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   — Est-ce que cette thérapie est vraiment nécessaire?

   Hoseok ne dit rien. Il se contenta de sourire. À ses côtés se trouvait une femme. Un joint à la bouche, elle éjecta une fumée à l'odeur puissante dans la pièce, souriant elle aussi devant l'expression de mépris de Yoongi. Elle rit. Virevoltant à travers la pièce, une bouteille d'alcool à la main, elle dansait. Hoseok fixait un gramophone se trouvant sur une étagère. Il crachait un morceau de jazz, à volume léger. Tournant son regard vers Yoongi, il vit la façon dont ce dernier fixait sa dulcinée avec hargne. Elle continuait pourtant à danser, avec une telle joie qui était si naturelle, si sincère, si belle à voir.

   — Tu ne l'aimes pas? demande Hoseok, le visage impassible. Elle nous a été utile pourtant. Elle t'a aidé. C'est grâce à elle qu'on t'a localisé. Elle l'a fait pour gagner la confiance de Namjoon. Je crois bien qu'elle mérite un peu d'estime.
   — J'crois plutôt qu'elle l'a fait pour atteindre ton entrejambe. Regarde-là, il la pointe du doigt. T'es en train de me dire qu'une femme comme elle veut charmer Namjoon?
   Hoseok eut une expression amère.
   — Ne parle pas d'elle comme ça, dit-il. Sa vie possède une valeur pour moi. Ne la salit pas avec ta misanthropie usuelle.
   Soupirant, il reprit son stylo, écrivant un mot sur son calepin.
   — Tu viens d'écrire quoi là?
   — « Méfiance », cite Hoseok, un sourire satisfait aux lèvres.
   —  Des années perdues à l'université pour que tu m'ramènes un seul mot? dit Yoongi, sarcastique.
   — Des années à étudier le cerveau dans le seul but de manipuler des milliers de patients à se soumettre à moi. Tu serais capable de l'faire toi? Yoongi sourit, ses mots l'enivrant étrangement, lui rappelant à qui il parlait. Après un petit instant, il bougea la tête de droite à gauche.
   Hoseok hocha alors son crâne, sortant un document de sa mallette.

   — Voici le diagnostic que ces psychiatres t'ont donné à cet asile. Je vais te le lire. Tu mérites de savoir ce que les gens pensent de toi. Le premier trouble qu'ils t'ont donné est un choc post-traumatique. « Très troublé. Sursaute à chaque bruit. Incapacité à contrôler ses muscles faciaux. Incapacité à comprendre les questions. Yeux vitreux. Corps tremblant ». C'est ça qu'ils ont dit de toi? Tu te rappelles de leur interrogation?
Hoseok retourne lentement ses yeux vers Yoongi.
— Pas du tout.
— Je m'en doutais. Les pertes de mémoire sont nombreuses quand on est traumatisé. Tu le savais sûrement pas, mais t'es resté à l'asile pendant plus d'un mois, lui dit Hoseok, enregistrant l'expression stupéfaite de Yoongi dans son cerveau. Quand t'as repris tes esprits, ils t'ont mis dans une des chambres et t'ont attribué une nouvelle psychiatre, qui ignorait qui tu étais réellement.
Alors que Yoongi allait ouvrir la bouche, Hoseok lui fit signe de se taire, une certaine noirceur dans ses yeux. Fronçant les sourcils, Yoongi comprit directement que ceci n'était pas réellement une thérapie. Il y avait un certain but ultérieur à cette rencontre et peut-être même à la présence de cette femme. Maintenant assise sur un sofa à l'autre bout de pièce, elle avait les jambes croisées, entamant son deuxième joint, les yeux rouges, mais le regard sobre, direct, menaçant même. Elle semblait dépourvue de l'œillade enfantine qu'elle avait arborée depuis ses retrouvailles avec Yoongi. Il l'avait reconnue d'ailleurs.

Il avait vu son visage à l'asile. Pas clairement. Elle s'était apparement infiltrée en tant qu'infirmière, jouant le rôle de mine d'informations pour Namjoon. Lors d'une fraction de seconde, alors que Soojin avait ouvert la porte de sa cellule pour la première fois afin de faire sa connaissance, Yoongi avait vu le visage de cette femme. Ce dernier n'était pas du type qu'on pouvait oublier. Elle était d'une beauté monstrueuse.

— Le deuxième trouble, reprit Hoseok. Une dépression qu'ils ont qualifiée de sévère. « Aucun intérêt envers ce qu'on lui dit. N'arrive pas à s'endormir. Affirme être inutile et avoir failli sa vie. Affirme vouloir mourir », Hoseok rit en lisant ses mots. Tu sais c'est quoi le plus drôle? Ils t'ont prescrit de l'eskétamine. Une fois par semaine. Une dose si grande qu'elle aurait pu te tuer. Ils planifiaient ta mort je crois. Ils voulaient t'enfermer dans l'asile et te rendre fou, te tuer. Tout ça avec des médicaments, lui informe le psychiatre, parlant avec éloquence, en bougeant ses mains de façon théâtrale. Et ils ont mis une ancienne docteure pour s'occuper de toi. En voyant des doses de médicaments qu'elle ne connaissait sûrement pas, elle a pas dû réaliser qu'elles seraient fatales au bout de quelques jours seulement. Et devine qui a réduit ses doses fatales? Devine qui a risqué sa vie pour te sauver? demande Hoseok, de façon si contraignante qu'on aurait dit qu'il attendait une réponse, mais son doigt continuait d'écraser ses lèvres. Il quémandait son silence. Il fixait les murs, la peau de Yoongi, comme si quelqu'un les espionnait.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 09, 2023 ⏰

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𝐕𝐄𝐍𝐃𝐄𝐓𝐓𝐀 | 𝘱.𝘫𝘮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant