Une nuit éternelle

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— Docteur..., souffla Ohtar qui s'était placé debout à côté du lit. Je crois qu'elle est partie...

Le médecin releva la tête et comprit que le guerrier avait raison. La Reine avait perdu une quantité importante de sang et était bien trop exténuée pour pouvoir supporter une opération d'une telle ampleur.

Ohtar se sentit coupable du sort de la souveraine, mais si l'intervention n'avait pas eu lieu, l'enfant royal n'aurait pas vu le jour et ils seraient tous les deux morts à cette heure-là. Il fit une nouvelle prière pour que son âme repose en paix dans un endroit plus paisible que ce qu'allait bientôt devenir ce monde à la suite de sa disparition.

Laurelin réapparut dans la chambre, son nourrisson dans les bras et elle se stoppa un instant lorsqu'elle comprit ce qu'il s'était passé. Les trois adultes présents dans la pièce exprimaient tous une mine grave mélangée à de la tristesse. Ils avaient tous saisi l'ampleur de la situation.

Avant que quelqu'un puisse s'exprimer au sujet de la mort de la souveraine ou de son nouveau-né, un bruit de trompettes se fit entendre. Un communiqué important venait d'arriver du château.

Le médecin, Ohtar et Laurelin, qui portait toujours son enfant, descendirent dans la rue. Le bébé royal resta auprès de sa défunte mère. Tous les habitants de la chaussée étaient sortis afin d'écouter les nouvelles.

Un homme était assis sur son cheval, l'instrument dans une main, un parchemin dans l'autre, avec deux individus à pieds de chaque côté. Tous les trois portaient des tenues similaires à celle d'Ohtar lorsqu'il était de service. Ils avaient une armure attachée autour du buste. Cependant, elle était en cuir noir contrairement au guerrier, qui était faite de métal. Ils revêtaient un pantalon noir ainsi que des bottes. Ils avaient des épées accrochées à la ceinture et il était facile de deviner qu'ils étaient prêts à les utiliser à n'importe quel moment.

Après quelques secondes, le cavalier s'éclaircit la voix et commença son discours qui résonna dans tout le village :

— Hier, notre vénéré Empereur s'est emparé du pouvoir afin d'instaurer une ère nouvelle où les richesses seront plus abondantes, les Hommes plus épanouis et la Nature plus resplendissante. Il l'a fait pour vous, pour que vous puissiez vivre dans un monde meilleur. Le Roi était devenu passif et fuyait ses devoirs, mais aujourd'hui, tout ceci est du passé. Grâce à l'Empereur Ambros, le Royaume connaîtra la prospérité. Il vous guérira de tous les maux, même ceux dont vous n'aviez pas encore conscience.

— Ce ne sont que des mensonges ! Qu'avez-vous fait au souverain ? s'exclama un homme qui se trouvait à deux maisons de celle du couple.

L'un des deux individus à pieds, l'épée à la main, s'approcha de celui qui venait de couper la parole au cavalier. C'était le plus terrifiant des trois soldats. Il semblait être tout droit sorti des cachots du château où il attendait la sentence de mort. À son regard, les Esmériens étaient capables de deviner que c'était un homme cruel, sans pitié et sans aucun état d'âme. Il devait avoir de nombreuses victimes à son actif.

Sans une seconde d'hésitation, il lui trancha la gorge habilement, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Les habitants poussèrent des cris d'horreur lorsque la tête du villageois tomba sur le sol, suivie par le reste de son corps.

— Quelqu'un d'autre veut-il intervenir ? demanda l'homme qui venait tout juste de décapiter ce pauvre vieillard sans défense.

Un silence suivit la question rhétorique du soldat. Personne n'osait parler, de peur d'être tué en moins d'une seconde par cet être abominable.

— Nous sommes actuellement à la recherche de la Reine. Si vous avez une quelconque information, je vous prierai de me la donner. Si jamais il s'avère que vous l'aidez à s'échapper, vous savez quel sort vous sera réservé, menaça le cavalier en désignant de la tête l'homme exécuté. À présent, nous allons fouiller chacune de vos maisons pour vérifier qu'il n'y a pas de trace de la souveraine. Je vous conseille de ne pas vous y opposer. Mes hommes se serviront aussi de ce qu'ils jugent nécessaire pour soutenir l'Empereur.

Au coeur du Chaos - Les ailes du démonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant