, humain au yeux les plus sombre qu'il pouvait exister, voulait profondément comprendre.

Simon eut une pensée pour l'auteur du livre qui l'avait interpellé dans sa bibliothèque après avoir entendu Violine parler des éléments comme s' il s'agissait de véritables entités.

Commentaires et théories pratiques de la vision du monde par les Els par Thomas Logulrique, un regroupement de petites descriptions sur chaque élément donné par des dizaines de Els concernés. Même un livre tirant les propres mots des Els avait semblé dissonant à Violine. Tout simplement parce que ses connaissances étaient infiniment plus étendues sur le sujet de chaque élément.

Il connaissait, appréhendait, contrôlait et communiquait avec chacun des éléments unique dans l'esprit des autres Els.

"Vous apprendre ?"
Le prince sortit de ses pensées en un éclair, ancrant son regard dans celui du jeune El.
"Que vas-tu faire ? Comment ? Pourquoi ?"

Violine descendit du chariot, forçant le prince à baisser le regard pour garder le contact visuel.
Simon n'était plus grand que d'une maigre dizaine de centimètres et même si Violine avoisinait le mètre quatre-vingt, il ne pouvait se sentir que minuscule face au regard embrasé par la curiosité, et une pointe de désir, du prince.
Le jeune El ne savait absolument pas comment faire pour apprendre quelque chose d'inné chez lui à Simon.

Violine allait s'asseoir en tailleur face à la lune et s'entretenir avec les éléments pour leur apporter son respect et ses attentes. Comment faire pour que le prince vive quelque chose d'aussi fort et émouvant sans aucune teinte dans les iris ?
Il fixa un long instant les yeux de prince dont le regard s'éteignait petit à petit, se rendant compte de l'impossibilité de sa requête.

Ses pupilles était dilatées depuis leurs baisés enflammées et les nuances anthracites qui partageait le noir corbeau de ses yeux ne ressortait presque pas sous le délicat couché de soleil qui commençait à se manifester.

Les immenses iris du prince ressemblaient à une gigantesque toile vierge de toute couleur. Il n'y avait pas la moindre trace, ni d'un rouge affamé de puissance et de territoire, ni d'un bleu manipulateur et rusé, ni d'un gris têtu et immature et ni d'un vert conventionnel et insensible.
Il rêvait de remplir cette toile de couleurs qui, malgré tous leurs défauts, était composée de loyauté, persévérance, liberté et délicatesse.

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