L'Héritière [ en pause ]

Chapitre 4 - Chute vertigineuse

Bianca me fait visiter les lieux dans lesquels je vais devoir rester ces prochains jours, sous l'ordre de monsieur « consigliere » après qu'il se soit absenté avec Nicolo et Roberto. Le château est immense et très ancien, la pierre froide rend les pièces encore plus austères et ses touches dorées dégage une illusion de royauté. Cela ne reste qu'une illusion bien évidemment...

J'apprends que cette bâtisse est en fait très bien organisée, chaque étage, chaque espace est divisé en fonctions des services de la Camorra. Le rez-de-chaussée très spacieux donne directement sur des escaliers à n'en plus pouvoir, à leurs gauches se trouve un salon aménagé pour rendre l'endroit plus accueillant et en face l'endroit que j'appelle « le club des alcooliques » puisqu'il y a des bouteilles d'alcool à l'infini. Bianca m'a dit que c'était ici que se passait beaucoup de négociations car « le whisky délie les langues ».

Plus loin se trouve la cuisine assez grande pour pouvoir nourrir le château entier, et la table à manger où je me trouvais un peu plus tôt. La pièce dans laquelle s'est rendue Bianca tout à l'heure est en réalité la salle de bain pour « les filles », autrement dit le réseau de prostitution qui s'étale sur plusieurs chambres du rez-de-chaussée, et certaines plus luxueuses aux étages. Les grandes portes vitrées en forme d'arc donnent sur le jardin où se trouvent déjà des filles en train de bronzer sur les transats autour de la piscine. On pourrait presque croire que tout est normal ici, sauf si on descend au sous-sol, où se trouvent les salles de tortures, les cachots, les salles de tirs, les salles d'entraînements pour apprendre à tuer...

Au premier étage se trouvent principalement des chambres pour les membres de la Camorra, le second est réservé pour les personnes qui détiennent plus de pouvoir au sein de la mafia, au troisième se trouve la salle de réunion que je connais déjà bien trop... et d'autres pièces dont j'ignore l'utilité, ça n'a pas d'importance puisque je n'ai pas l'autorisation d'y aller.

J'ai essayé de poser quelques questions sur les activités de la Camorra mais je n'ai eu le droit qu'à de vastes réponses, Bianca m'a expliqué qu'elle n'avait pas le droit de m'en dire trop pour le moment. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a un grand réseau de prostitution qui sert principalement à pouvoir passer des accords et signer des contrats par le biais des filles qui servent d'offrandes. Très misogyne et patriarcale, mais je n'attendais pas mieux de mon paternel... Il y avait aussi le trafic de drogue qui était le principal moyen de revenu de la mafia. Et d'autres choses plus sombres que Bianca refusait de m'expliquer.

- Et toi tu fais quoi dans la mafia ? Osais-je lui demander.

Elle prit un instant avant de me répondre qu'elle fait partie du réseau de prostitution en baissant la tête, elle ne paraît pas gênée mais plutôt désolée, comme si elle était désolée pour elle même. Immédiatement je réalise ma bêtise, qu'est-ce que je peux être gourde... Le rouge qui tinte mes joues fit ricaner Bianca qui détendit l'atmosphère après ma sottise. Elle a l'air gentille, je ne comprends pas comment elle s'est retrouvée ici.

Puis en réfléchissant je me rends compte que je suis ici moi aussi, contre mon gré, bien sûr, mais je suis quand même dans la résidence de la Camorra, l'une des mafia les plus importante de l'Italie.

Peut-être se fait-elle séquestrer elle aussi ? Je n'ose pas poser la question, je n'ai pas envie d'installer une nouvelle gêne.

En explorant le jardin je réalise que la superficie de celui-ci est plus grande que ce que je n'imaginais, l'herbe s'étend sur plusieurs mètres, puis au loin des grands murs encerclent la propriété. Mais il y a un fossé entre ceux-ci les séparant, je ne saurai dire si celui-ci est profond puisque je n'arrive pas à voir d'aussi loin. En me retournant je fus surprise par la prestance que dégageait le château, comment une architecture aussi belle pouvait accueillir des monstres comme eux. Chaque fenêtre est en forme d'arche et donne sur un balcon fait de pierres qui rayonnent au soleil de l'été naissant.