19. Halte aux portes du Périgord

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Sabine est en pleine forme, j'ai conduit une petite heure, pour lui permettre de faire une sieste, puis elle a repris le relais. Je suis contente d'avoir parcouru près d'une centaine de kilomètres sans coup de fatigue. J'appréhendais un peu le voyage sans Alexandre, ne connaissant pas la capacité de Sabine à conduire sur un si long trajet, mais il faut reconnaître qu'elle se débrouille bien.

— Il va falloir s'arrêter pour la nuit, énonce Sabine.
— J'ai faim, moi ! ajoute Tiago.
— Ça tombe bien, on va dîner, le rassuré-je.
Une pancarte indiquant la direction d'Aubeterre-sur-Dronne apparait sur la route.
— Oh, j'ai vu ce village dans le guide de "Villages étape", ça à l'air beau comme tout.

Voisin du Périgord, le village se situe en contrebas d'Angoulême entre Chalais et Ribérac. Une région fort sympathique pour passer la nuit. Nous poursuivons, en suivant les panneaux indiquant une zone pour les camping-cars. Nous découvrons une aire de services proche d'une base de loisirs en bord de rivière.
— Waouh, regarde maman !

En effet, nous faisons face à une aire de jeux pour enfant, des tables de pique-nique, une étendue d'herbe arborée, et la rivière avec une plage aménagée qui doit trouver un franc succès en période estivale.
— Je peux me baigner, maman ?! S'il-te-plaît !
— Il fait froid, mon amour. Il ne fait que 12 degrés dehors ce soir, ce n'est pas la période pour se baigner, malheureusement. Et la nuit tombe, mais nous pourrons nous promener demain matin, si tu veux.

Tiago se met à bouder.
— Dis-moi, est-ce que tu veux te transformer en glaçon ? lui demande Sabine.
— Bah non, tata.
— Alors, je te conseille d'écouter maman ! Qu'en penses-tu ?
— Bon... D'accord...

La crise de frustration évitée, nous nous installons à l'intérieur pour préparer le dîner. Une casserole de pâte à la crème avec une boîte de thon fera l'affaire.
— Ce repas est le premier dans notre nouvelle maison, dis-je fièrement lorsque nous sommes attablés.
J'observe Sabine et Tiago, reconnaissante de leur présence auprès de moi pour cette belle aventure.
— Bon appétit, tata ! Bon appétit, maman !

Nous dînons dans le calme en discutant de notre première journée. Nous passons une partie de la soirée à jouer aux cartes, de la Bataille au Uno, jusqu'à ce que le sommeil nous gagne. Tiago et moi nous installons dans le petit espace doté du lit double. Sabine se couche dans celui situé au-dessus de la cabine de conduite. Un peu exiguë certes, mais chacun a son intimité.

Le lendemain matin, nous sommes réveillés par le chant des oiseaux et du soleil passant au travers des stores. Les fines particules de poussière flottent doucement dans l'air comme des étoiles scintillantes une nuit de ciel dégagé. J'observe Tiago encore ensommeillé, frotter ses petits yeux gonflés.
— Bonjour, mon amour, tu as bien dormi ?
— Coucou, maman. Oui, j'ai bien dormi, c'était trop bien de faire dodo avec toi.
— Je suis d'accord, viens par-là que je te fasse un énorme câlin !

Tiago saute à califourchon sur moi et m'entoure de ses petits bras encore potelés. J'enfouis mon visage dans son cou et renifle son parfum. Je sens son petit cœur battre vite contre le mien. Je ferme les yeux un instant, je veux que ce câlin dure toujours.
— Allez, viens maman, on se lève !
Mon petit bout-en-train n'est pas de cet avis. Nous nous extrayons du lit.
— Sabine ?

Je la cherche, le tour du propriétaire est rapide, nous sommes seuls. Il est déjà 9h, elle a dû se réveiller tôt pour découvrir les environs. Je fais bouillir du lait et de l'eau pour mon thé dans deux casseroles et je lance la machine à café. J'avale mes cachets avant de retirer la casserole du feu avant que la mousse de lait ne déborde.
— Je veux beaucoup de chocolat, maman.
— Oui, je sais ! C'est justement du chocolat au lait que je te prépare.

Les falaises ocreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant