Deal With Devil (en pause)

16.

Confrontation

Des gémissements me forcent à ouvrir les yeux, je grogne de frustration quand je remarque que je suis dans l'incapacité de me rendormir et je me tourne vers l'asticot qui gigote depuis plus d'une demi-heure. Angel balance sa tête d'un côté puis de l'autre, sa peau est immaculée d'une fine pellicule de transpiration et son expression n'est que douleur, crispation. Déjà qu'est-ce qu'il fiche ici ? J'ai pris mes jambes à mon cou quand il s'est couché et je me suis réfugiée dans sa chambre sans un mot. Chambre que je me dois de notifier, était extrêmement bien rangée et propre.

   Peu importe.

   Je le secoue dans le but de le réveiller, rien n'y fait. Il se met à trembler et je me redresse sur mes coudes pour le contempler. Il fait un cauchemar ? Mes yeux s'adaptent à la pénombre et sa silhouette se dessine devant moi, il porte une main à son cœur, pile sur le visage tatoué et halète.

   — Non ! Non !

   Je sursaute quand sa voix explose dans la pièce et je cherche à tâtons sa tête. Je le conserve entre mes paumes et tente de le calmer mais il s'agite davantage, respirant difficilement.

   — Angel... Angel... Réveille-toi, ce n'est qu'un cauchemar... Angel...

   Il pousse un cri désespéré et je me sens perdre des couleurs. Il n'ouvre pas les yeux. Il les garde fermés avec énergie. Et concrètement, il commence à me faire flipper. Je m'assois sur mes genoux et je lui frappe les joues en vain. Il marmonne des phrases incompréhensibles, je me fige quand une perle salée quitte son œil, roulant progressivement sur son visage. Il pleure et ça me serre le cœur. Il semble tellement vulnérable comme ça que ça me donne la nausée, j'ai envie de partager sa peine.

   — Ne pars pas... Non... Reste avec moi... Reste avec...

   Il ne finit pas sa phrase et hurle. J'essaye de me lever pour aller lui chercher de l'eau, lui faire un électrochoc, qu'il sorte de l'Enfer qui le tourmente cependant, il roule et son corps fait barrage, son poids repose sur mes hanches et le haut de mon corps est dégagé, statique contre la tête de lit. Sa puissance m'enserre si fort que j'ai des difficultés à respirer correctement.

   — Angel, tout va bien... Calme-toi...

   Il pose sa tête contre mon flanc, ses sourcils sont froncés et sa bouche est plissée avec tant de confusion et de tristesse. Je me demande qu'est-ce qui peut bien le mettre dans cet état de transe. Mes doigts se mettent alors à jouer avec la longueur plus dense sur le haut de son crâne, les emmêlant et les démêlant, ça doit le réconforter puisqu'il semble se détendre.

   Il murmure un mot mais il se perd contre ma peau, sa voix est si faible qu'il n'atteint pas mes oreilles et je me contente de continuer mon jeu avec ses cheveux. Petit à petit, le rictus crispé sur ses traits fane et sa force perd en vigueur. On toque doucement à la porte et sans attendre de réponse, une chevelure brune apparait dans mon champ de vision. Guadalupe se fige en m'apercevant, son inquiétude transpire dans ses yeux, elle baisse le regard vers mon homme et un sourire attendri se dessine sur ses lèvres.

   — C'est vrai que tu es là maintenant, chuchote-t-elle en se passant une main sur le visage.

   Elle s'avance vers moi, me réchauffe le bras avant d'embrasser ma joue. Ses deux billes marrons glacés me remercient et je hausse les épaules. Je ne pouvais décidemment pas le laisser dans cet état, il avait l'air de suffoquer.

   — Merci...

   — Ça lui arrive souvent ?

   Pour qu'elle vienne en l'entendant, impossible que ce soit la première fois. J'attends sa réponse avec une curiosité incontrôlée, elle reporte son attention vers son beau-frère et opine, l'air contrit.