Le temps qu'il faut

XXX - Macklemore ft Iro

"Got me straight up drinkin' from the barrel
I've been losin' hours
Singin' sad songs underneath the gallows
Runnin' from my shadow
Runnin' from my shadow"
– Shadow, Macklemore ft Iro

(Je me suis mis à boire à même le tonneau
J'ai perdu des heures
À chanter des chansons tristes, sous des potences
Fuyant mon ombre
Fuyant mon ombre)

    Immobile depuis plusieurs minutes devant l'un des rayon de Plein Ciel, Alexander hésitait. Il ne savait pas si c'était une bonne idée : l'initiative avait du potentielle mais, en même temps, il n'était pas sûr que ça plaise réellement à Raphaël. Il soupira. Tout ça, c'était la faute d'Océane. Depuis que l'adolescente lui avait raconté, à projet bien-sûr, combien il était dommage que son petit-ami ne finisse que si rarement ses dessins parce qu'il perdait les feuilles volantes sur lesquels il les avait commencé, l'idée de lui offrir des cahier lui trottait dans la tête sans qu'il ne puisse l'évacuer. Foutue gamine, il savait qu'elle l'avait fait exprès. Définitivement serpentarde, celle-la, il l'avait beaucoup trop influencé. Et maintenant, le voilà qui hésitait, lui qui était loin d'avoir cette habitude.

    -Alors ? le questionna Dory en apparaissant à ses côtés.
    -Je sais pas, soupira-t-il à nouveau. Tu penses que c'est une bonne idée, toi ? Ce fut autour de son meilleur-ami de soupirer. Alexander ne pouvait pas lui en vouloir, ça faisait déjà une quinzaine de minute qu'il hésitait, immobile dans le rayon
    -J'en sais rien moi, c'est ton mec, pas le mien.
    -Ouais mais moi je sais pas. Dory souffla, l'air agacé.
    -Je ne sais même pas pourquoi tu te prends la tête, quoi que tu lui offres, il sera forcément content.
    -Tu ne comprends pas, je veux pas qu'il soit content parce que je lui offre un truc, je veux qu'il soit content parce que je lui offre en truc qui lui plaise vraiment. Dory leva les yeux au ciel, rendant Alexander quelques peu boudeur. Il n'avait qu'à l'aider s'il n'était pas content.
    -Bon, il dessine tout le temps Raphaël, non ? Il hocha la tête.
    -C'est ce qu'Océane dit. Et je le vois souvent faire moi aussi. Donc je pense qu'il y passe le plus claire de son temps, ouais.
    -Bon, je ne vois pas pourquoi il n'aimerait pas le cadeau, alors.
    -Peut-être que c'est un choix, de dessiner sur des feuilles volantes.
    -Tu ne pourras pas savoir avant d'essayer. Et puis, au pire, il s'en servira pour autre chose.
    -Mouais...
    -Tu sais, peut-être qu'à l'heure actuelle il n'en veut pas mais qu'il trouvera ça finalement très pratique. Tente, tu verras bien. Et puis c'est vraiment mignon que t'en aies simplement eu l'idée.

    Alexander fouilla dans les yeux de son frère pour vérifier qu'il pensait réellement ce qu'il disait et, s'il y vit une lueur ennuyée et agacée, l'étudiant perçut néanmoins qu'il était sincère. Il retourna son regard sur les trois cahiers qu'il avait dans les mains. Bon. Il allait les prendre. Ça, et ce qu'il avait vu juste avant – ce deuxième cadeau, Alexander était certain que Raphaël apprécierait. Enfin décidé, l'étudiant tourna les talons et quitta enfin le rayon où il était resté statistique un laps de temps beaucoup trop long.

    -Ça y est ? on y va enfin ? Alexander leva les yeux au ciel sans répondre. Tu sais que vous êtes particulièrement niais tous les deux, hein ? On dirait des gamins qui vivent leur premier amour. Non, attend, on dirait les gens dans les films qui font semblant de s'aimer à la folie. Quelque chose comme ça. Cette fois-ci, il soupira.
    -Premièrement, je suis le premier amour de Raphaël. Deuxièmement, va te faire foutre.
    -De nous deux, c'est toi qui te fait le plus foutre, Alex. L'étudiant le fusilla du regard. Et tu sais très bien que je dit pas ça parce que t'es bi !

    Alexander lui fit un sourire hypocrite et lui montra son majeur pour toute réponse. C'était peut-être vrai mais quand même, il avait des principes.