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Le printemps s'annonçait dans un hiver encore froid et les premières fleurs essayaient de transpercer un sol à peine dégelé. Ce samedi matin-là, Betty aidait ses parents à la boulangerie. Il était très tôt et ils étaient partis effectuer des livraisons et c'est elle qui recevait les clients.

Betty était derrière sa caisse lorsque la porte s'ouvrit avec ses petits carillons. C'était la mère de Jeannette Clarks. Le cœur de Betty se mit à battre fortement. Elle serra ses mains sur la caisse. Elle n'avait pas revu la mère de Jeannette depuis le procès et c'était très bizarre...

- Bonjour Betty.

- Bonjour Mme Clarks...

- Allons, Betty, tu peux m'appeler Sandra. On se connait assez, non ?

Betty ne répondait pas. Elle attendait prudemment et se demandait si la présence de Sandra Clarks, dans la boulangerie, avait vraiment vocation à acheter du pain... Elle ne tarda pas à avoir sa réponse.

- Je suis contente que ce soit toi qui m'accueilles Betty. Je suis venue pour te parler de Jeannette.

Betty était seule et embarrassée, mais elle n'osa pas dire non. Elle resta silencieuse et vit Sandra Clarks s'approcher de la caisse où elle se tenait en retrait, comme prête à fuir.

- Jeannette va certainement bientôt sortir de l'hôpital.

Betty reçut cette nouvelle comme un choc. Revoir Jeannette, c'était comme revivre une partie de l'enfer qu'elle essayait d'oublier. L'absence de Jeannette dans le quartier y contribuait nettement, et même si elle savait que sa réaction était égoïste, elle ne pouvait pas se réjouir de cette nouvelle. Elle ne considérait plus Jeannette comme son amie et il lui serait difficile de revenir en arrière. Betty ne répondit rien.

- Lorsque Jeannette reviendra, nous serons là, ses parents. Elle va avoir besoin de tout notre amour, et si je me permets de venir te voir Betty, c'est que je sais à quel point cette histoire vous a fait souffrir toutes les deux. Vous étiez de si bonnes amies. L'amitié, cela ne s'efface pas comme cela, n'est-ce pas Betty ?

Betty sentait ses pieds s'enfoncer dans le sol. Comment pouvait-elle venir chez elle et lui dire ce genre de choses après ce que sa fille lui avait fait endurer, et tous ces mensonges menés dans le dos de leur amitié...

- Betty, je te demande, si tu le veux, bien sûr, de pardonner à Jeannette ses erreurs, et de l'accueillir avec amitié lorsqu'elle sortira. Elle sera seule, et cela ne va pas être facile pour elle d'affronter les autres, les reproches de ses erreurs, et si toi, Betty, tu faisais ce pas, alors peut-être que les regards seraient plus bienveillants. Tu bénéficies d'une bonne image à Garence Hill et tout le monde t'apprécie... Ce serait pour l'aider à ses reconstruire...

Betty était sidérée. Elle ne savait même pas quoi répondre. A la fois, elle comprenait la démarche d'une mère, complètement déboussolée par ce qui arrivait à sa fille, et à la fois, elle se demandait comment Sandra Clarks pouvait avoir la raison pour venir lui demander, à elle, une telle chose...

Devant son silence, Sandra Clarks n'insista pas. Elle connaissait Betty depuis qu'elle était petite et voyait bien que ses paroles la déstabilisaient. Elle se retira en lui disant ces derniers mots.

- Je comprends Betty. Je sais à quel point tu as souffert, tu souffres, et nous souffrons tous. Mais si tu peux juste y réfléchir... Jeannette est tout ce que nous avons... et je ne pouvais pas, ne pas te le demander...

Sandra Clarks, essuya ses larmes et sortit de la boulangerie.

Betty était restée silencieuse et statique. Elle ne réalisait pas du tout ce qui venait de se passer. Mais le sentiment que l'histoire n'était pas achevée et recommençait à nuire, s'inséra dans son esprit et la rendit mal à l'aise. Tout ressurgissait. Et la question qui allait se poser désormais, c'est comment cela se passerait, lorsque David la croiserait. Elle n'avait pas prononcé le nom de Jeannette, ni avec Nathanael, ni avec David depuis la fin du procès, et la revoir parmi eux, réservait forcément un avenir incertain...

GARENCE HILL - LA TEMPÊTE - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant