Je me réveille en sursaut, les yeux grands ouverts et mon cœur battant la chamade. Il fait noir. J'étouffe. Mes mains tapent nerveusement contre le couvercle du caisson. Je m'agite. Il faut que je sorte de là !
Malgré la panique, je parviens finalement à déverrouiller mon compartiment et me redresse aussitôt. C'est comme sortir la tête de l'eau après une longue apnée. Ma bouche s'ouvre en grand pour laisser déferler l'air salvateur dans mes poumons en feu. J'arrache ma perfusion, les électrodes, et passe mes deux jambes par-dessus le caisson. Alors que je vais me lever, ma tête se met à tourner. J'essaye de me concentrer sur ma respiration. Une bouffée de chaleur me monte au visage. D'un coup, mon estomac se contracte douloureusement et je renvoie une bile acide sur le sol à mes pieds. J'essuie ma bouche, secouée de sanglots. Je suis en plein cauchemar.
Quand il me semble que la pièce a arrêté de tourner et que mes jambes sont moins faibles, je me hisse hors du caisson. C'est à ce moment que je me rends compte du chaos qui règne. Un brouhaha strident d'alarmes et de sifflements, l'odeur piquante de la fumée. La fraîcheur glaciale de l'espace commence à s'infiltrer dans le vaisseau et de la buée sort de ma bouche alors que je respire péniblement l'air lourd autour de moi.
Je dépasse la rangée de caissons. Leurs écrans clignotent avec frénésie pour alerter des signes vitaux de leur occupant. Plusieurs tracés sont plats.
Ils n'ont rien senti. Je n'aurais pas cette chance.
Je dénombre tout de même une dizaine de mes camarades pour qui l'on capte toujours une activité cardiaque. Mais pour combien de temps encore ?
Je fais coulisser la porte et m'extirpe hors de la pièce. Mais dans les couloirs, l'air n'est pas plus respirable.
— Alerte, me prévint Nox. Taux d'oxygène critique.
Je m'en serais douté. Le moindre pas me coûte et, même immobile, je reste essoufflée. Agoniser d'asphyxie. Est-ce que c'est douloureux ? En tout cas, ça doit être long. Surtout seule.
Je m'appuie contre le mur, me forçant à garder mon calme pour ne pas gaspiller le peu d'oxygène qu'il me reste.
La vision d'Orion me suppliant de redémarrer la carte mère s'impose à moi. J'ai un pincement au cœur. Est-ce vrai ? Est-ce que cette simple manipulation peut nous sauver ? Est-ce que j'ai envie d'être sauvée ?
Sauf qu'il n'est pas juste question de ma personne. Les autres élèves encore en vie n'ont rien demandé. Peut-être qu'eux espèrent que je saisisse cette lueur d'espoir, aussi mince soit elle.
— Fait chier !
Je me hâte vers la salle de pilotage avant d'être désorientée par le manque d'oxygène. Heureusement, la porte est assez entrouverte pour que je m'y faufile.
Nox n'arrête pas de répéter les mêmes messages d'alerte en boucle. J'ai envie de lui crier de se taire. Tout ce bruit parasite mon cerveau.
Je retrouve sans peine le levier à actionner et descends dans la salle des circuits. Tout est exactement comme dans mon rêve. J'allume ma lampe torche. Face à moi, la carte mère me défie avec ses tentacules de câble.
Une douleur sourde commence à s'installer dans ma tête. Ce n'est pas bon signe.
Je dois me rappeler ce qu'Orion, non ce que Nox m'a montré. Mais je n'ai plus le temps de réfléchir. Je débranche à la hâte la carte mère.
Le noir. Plus un bruit.
Le vaisseau va encore pouvoir fonctionner en autonomie quelques minutes, mais je dois faire vite ou nous finirons congelés dans le vide de l'espace. Je m'applique à rebrancher la carte circuit. J'ai les mains tremblantes. Au moment où je connecte le dernier câble, j'ai le sentiment que tout cela est ridicule. C'est vrai, pour qui nous nous prenons ? Notre survie ne tient qu'à un fil et l'univers va nous engloutir.
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HOPE
Science FictionAlors qu'elle se réveille au bord d'un vaisseau fantôme divaguant dans l'espace, Soraya tente de rassembler ses souvenirs. Résignée et hantée par son passé, l'étudiante est persuadée qu'elle va mourir. Mais c'est sans compter sur son compagnon d'inf...