Le Journal

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 Quand je repensait à cette nuit, j'éclatais immédiatement en sanglots et de folles pensées naissaient dans mon esprit. Lorsque j'ai reçu ce message, mon sang n'a fait qu'un tour. Je.. Je pensais réellement que le garçon de mes rêves avait des sentiments pour moi au début, enfin, je veux dire, une telle déclaration, de tels mots, qui ne croirait pas ce genre de paroles ? J'ai tout de même douté pendant une paire de secondes, puis j'y ai cru, j'y ai cru même si c'était évident. Euh, évident quoi ? Que c'était une plaisanterie ? Oh.. Je me rappelle de cette part de l'histoire, pourtant c'est tout ce que j'essayais d'éviter à tout prix, mais c'était plus fort que moi on dirait.

Au moment ou j'ai réalisé la triste vérité, mon cœur a sauté un battement, mais n'a continué à battre seulement pour me maintenir en vie, plus rien de poétique ne restait en moi. Je suis juste devenue vide.

Mais j'ai continué à « sourire », pour la simple raison qu'une blague est sensée être « drôle », n'est-ce pas ?.. J'ai prétendu devant lui ne pas avoir été blessée par ses dires, en fait, après réflexion, je ne faisais que prétendre ! Je prétendais sans cesse être heureuse et « sans problèmes » devant les autres, même devant mes propres parents. Après tout, j'étais avant tout l'« Amie marrante » dont tout le monde avait besoin, je n'étais rien d'autre que ça. Mais je croyais que, pour une fois, quelqu'un se préoccupait de moi, qu'il se préoccupait de moi, qu'il m'aimait, qu'il était différent, qu'il ne partirait pas comme tous les autres, et que je ne finirais pas par le détester..

Il était la raison pour laquelle je me sortais de mon lit pour aller en cours. Il était celui qui me motivait sans même le vouloir, mais désormais je n'avais plus rien, mis à part ma meilleure amie, qui m'empêchait de... Enfin bref. Personne n'allait m'aimer de la façon dont j'ai aimé ce garçon. Seulement, après avoir repensé à cette histoire, je me suis rendue compte que c'était puéril et ridicule de pleurer pour de telles raisons, nous n'étions même pas ensemble.. Donc j'allais simplement prendre sur moi, retomber amoureuse, répéter le processus et peut-être qu'un jour, les règles que me donnaient ma meilleure amie n'allaient pas suffire.

Mais il n'était déjà plus temps de chouiner, la nuit était passée à une vitesse folle et je devais aller en cours, que cela me plaise ou non.

En classe, les différents sons que j'entendais étaient les bavardages et rires de mes camarades, ainsi que les cris du professeur, souhaitant faire cesser le brouhaha. J'étais consciente de ce qui m'entourait, mais je restais dans ma bulle, sans prêter attention à ce qui se passait. Nous nous trouvions au premier étage, en salle cent-un, et j'étais au fond, à côté de la fenêtre. Je regardais les feuilles des arbres devenues de couleur chaudes en me félicitant dans ma tête, nous étions en milieu d'après midi, plus qu'une heure de cours et je pouvais me dire que j'avais réussi à tenir ! Recroiser le regard de ce garçon m'ayant tant blessé dans les couloirs était tout de même désagréable. J'ignorais ces pensées intrusives et souris bêtement quand je vis un cahier, ou plutôt un journal de couleur pourpre tomber du ciel.

Je revins vite à la réalité, il a sûrement dû tomber d'un étage plus haut, je n'avais pas réellement compris comment quelqu'un avait pu faire tomber ce carnet malencontreusement alors que les fenêtres étaient assez hautes et dures d'accès.. Peut-être était-ce l'œuvre d'un harceleur ? Enfin, peu importe la raison, il était logique que la personne ayant perdu ce journal vienne le récupérer en sortant.

Je détournai le regard, faisant mine de ne pas avoir vu ce qu'il venait de se passer, il fallait que je me concentre, mes notes chutaient et les événements de la veille n'allaient pas m'aider, au contraire, elles risquaient d'alerter mon entourage. Après la dernière heure de français, les cours furent finalement terminés et je lâchai un soupir de soulagement avant de me retrouver dans la cour. Malheureusement, il pleuvait et je n'avais ni regardé la météo, ni bien sûr, pris de parapluie avant d'aller au collège, Je me mis une vieille pochette sur la tête pour me protéger de la pluie quand j'aperçus ledit journal, à peu près vers l'endroit ou il semblait se diriger en tombant. Je décidai tout de même de l'ignorer, ma classe était sortie en avance, le propriétaire finirait bien par le retrouver. Pourtant, à chaque pas que j'effectuais pour me rapprocher de la sortie, je me sentis de plus en plus poussée à me retourner et à me rapprocher de ce cahier pour y jeter un coup d'œil de plus près..

Le Journal (One Shot)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant