Chapitre 12 - Changer d'air

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Les jours qui suivirent n'avaient pas été bons pour Judy, elle avait passé son temps à pleurer et à attendre une éventuelle visite de Gunnar en vain. Ses nuits avaient été agitées et perturbées par des cauchemars, si bien qu'elle avait fini par ne plus dormir du tout.

Un matin, allongé dans son lit après une énième nuit blanche, l'humeur maussade, mais résolut, elle se promit de sortir prendre l'air pour se changer les idées et d'éviter Gunnar au maximum. Elle prit donc des affaires propres, afficha un sourire de façade sur son visage et se rendit à la rivière pour prendre son bain.

Une fois fait, Judy enfila les habits qu'elle avait minutieusement préparés en vue d'une promenade et se mit à la recherche d'Ivar, qu'elle aperçut sur le port, à discuter avec des pêcheurs. Elle se dépêcha de le rejoindre et n'hésita pas à l'interrompre.

- Jarl Ivar, l'interpella-t-elle. Désolée de vous déranger, mais j'ai à vous parler.

- Judy, bonjour ! Ça n'a pas l'air d'aller fort !

Elle leva les yeux au ciel devant la remarque que venait de lui faire Ivar, car elle se doutait qu'il connaissait parfaitement la raison de son humeur maussade étant donné qu'il était comme un frère pour Gunnar et qu'ils se disaient toujours tout ou presque.

Elle choisit alors d'ignorer tout ça et lui demanda d'une voix détachée :

- J'ai besoin d'un cheval, peux-tu me dire où est-ce que je peux en trouver un ?

Ivar fronça les sourcils, cherchant à décrypter la demande de la jeune femme

- Où comptes-tu aller avec un cheval ? Tu ne connais pas le pays au-delà du village.

- Pas dans la mer, pour sûr ! Répondit-elle sarcastique. Et ce sera justement l'occasion pour moi de m'éloigner un peu de cet endroit.

- Ne sois pas insolente Judy ! Rétorqua Ivar, les yeux assombris par la bravade de la jeune femme.

- Alors ? Relança-t-elle, peu impressionnée par le regard autoritaire qu'il posait sur elle.

- Tu trouveras les chevaux dans le grand parc près de chez Eirick, souffla-t-il, exaspérer par le comportement grossier de Judy.

- Très bien, merci !

Puis, elle tourna les talons sans plus de cérémonie avant qu'il ne puisse lui poser d'autres questions. Une fois au parc, elle contempla les chevaux pendant de longues minutes, finit par repérer un magnifique étalon noir qu'elle approcha prudemment. Elle le caressa délicatement et comme il ne semblait par être sauvage, elle grimpa sur son dos et passa sa longue cape noire ainsi que sa sacoche autour de ses épaules avant de se mettre en route.

Elle passa à plein galop aux abords du village pour pouvoir rattraper la côte sans passer par les bois, attirant involontairement l'attention des vikings sur elle.

Quand elle fut assez loin du village, elle fit ralentir l'allure à sa monture et admira le paysage qui défilait sous yeux. Elle avait rejoint une petite route qui sillonnait de magnifiques montagnes qu'elle décida de suivre pour la journée. Seule, en pleine nature, Judy avait enfin l'impression d'être totalement libre et de pouvoir enfin souffler. Elle oublia pour une journée tous les problèmes qu'elle avait au village.

Ici, à cet instant, elle profitait de la beauté d'un pays qui lui était encore presque entièrement inconnu. En y repensant, elle se demanda pourquoi elle n'avait pas pris l'initiative d'explorer les alentours du village alors qu'elle avait toujours été assez curieuse et aventurière. Elle avait l'impression d'être devenue tellement obsédée par son quotidien qu'elle en avait oublié de prendre du temps pour elle seule. Elle marcha à dos de sa monture toute la journée, et quand la nuit tomba, Judy trouva un petit bosquet d'arbres près d'un ruisseau parfait pour se reposer. Elle attacha le magnifique étalon à un arbre assez solide et s'attela à faire un feu. Une fois fait, elle mangea quelques maigres provisions qu'elle avait emmenées et se coucha près du feu, s'endormissent enfin totalement épuisée et apaisée.

Au petit matin, Judy fut réveillée par l'étalon qui ne cessait de s'agiter, elle se leva alors et tenta de le calmer pensant qu'il était simplement impatient d'être détaché jusqu'à ce qu'elle entende des couinements semblables à ceux d'un chiot. Judy s'approcha prudemment de l'endroit d'où semblait provenir les pleurs tout en restant cachée. Elle aperçut soudain le camp de deux hommes qui paraissaient endormis avec en son centre une cage contenant un magnifique louveteau gris aux yeux vert émeraude. Elle s'approcha donc un peu plus sans un bruit et réussit à atteindre la cage qui était malheureusement fermée par un cadenas. Elle regarda autour d'elle, vit un trousseau de clés à la ceinture d'un des hommes, qu'elle n'hésita pas à subtiliser et retourna ouvrir la cage du louveteau. Une fois fait, il s'approcha doucement de la main tendue de Judy et la renifla avant de remuer de la queue comme un chiot heureux. Judy le prit alors contre elle et se redressa pour partir. Elle enjamba délicatement l'homme qui lui barrait le chemin de son corps endormit et se dirigea vers son étalon sur la pointe des pieds tout en regardant derrière elle que les deux hommes ne se soient pas réveillés quand soudain, elle percuta un torse de plein fouet.

Elle tenta de retenir le cri qui menaçait de s'échapper de sa bouche afin de ne pas réveiller les deux autres hommes endormis.

- Je peux savoir ce que tu fais ma jolie ? Demanda une voix grasse masculine.

Judy, tétanisée, serra un peu plus le louveteau dans ses bras et redressa la tête en direction de la personne qu'elle venait de percuter. L'homme en face d'elle avait le crâne rasé, le visage strié de cicatrices roses boursouflées et affichait un obscur sourire qui lui glaça le sang. Elle recula automatiquement avant de prendre la fuite en courant le plus vite possible sous le rire glacial de l'homme qu'elle venait de percuter. Arrivée au camp, elle se retourna et vit l'homme lui courir dessus.

Elle ne prit donc pas le temps de rassembler ses affaires et grimpa avec le louveteau sur son cheval, se lançant à plein galop, mais l'homme qui ne pouvait certes plus la poursuivre, prit un arc et lui décocha une flèche qui vint se planter en plein dans son épaule. Judy laissa échapper un profond gémissement de douleur, mais n'arrêta pas pour autant sa monture, car elle savait que sa seule chance de survie était la fuite.

- Argh ! Aller mon beau, tu dois me ramener à la maison avant que je ne me vide de mon sang.

Ainsi, elle poursuivit péniblement toute la journée le chemin de retour au village à un rythme plus ou moins soutenu. À mesure qu'elle approchait du village et que le soleil baissait dans le ciel, Judy se sentait glisser peu à peu dans l'inconscience, mais s'accrocha pour réussir à atteindre l'entrée du village. Elle avait perdu beaucoup de sang au cours de la journée et n'avait ni mangé ni bu, alors quand elle arriva à proximité de chez Eirick, elle laissa son corps et son esprit se détendre mais tomba de son cheval, épuisée, mais heureuse d'avoir pu arriver ici, le louveteau toujours blottit contre elle.

Éprise d'un VikingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant