Kazutora était assis sur son lit, frémissant, la tête appuyée au mur derrière lui. Yeux clos, il avait les lèvres entrouvertes. La journée difficile qui venait de s'écouler l'avait laissé avec un poids sur le cœur, il avait besoin de se détendre.
Sans même saluer son colocataire Chifuyu, qui l'avait pourtant accueilli d'un sourire sincère, il s'était cloîtré dans sa chambre pour s'adonner à ce qu'il considérait comme son petit moment de plaisir. Le sien, son intimité, que personne ne pouvait lui prendre.
Il expira profondément et déglutit. Son épaule bougeait lentement, en rythme avec le lent va-et-vient qu'exécutait sa main. L'espace d'une seconde, une vive sensation lui fit mordre sa lèvre. Il s'immobilisa, puis poursuivit son geste malgré tout.
Encore un peu. Tiens encore un peu.
Il sentait le liquide commencer à glisser contre sa peau. D'infimes larmes humidifiaient ses yeux fermés. Il essayait de se vider de ses émotions, de ses douleurs, de ses tourments. D'habitude, cela fonctionnait. Là, malgré ses gestes, il continuait de sentir son ventre lui faire mal, de sentir sa gorge se nouer. Non, non, putain. Si même ça ne marchait plus...
Il rouvrit les yeux, renifla. Il cessa ses aller-retours contre sa peau et baissa le regard. Le sang coulait par lentes gouttes de ses coupures. De lassitude, il laissa tomber son petit couteau de cuisine contre sa cuisse. Il contempla fixement son bras gauche.
Quatre coupures récentes luisaient sous la lumière de sa lampe de chevet. À peine entrouvertes. Le sang qui s'en écoulait ne le faisait pas de manière continue, c'étaient de grosses gouttes sombres qui se succédaient avec lenteur. Plusieurs secondes entre chaque.
La vue de Kazutora se brouilla. Il mordit violemment sa lèvre inférieure, qui tremblait.
- Pourquoi... ?
Sa voix n'était qu'un faible filet. Les sanglots retenus brisaient sa tenue.
Pourquoi ne coupait-il plus aussi fort qu'avant ? Pourquoi n'arrivait-il plus à creuser, encore et encore, comme il en avait l'habitude ? Pourquoi n'avait-il que quelques misérables coupures alors qu'il se sentait si brisé ?
Un sanglot s'échappa bruyamment. Il serra les dents, se traita de lamentable faiblard. Il se sentait pourtant de plus en plus mal. Alors comment se faisait-il qu'il ne parvienne plus à se couper aussi profondément, aussi souvent qu'avant ?
- Mais non, merde, tu peux pas me lâcher...
Il savait pertinemment qu'il était ridicule et inutile de parler ainsi à sa propre automutilation. Cependant, il n'en pouvait plus de tout garder pour lui. De toujours taire ses mots, de toujours ignorer ses pensées. Il ne voulait pas perdre son unique capacité de décharger sa peine. Cette simple idée l'angoissait et le faisait paniquer.
Il laissa son couteau de côté et, rabattant rageusement la manche de son sweat-shirt, attira ses jambes contre lui. Il posa son front sur ses genoux et ferma fortement les yeux. Il sentait le sang coller au tissu, s'étaler contre sa peau. Qu'importe. Il se nettoierait plus tard. Peut-être.
Il soupira avec lourdeur, refoulant ses larmes comme il le pouvait. Un long moment passa. Il demeura immobile, en lutte contre lui-même. Passé un certain temps, ses muscles se relâchèrent d'eux-mêmes. Après s'être battu avec son désespoir, un sentiment de vide s'incrustait en lui. Ce même putain de sentiment, ou plutôt de non-sentiment, qui l'habitait après les émotions trop intenses. Comme une fatigue violente. Une lassitude sans fin.
Il relâcha ses jambes, se laissa aller contre la tête de lit. Morne. Il devenait morne et creux. Comme une putain de coquille sans âme. Il n'avait même plus envie de crier, de pleurer, de frapper. Non, plus rien n'avait d'intérêt.
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Lame en peine | Baji x Kazutora // ONE-SHOT angst
FanfictionCe soir, Kazutora se sentait mal. Oh, il se sentait toujours mal, mais cette fois plus que d'autres. Alors, il se faisait du bien en se faisant du mal. Comme toujours. Et ce soir, un invité n'était pas de trop. ____________ /!\ AVERTISSEMENT /!\ : s...