Capitulum 8

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— Ça y est nous sommes bientôt arrivés ! 

Les cris d'excitation des juvéniles m'avaient sorti de ma rêverie. Nous avions marché jusqu'au milieu de la nuit et nous étions déjà arrivés aux portes de la source. 

Nâga avait décidé de faire le moins de chemin possible pour la dernière nuit afin que nous ne soyons pas trop épuisés en rentrant. Le guérisseur avait expliqué que je devais m'acclimater au lieu et aux énergies de l'endroit et que pour cela, je devrais être le plus en forme possible. J'allais indéniablement passer un mauvais moment en arrivant. 

Les juvéniles qui vivaient ici depuis leurs naissances avaient aussi ce besoin de s'accoutumer une nouvelle fois à l'endroit, une fois revenu d'un long voyage. Ils étaient heureux de revenir chez eux, mais j'avais bien senti l'inquiétude qui avait pris peu à peu le dessus. 

D'après ce que j'avais compris, les auras étaient tellement brutes et pures que notre instinct prenait le dessus et, étant trop jeunes, nous aurions du mal à le contrôler. Autant dire que nous serions en permanence agités et excités. La source purifiait aussi les âmes et c'était ce qui serait le plus douloureux pour moi. 

Recevoir autant d'énergies de la part des lieux et des êtres qui y vivaient serait très contraignant et fatigant pour nous. Tous nos sens seraient décuplés et nous serions en permanence à chercher un moyen de nous calmer en demandant à tous de nous prendre sans relâche pour nous fatiguer et avoir la paix un instant. L'instinct des juvéniles n'était que débauche et dynamisme, alors je priais pour que la puissance de la horde nous aide à gérer cela.

Les énergies de la source risquaient aussi de nous brûler en nous purifiant et si elle ne nous acceptait pas, nous risquions d'être rejetés et d'en subir des conséquences assez douloureuses auxquelles je ne voudrais pas penser. 

Jiël'ir m'expliqua aussi que le venin des adultes aidait à réguler ce genre de choses et qu'en attendant que Nâga ne commence à me mordre, ce serait les auras de la horde qui étoufferaient mes ardeurs. 

Ce moment allait être l'un des plus pénible et douloureux pour moi. Brider les instincts d'un juvénile était comme une forme de domination pure et cruelle pour beaucoup de créatures et bien sûr, j'étais dans ce cas. 

Mon corps serait mis à rude épreuve le temps de s'habituer et de comprendre que ce serait pour mon bien. J'étais assez anxieux sur le sujet, mais j'avais confiance envers les démons. Je savais qu'ils ne me feraient pas de mal intentionnellement. 

Les reptiles avaient commencé à nous préparer à notre arrivée et avaient étendu leurs auras au fur et à mesure que l'on approchait de la source. Cela permettait de nous habituer à notre arrivée là-bas. 

Depuis le début de la nuit, Nâga et Arún me gardaient auprès d'eux et faisaient circuler leurs énergies autour de la mienne, tentant de les fusionner ensemble. J'avais grand mal à m'y faire, leur auras étaient plus lourde et d'une chaleur toujours aussi incroyable, c'était presque de la torture d'être à leurs côtés.

Jiël'ir avait finalement décidé de me porter et de réguler avec son aura les énergies des deux démons afin que je puisse mieux le supporter. Je ne sentais qu'une légère différence, mais ce n'était pas rien et je n'allais pas m'en plaindre. 

La chaleur de toute la horde était devenue écrasante et j'étais trempé de sueur. J'avais beaucoup de mal à réfléchir, alors je me laissais complètement aller contre le guérisseur. Les plus jeunes avaient aussi du mal à gérer toutes ces énergies. 

Indra et Qetzíl restaient auprès de Sözelif et Gormïé, et ils n'étaient pas plus en forme que moi. J'avais bien vu qu'ils étaient heureux d'enfin arriver, mais malgré les morsures régulières et les échanges d'énergies, ils avaient beaucoup de mal à ne pas ployer. Ils poussaient à certains moments des gémissements d'inconfort et laissaient les autres démons les prendre en main sans rechigner davantage. 

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