Allongée sur le dos, Torielle n'essayait même plus de calmer le tumulte de son esprit. La lumière de la lune fendait la fenêtre de sa chambre et l'enveloppait dans un froid halo blanc. Elle frissonna. Il fallait qu'elle dorme.
Machinalement, elle se leva pour aller fermer ses volets. Il était déjà minuit passé, et l'air était frais. A peine eut-elle fermé sa fenêtre qu'elle se mordit la lèvre et bondit sur son téléphone.
"Judith, tu n'es pas obligée de faire ça. On trouvera un autre moyen, et un autre jour."
Elle n'attendit pas très longtemps.
"Arrête de m'appeler par mon prénom entier, tu me fais flipper."
Torielle sourit nerveusement. Mais la situation lui tordait les entrailles.
"Torielle, le temps presse. On attend depuis dix ans. Il faut qu'on découvre ce qu'il mijote, maintenant. Avant qu'il ne soit trop tard. J'ai une occasion demain, je compte la saisir."
"Laisse moi venir avec toi."
"Non, si nous sommes deux à perdre notre travail, il n'y aura plus personne pour surveiller Domoto."
La policière inspira. Ju' avait raison. Elle avait toujours raison, mais elle adorait les risques inutiles.
Elle se souviendrait toujours de la fois où cette jeune flic à peine plus âgée qu'elle s'était précipitée vers elle lors du procès. Pour la soutenir. Éviter qu'elle ne s'effondre. Alors que personne d'autre n'avait eu le courage de le faire.
"J'ai peur pour toi."
Elle mit plus de temps à répondre.
"Au pire je suis virée."
"Au pire Domoto trouve un moyen de te faire disparaître."
"Je serais discrète. Et prudente. Promis."
"Ça ne me rassure pas du tout."
"Je sais."
Torielle se mordait les joues jusqu'au sang. La panique la submergeait plus qu'elle l'aurait imaginé. Elle avait envie de vomir, à cause de la fatigue qui s'ajoutait en prime. Que devait ressentir Ju'? Même sous ses airs d'aventurière, elle restait fragile.
"Attends un autre jour, s'il te plaît."
"Arrête de vouloir me dissuader. Souviens toi que c'est toi même qui m'a rallié à ta cause."
Parfois elle regrettait. Elle aurait dû faire cavalier seul. Puis elle se remémorait à quel point Ju' lui avait été d'une grande aide.
"Va dormir Torielle. Je te raconte tout demain."
Elle n'avait plus donné de signe de vie. Torielle avait appelé trois fois. Il était six heures du matin, et elle avait à peine fermé l'œil. Elle trépignait dans son entrée, se persuadant qu'elle s'inquiétait sûrement pour rien.
Dès six heures et quart, elle ne tint plus et enfila sa veste. Le bâtiment du Service de Protection se profilait au loin et entra directement dans son champ de vision. Quelque chose n'allait pas. Plus elle marchait, plus elle distinguait une masse de gens aglutinés dans la rue, au niveau de l'entrée. Elle accéléra le pas.
C'est Ju', pensa-t-elle.
- Arrête de te faire un sang d'encre, je suis sûre que ce n'est rien.
Mais la panique de Torielle s'était transmise à Pourpre.
- Essaie plutôt de garder un air naturel. Tu vas te faire remarquer.
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L'ANTI-HÔTE [Partie 1]
Ciencia Ficción1ere place du concours de @Manon1005 dans la catégorie SF ^^ (Publication tous les jeudis) "Le projet 8180 a été mis en place par le gouvernement d'Algore, pour assurer la sécurité de ses habitants, sans se soucier du continent. Depuis plus de 30 a...