Chapitre 2_Mortuus mundi

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Le lendemain, lorsqu'elle reprend la route, elle a dans sa cage, non pas une mais deux esclaves. Elle est un peu contrariée, dans la ville où elle va faire escale avant d'arriver à la capitale, posséder des esclaves aussi "fraîche", c'est dangereux, elle souhaite que son repos ne soit pas dérangé.

Elle chantonne puis soudain rit, d'un rire sardonique. Elle se rit de ceux qui la craignent, elle se rit de ceux qui la haïssent, elle se rit du monde qui l'entoure, elle se rit de l'existence, elle se rit de son incapacité, elle se rit des deux tribut qu'elle transporte, du fait qu'elles ne se doutent pas un seul instant du lieu vers lequel elles se dirigent. Elles vont dans la pire ville de l'Empire, une ville de bandits, de mafieux, d'hors-la-loi, une ville qui bien que de l'extérieur semble normale, calme et opulente est bien tout le contraire, elle est dangereuse et magique. C'est sa ville, on l'y craint comme on l'y respecte, c'est une ville que certains qualifie d'hors du temps, c'est Mortuus mundi, un monde à part, un monde mort.

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Lorsqu'elle sort de la forêt dans laquelle elle se trouve depuis bientôt quatre jours, elle voit au loin la ville se dresser sinistrement selon elle mais majestueusement pour les aveugles. Elles n'ont pas rencontré de bandits sur la route, elle n'en rencontre jamais, ils sont de la race de ceux qui sentent et qui reconnaissent le danger.
Elle s'avance avec son chargement sur la grande route impériale, qui n'a d'impériale que le nom. Elle est sale, cabossée et, sur ses bords se tiennent des mendiants, pour la plupart humains. Quand elle s'avance, tous reculent, le silence ce fait, même les nourrissons ne pipent braillements, on entend que le cahos des roues de son chariot. Elle sourit et fait des signes de mains. On lui répond bien plus parce qu'on a peur d'elle que parce qu'on est polis. Personnes n'essayent de la voler, même ceux qui ne la reconnaissent pas sont silencieux, sa seule présence les réduits tous au rangs d'insectes. Pourtant, ce n'est pas à cause d'une aura de peur ou de mort, non, c'est à cause de sa présence si douce, si tendre, si enchanteresse. Doucement elle s'éloigne, elle entend la rumeur des murmures s'élever bien après qu'elle soit partie. On tremble encore de son apparition pour ceux qui la connaissent, les autres tremblent d'adoration. Enfin, elle arrive aux portes de la ville, les soldats en faction sont quatre, trois d'entre eux sont nouveaux. Elle garde toujours son sourire de circonstance, il lui donne l'air d'être enchantée par tout ce qui l'entoure, la moindre tâche de saleté, la moindre personne, même la plus petite crotte pourrait paraître l'intéresser.
Elle passe les portes et le soldat la reconnaît, il s'incline bien bas et force ces collègues déboussolés à faire de même. Enfin, elle arrive dans la ville. Elle prend une grande bouffée d'air comme si l'odeur de cette ville lui avait manqué, comme si ce monde lui avait manqué. Bien que l'extérieur et les abords de la ville soient sales, délabrés et peu attirant, l'intérieur de la ville est tout autre. Les rues sont propres, biens organisées, blanches, elles resplendissent au soleil comme la neige. Les habitants sont tous biens habillés, tous plus élégants les uns que les autres, ils marchent avec prestance et semblent ne pas manquer d'argent. Dans cette ville, l'argent décide de tout. Si tu n'as pas d'argent il y a plus de chance que tu sortes les pieds en premier de l'enceinte de la cité que de survivre, trouver un travail, un logement et de quoi se nourrir. Mais surtout, dans cette ville, l'ancienneté fait tout, le temps, est un facteur important. Ceux qui donnent une mauvaise image disparaissent, c'est pour ça qu'aucun mendiant ne se trouve dans les rues, que tous sont si bien habillés.

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Mortuus mundi est une grande ville commerçante, la seconde plus grande après la capitale. Elle contient toutes les merveilles du monde, on dit que tout objet est passé ou passera par Mortuus mundi, la ville où les morts parlent et dévoilent leurs secrets.

En vérité, la ville est emplie de corruption malgré son apparence propre et nette tel un joyaux taillé. Toutes les routes sont pavés de pierres blanches taillés aux striures d'argents, les bâtiments sont fait de calcaire et de marbres mêlés, striés d'or, agrémentés de pierres précieuses : rubis, saphirs, diamants, émeraudes, améthystes, ambres, opales, grenats. Les bâtiments principaux comme la mairie et certaines villas sont faites en porcelaine. L'opulence règne dans la ville, elle cache le sang, les cris et la peur. C'est une ville illusoire.

Un certain petit bâtiment au sous-sol immense se situe près du centre-ville, dans une ruelle étroite, ceux qui cherchent du travail et de quoi survivre peuvent se rendre là, il y aura toujours de la place. En échange, ils devront dévouer leur vie à leur travail : nettoyeur. Un métier bien payer dans cette ville aux lourds secrets. Mortuus mundi est composé d'environs 97 % de criminels, incarcérés ou non .

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Lorsqu'elle arrive enfin sur la grande place, personnes ne fait réellement attention à elle, tous trop occupé avec leurs affaires. Elle s'installe pile au milieu et commence à installer ça roulotte bien que sa représentation n'aura lieu que demain. Une fois prête, la poussière et la crasse de la route partie, elle prend une petite corne accrochée jusque là en haut à droite de la place du cocher. La corne est très belle, taillée finement, on peut voir un petit sablier parmi tous les ornements qui la décorent, c'est l'emblème de la ville. Elle le porte à ses lèvres et souffle dedans. A partir du moment où les commerçants entendent le son de la corne, ils se figent de terreur et rangent soudainement toutes leurs affaires malgré les protestations des clients. Bien qu'il ne soit pas très puissant, le son se propage dans toute la ville et même au delà. A partir de cet instant, c'est l'effervescence, les auberges ferment, jetant les clients avec tous leurs bagages sans même qu'ils aient eu le temps de manger, les commerces ouvert parfois toute la nuit se ferment hermétiquement et les grandes portes ouvertes et accueillante se referme sur le trésor qu'elles protègent. En quelques heures à peine, la ville bruyante et étincelante est devenue terne et on entend à peine un murmure. Ceux piégé à l'intérieur devront subir le cauchemar.

Les personnes encore dehors rasent les murs en faisant le moins de bruit possible et lancent des regards noirs à quiconque se risquent à produire un éclat de voix, brisant ainsi le silence quasi religieux de la ville. Aux portes de la ville, les voyageurs qui attendaient de pouvoir rentrer se plaignèrent à grands renforts de hurlements et de menaces; des noms connus sortirent mais les gardes semblèrent sourds et insensibles comme la pierre, les portes de la ville ne cillèrent pas.

A un moment, un noble d'un haut statu les menaça et soudain les portes s'ouvrirent, au vu de ce mouvement, les autres regardèrent le noble avec admiration. Cependant, les portes ne s'ouvrirent que pour délivrer les étrangers encore présents dans la ville, ceux qui avaient été attrapé, ceux qui avaient été sauvés. Bien trop abasourdi par ce qu'il venait de ce passer, personne ne réagit avant qu'il ne soit trop tard. Un marchand qui s'impatientait et s'enervait de ce traitement toqua à la porte et un petite fenêtre invisible jusqu'alors s'ouvrit et une paire d'yeux obsidiennes regardèrent l'intrus avec lassitude, peur et colère.

Le marchand, un petit homme rondouillard, demanda, en élevant la voix suffisament fort pour que le silence ce fasse, si certains d'entre eux avaient fait une erreur ce qui auraient porté préjudice à tout le monde. Le garde lui répondit par un grognement avant de refermer la mince fenêtre. Furieux, le petit homme tapa rageusement du pied et l'insulta de tous les noms possibles. Bien que leur curiosité ne fut pas satisfaite, leur rage fut alimenté jusqu'à ce qu'un groupe énorme de bandit leurs passa devant pour entrer dans la ville. De loin, ils effrayèrent les étrangers, mais une fois qu'ils se furent approchés et qu'on les vient tremblants de peur, couverts de sueur et sales, on se moqua d'eux mais leur nombre fit que personne ne les attaqua. Eux aussi toquèrent tout comme ce qu'avait le petit homme tout à l'heure, mais, quand le garde de la porte les vit, il ouvrit les portes en grand. Un homme osa demander à un bandit ce qu'il se passait et le bandit lui répondit avec de la terreur dans le regard :
- Elle...elle...elle est là ! La maire....elle est là ! La semaine de la mort a commencé, sauvez vous tant que vous le pouvez !
Sur ces mots, le bandit suivit le reste de sa troupe et s'engouffra dans l'entrée déjà aux trois quarts fermée.

Le Chant du CygneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant