Éprise d'un Viking

Chapitre 23 - Bouleversement

Depuis son arrivée, Judy se sentait physiquement de plus en plus mal mais avait mis ça sur le compte du stress et du changement de climat brusque.

Un matin, elle se leva très peu en forme, mais s'enquit tout de même de ses tâches journalières sans se plaindre. Elle alla avec Irène et deux autres sœurs ramasser les derniers légumes du potager avant la tombée des premières neiges. Péniblement, elle se pencha pour cueillir quelques poireaux et quand elle se releva, elle fut prise d'un violent vertige qui la fit tomber avant qu'elle ne s'évanouisse, le corps épuisé sous le regard paniqué des sœurs qui l'accompagnait. Elle se réveilla quelques heures plus tard, dans une pièce qui s'avérait être une infirmerie et lorsqu'elle tourna la tête, elle vit qu'Irène était assise auprès d'elle, en larmes et visiblement très inquiète. Judy lui demanda donc d'une voix faible et pâteuse :

- Irène qu'est-ce qu'il se passe ?

- Mon Dieu ! Judy tu es enfin réveillée. Ne bouge surtout pas, je vais prévenir le médecin et la mère supérieure, lui ordonna-t-elle en saisissant sa main pour la câliner avant de se précipiter hors de la salle. 

Quelques minutes plus tard, un homme visiblement assez âgé entra précipitamment accompagné de la mère supérieure et d'Irène.

- Judy vous êtes réveillée ! S'exclama la mère supérieure un léger sourire rassuré sur le visage. Docteur, nous vous confions notre invitée, prenez en soin et faite votre maximum.

 La mère supérieure ordonna aux sœurs présentes dans la pièce de la laisser seule avec le médecin qui ne tarda pas à l'ausculter avec attention.

- Alors demoiselle, que vous est-il arrivé ?

- Je me suis réveillée un peu patraque ces derniers temps, mais ce matin, j'ai ressenti de violents vertiges avant de m'évanouir et me voici, dit-elle la voix fatiguée. 

Le médecin remarqua immédiatement que la jeune femme était faible et fatiguée.

- Avez-vous eu des nausées ces derniers temps ?

- Oui surtout en fin de journée et au petit matin, mais elles disparaissaient rapidement, répondit-elle sincèrement ne voyant pas où le médecin voulait en venir.

- Et quand avez-vous saigné pour la dernière fois ?

 Judy fronça les sourcils en réfléchissant sérieusement à la question avant de pâlir, ce qui n'échappa pas au médecin qui ausculta alors son ventre avec attention. Sous le choc, elle ne réagissait pas, trop occupée à réfléchir à la date de ses derniers saignements qui remontaient selon elle à au moins quatre mois. Elle se demandait comment elle avait pu ignorer cela aussi facilement. Était-ce du déni ou était-elle trop préoccupée par ses histoires avec Gunnar ?

- Je crains que votre maladie ne soit rien d'autre qu'une grossesse mademoiselle. Je vous conseille de beaucoup vous reposer et de faire très attention à vous, lui dit soudain le médecin de but en blanc en se redressant. 

Judy le remercia, le regard dans le vide et lui demanda de la laisser seule. Le médecin acquiesça et sortit de la pièce rapidement. Elle se rallongea sous les couvertures en se recroquevillant avant de se mettre à pleurer. Elle se sentait terriblement confuse et fatiguée si bien que quand ses sanglots se tarirent et qu'elle sentit Irène s'allonger près d'elle pour la consoler, elle se laissa sombrer à nouveau dans un profond sommeil, emplit de cauchemars.

Le lendemain matin, Judy fut ramenée dans sa chambre avec l'aide d'Irène qui veilla constamment sur elle, respectant scrupuleusement les ordres du médecin disant de la nourrir et de l'hydrater convenablement. La semaine qui précéda son départ, elle se reposa le plus possible, encaissant peu à peu la nouvelle de sa grossesse. À mesure qu'elle en prenait conscience, son ventre poussait. Irène, qui restait à ses côtés s'appliquaient à préparer ses bagages en n'oubliant pas de lui préparer un gros sac de provisions contenant bon nombres de pots de miel et de confiture ainsi qu'un tas d'autres aliments.

- C'est merveilleux Judy, lui dit-elle soudain en relevant la tête des sacs qu'elle préparait. Un enfant est souvent source de joie et d'amour, tu ne devrais pas tant t'inquiéter, tu feras une excellente mère.

- Merci Irène, dit-elle doucement en caressant son petit ventre, j'ai simplement peur que Gunnar me rejette ou qu'il ne veuille pas de cet enfant.

 Irène la regarda avec tendresse et la rassura comme elle pouvait avant d'avoir une idée fabuleuse.

- Judy ! Emmène-moi avec toi ! Aide-moi à m'enfuir d'ici ! Supplia Irène en regardant Judy le visage plein d'espoir. Si je ne pars pas maintenant, je sais que je mourrai ici dans l'ignorance la plus totale du monde. Je ne connaîtrai jamais l'amour d'un homme et je ne pourrai encore moins devenir mère. Ô s'il te plaît Judy, je suis prête à tout pour partir d'ici. 

Judy fit semblant de réfléchir, rendant son amie impatiente puis lui lança joyeusement :

- Avec plaisir ! J'aurai bien besoin de soutien pendant le voyage ! Mais il faut absolument que l'on établisse un plan avant pour que personne ne se rende compte de ta disparition avant que l'on soit sur le drakkar.

- Merci, merci mille fois ! Cria Irène de joie en prenant Judy dans ses bras.

- Tu sais que tu es plutôt douée pour convaincre les gens pas vrai ? Lui dit-elle  en riant devant son enthousiasme soudain. 

Elles passèrent ensuite quelques heures à préparer leur départ et quand les vikings se présentèrent le lendemain soir pour récupérer Judy à l'entrée du couvant, Irène s'habilla avec une robe et une cape qu'avait Judy dans ses bagages et se dirigea près de l'entrée du couvant où elle resta cachée le cœur battant en attendant son amie. Pendant ce temps, elle se rendit dans le bureau de la mère supérieure qu'elle trouva entrain de prier, la mine fatiguée.

- Mère supérieure, pardonnez mon intrusion, mais il est l'heure pour moi de m'en aller.

- Oh ! S'exclama-t-elle en se redressant difficilement, laissez-moi vous raccompagner dans ce cas.

- Non ne vous dérangez pas, les sœurs s'en chargeront pour vous, je vois bien que vous êtes fatiguée !

- C'est gentil ma petite. Je vous souhaite alors plein de bonheur pour la suite ! Prenez soin de vous. Je vous souhaite une belle vie Judy ! Lui dit-elle en venant la prendre rapidement dans ses bras.

- Merci de m'avoir si bien accueillit, dit Judy, culpabilisant soudain du tour qu'elle était en train de monter dans son dos.