Eros et Aphrodite, Edouard Toudouze (1872)

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               Il s'agit là d'un tableau que je trouve véritablement saisissant, notamment par son esthétisme rayonnant et coloré qui tranche avec les tableaux plutôt sombres entreposé dans cette salle du musée. Cependant, ce n'est pas ça qui m'a plus plus marqué. Si ce tableau a retenu mon attention, c'est surtout car je n'ai pas pu saisir tout de suite ce qu'il représentait. Je ne parle pas du sens caché symbolique ou métaphorique qu'il y aurait derrière cette œuvre (d'ailleurs, je n'ai pas eu le loisir de me pencher là dessus), mais bien de ce qu'elle représentait graphiquement. Je n'ai pas vraiment compris ce que je voyais sur ce tableau.

En effet, j'ai eu quelques soucis à bien saisir le cadre dans lequel étaient représentés les personnages. Ceux-ci m'ont d'abord semblé être sur une mer gelée, enfin, plutôt comme un lac sur lequel flottait des morceaux de glace, un peu comme si ils étaient sur la banquise mais avec aussi quelques rochers ressortant du niveau de l'eau ici et là. Pourquoi me suis-je dis après coup qu'il s'agissait d'un lac et non de la mer ? C'est parce que j'ai remarqué les montagnes qui avaient l'air d'entouré la zone, je ne sais pas vraiment pourquoi mais cela m'a fait pensé à un lac (sûrement car j'ai vu des décors semblables dans des jeux vidéos, comme Zelda).

Voilà, lorsque j'ai vu Eros et Aphrodite pour la première fois, j'ai cru que le peintre avait représenté Eros et Aphrodite qui étaient posés sur des rochers au beau milieu d'un lac gelé entouré de montagnes. Enfin, il n'en était rien au final. Il faut dire que lorsque je vis le tableau pour la première fois, je ne m'était pas tant attardé que ça dessus, mais en le revoyant je finis par me rendre compte assez rapidement de mon erreur.

Entre autre, la scène, que je pensais se située au niveau de l'eau, prenait en réalité place dans les airs. Ce que je vis comme étant de la glace, n'était en fait qu'une ville antique grecque en contrebas. Quand aux rochers, la plupart étaient en réalités des papillons de grande taille, sauf l'un des "rochers" qui était un très grand coquillage. J'ai trouvé cela très amusant d'avoir cette double lecture du tableau. Cependant, contrairement au décors, j'ai n'ai pas eu de difficulté à reconnaître les personnages : Eros et Aphrodite.

Ces deux divinités ont particulièrement attiré mon attention, Aphrodite allongée dans cette coquille géante tirée par des papillons géans, avec Eros qui les diriges comme un cocher le ferait avec un carrosse. Ce petit petit garçon presque nu avec les yeux bandés était celui qui m'interpela le plus. D'ailleurs, c'est peut-être à cause du fait qu'il porte un bandeau vert et une flèche rouge dans son carquois, mais ce bambin me fit un peu penser à Robin (l'acolyte de Batman). Par contre je n'ai aucune idée de la signification derrière ce bandeau. Pourquoi le porte-t-il sur les yeux ? Cela le dérange-t-il pour diriger les papillons ? Je m'imagine presque ce qu'il pourrait penser de sa situation actuelle.


            "Je n'y vois rien." C'est ce que se dirait probablement Eros, survolant une ville côtière de la Grèce antique. "Voilà bien des heures que nous sommes partis, enfin je crois, je n'ai pas vérifié. Et puis en soit, même si je voulais vérifier l'heure sur une montre ou un cadran, cela me serait impossible puisque je n'y vois rien du tout. C'est tout juste si je peux savoir s'il fait nuit ou jours en fonction de la lumière que j'arrive à percevoir. On dit que l'amour rend aveugle, en tant que personnification de l'amour c'est le comble pour moi d'en être là. Surtout que d'habitude, ce n'est pas moi qui subit l'amour étant donné que je suis celui qui fait naître ce sentiment dans le coeur des gens. Mais cette fois, l'amour que j'ai fais naître a peut-être joué en ma défaveur...

 Dans mon cas, l'amour m'a bel et bien rendu aveugle. Mais je n'ai pas été aveuglé par mon propre amour : c'est celui d'une autre personne qui me contraint en ce moment à ne pas profiter de ma vue, je parle de l'amour que me porte ma mère, Aphrodite. D'ailleurs, même si elle est souvent citée comme déesse de l'amour (et aussi de la beauté), je tiens à dire que je représente bien mieux ce concept d'elle. Tout d'abord, mon amour à moi est bien plus pur étant donné que c'est ma seule et unique spécialité. De plus, mon amour n'es pas troublé par les désirs charnels qu'elle éprouve de façon si virulente, disons que je ne risque pas de commettre d'adultère, moi. En fait, je suis bien plus neutre : je me contente de faire naître l'amour dans le coeur des Hommes, au fond je ne sais même pas si je suis vraiment capable d'aimer et ma mère ne m'aide pas...

Enfin bref ! Je divague, mais à défaut de pouvoir regarder le paysage, ça m'occupe un peu l'esprit pendant ce voyage. Cependant ce n'est pas de cela dont parlais à la base. L'amour rend aveugle ! Oui oui, c'est vrai qu'actuellement je suis privé de ma vue, et ce à cause de l'amour qu'éprouve ma mère pour moi. On n'y penserait pas vraiment comme ça, mais elle m'adore. Elle m'aime d'ailleurs un peu trop, à tel point qu'elle aussi est un peu aveugle...

Mais pourquoi dis-je qu'elle m'a rendu aveugle ? Fort heureusement pour moi, je ne dis pas cela car elle m'a crevé les yeux, non non non, elle ne serait pas si cruelle avec moi. Elle m'aime à tel point qu'elle stresse lorsque mon regard se pose sur quelqu'un d'autre. Ma mère a peur que je me lasse d'elle et que je finisse par aller voir ailleurs, cela l'effraie. En soit, ce n'est pas que je ne l'apprécie pas, mais j'aimerais bien changer d'air de temps en temps, ça ne me ferait pas de mal ! En attendant, elle m'a collé un bandeau sur les yeux pour m'empêcher de regarder ailleurs, donc je ne peux pas vraiment y voir clair...

Actuellement, je me contente de me repérer en sentant les battements de coeur des êtres vivants aux alentours. Cette technique me permet de continuer mon travail de Cupidon, c'est vrai, mais ne percevant que les battements de coeur, c'est un peu plus compliqué de cerner les gens plus en détails, de les observer comme des êtres véritables. Je ne peux même pas contempler la beauté du monde qui m'entoure, c'est vraiment frustrant ! En plus, c'est à moi de conduire ce char à papillon avec lequel ma mère se déplace. Pas que l'idée me dérange en soit, mais c'est pas très confort et relativement peu pratique avec ce truc sur les yeux. J'espère que maman comprendra le jour où je percuterais une montagne..."

Oui, je l'imagine bien dire quelque chose comme ça.

Eros et Aphrodite, Edouard Toudouze (1872)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant