Gardiens

Prologue

Du haut de sa tour de garde, la Sentinelle scrutait l'horizon, sans y déceler une once d'activité, bonne ou mauvaise. Cela faisait plusieurs années que le Royaume de Dagart était en paix avec ses pays voisins. Des alliances avaient été formées, ainsi que des unions, permettant de renforcer les fondations de cette entente. Il n'y avait donc plus d'adversaire à combattre, plus de terre à conquérir. La sérénité régnait. La Sentinelle, qui répondait au nom de Ulrick, n'avait rien d'autre à faire que de regarder le merveilleux paysage que pouvait lui offrir son pays. Ulrick avait été positionné au Sud du Royaume, à la frontière séparant Fenimor de Dagart, un endroit où les éléments pouvaient se déchaîner sans y détruire la vie qui y résidait. La Vallée représentait une des limites du royaume, où y pénétrer était synonyme de mort, car, ce qui s'y déroulait, dépassait très largement les compétences de simples mortels, comme notre ami Ulrick, en sécurité du haut de sa tour et à quelques centaines de mètres de Fenimor.

Ulrick avait bientôt terminé sa ronde et attendait la relève avec une certaine impatiente. Ne rien observer pendant des jours commençait à devenir ennuyeux, bien que l'on pouvait voir passer les paysans revenir des champs avec leur chariot plein à craquer. La tour servait également d'observatoire pour prévenir les catastrophes naturelles que pouvait amener Fenimor. Deux coups de cor servaient à prévenir les personnes se trouvant aux alentours, afin de partir au galop le plus vite possible, loin du chaos qui s'annonçait.

Ulrick, qui avait passé 7 jours dans cette tour, s'apprêtait à déguster son dernier en-cas avant de passer la main. Soudain, il y eut un courant d'air, plus froid que d'habitude car nous étions au moment de la moisson. Interloqué, il se mit sur ses deux jambes et trouva la cause de cette brise glacière. Recouvrant l'horizon, un épais nuage noir se trouvait là, à grignoter le moindre faisceau de lumière.

Mais cette noirceur n'annonçait pas un simple orage, c'était quelque chose de bien plus sombre, bien plus vicieux. Ce nuage commença à assombrir l'horizon. Les quelques animaux se trouvant dans les parages relevèrent tous la tête et se mirent à courir dans la direction opposée. Malgré son impressionnante carrure, Ulrick savait que s'il restait dans les parages, sa vie risquerait de s'écourter plus rapidement que prévu. Il laissa l'ensemble de ses affaires au sommet de la tour et dévala les marches avant d'arriver à toute allure devant son cheval, qu'il avait attaché à un piquet avec une corde assez grande pour le laisser gambader à sa guise. Ulrick coupa la corde avec son poignard qu'il gardait précieusement dans sa boîte gauche. Il ne prit même pas le temps de seller son fidèle destrier qu'il parti au galop vers le Nord.

Il fallut à Ulrick une bonne heure pour atteindre le village qui se trouvait aux abords du château du roi. Ils ne firent que très peu de haltes, car sa monture, elle aussi, sentait le danger approcher. La Sentinelle dévala les rues et croisa quelques regards effarés par tant de hâte. Mais on ne pouvait se permettre de s'excuser d'avoir fait tomber quelques légumes, le temps était compté.

Ulrick arriva devant les portes du château. L'ayant reconnu, les gardes ne tardèrent pas à lui ouvrir. Il s'engouffra dans la cour, descendit de sa bête et gravit les marches. Il arriva à la salle du trône essoufflé. Il s'agenouilla pour saluer le souverain et s'exclama :

« Votre majesté, navré de faire irruption de la sorte, mais j'apporte une terrible nouvelle.

Le roi fit descendre son jeune garçon de ses genoux et lui rendit son dragon en bois. Il demanda à la gouvernante, Dame Maglina, si elle pouvait aller donner sa collation au jeune prince. Il ne s'agissait bien sûr pas d'une question mais d'une affirmation. Le souverain sentait que cette nouvelle ne devait être entendue par les oreilles d'un enfant. Maglina tendit sa main au prince Aksel et ce dernier la prit tout joyeux. Le roi se tourna vers la sentinelle et lui demanda :