Serpens Natura

Capitulum 9

J'avais été loin de me douter que les premiers moments que j'allais vivre dès mon arrivée seraient aussi douloureux. J'avais passé tout le restant de la nuit dans les eaux sacrées à hurler de douleur et pleurer toutes les larmes de mon corps dans les bras de Nâga et Arún. 

Ils avaient fait en sorte de m'aider au maximum en me caressant le corps et en me parlant avec tendresse pendant que leurs auras avaient envahi mon espace sans que je ne puisse rien faire. J'étais désorienté et douloureux au possible. Malgré leurs douceurs extrêmes, j'avais énormément souffert et plus ils me touchaient plus mon corps prenait feu. 

J'avais eu l'impression d'être un volcan en pleine éruption que rien ne pouvait contenir. Je sentais les énergies des lieux et de toute la horde me piquer et m'arracher la peau et l'esprit sans rien pouvoir y faire. Je n'avais même pas tenté de changer de plan avec mon esprit. Il était évident que ce serait pire une fois là-bas. 

Je m'étais donc laissé aller entre les bras des deux dominants alors qu'ils essayaient d'étouffer mon aura devenu instable avec la pureté des lieux. 

J'avais grandi dans un monde en proie aux conflits et aux guerres alors même en tant que créature vivant dans un lieu entouré d'une grande harmonie naturelle, si celle-ci était souillée par les énergies des autres, la mienne l'était aussi. 

Les énergies qui vivaient ici en parfaites symbioses voulaient juste me protéger et me purifier de tout le mal que j'avais emmagasiné jusque là. Je n'avais compris leurs intentions que bien plus tard une fois que mon âme fut apaisée par un des esprits vivant dans la source. 

Je ne l'avais pas vu, mais je l'avais entendu vaguement m'expliquer la raison de mes maux et pourquoi je souffrais autant. 

J'avais, par la suite, complètement perdu mes repères. Je n'arrivais plus à réfléchir et savoir pourquoi j'étais ici, ni même qui étaient toutes les personnes autour de moi. J'étais épuisé par tout ce que je venais de vivre, alors je n'avais même pas eu le temps de paniquer avant de sombrer définitivement dans un lourd sommeil.

J'avais repris petit à petit conscience avec grande peine. J'étais incapable d'ouvrir les yeux, mon corps étant trop affaibli. Cependant, j'avais quand même senti à mes côtés Nâga et Jiël'ir. J'étais pelotonné aux creux de leurs bras et le guérisseur me passait sur le corps un baume qui sentait bon le frais et les plantes. Il me réchauffa les muscles et je pus commencer tranquillement à reprendre le contrôle de mon être. 

— Ne bouge pas et garde les yeux fermés sinon tu pourrais faire un autre malaise. Ton corps est encore trop épuisé et tu débordes toujours d'énergie alors tu risques d'avoir les mêmes sensations que si tu avais bu jusqu'au petit matin, me chuchota le guérisseur. 

Il était vrai que même sans ouvrir les yeux, je sentais ma tête tourner. Je préférais donc attendre un peu et profiter de ce moment avec les deux reptiles. 

J'étais tellement mal que je n'arrivais même pas à sentir les auras des autres, j'étais comme anesthésié. Je pus tout de même prendre conscience que nous n'étions plus à la source, mais certainement dans une maison où un habitat du genre. 

J'entendais à ma gauche quelqu'un marcher sur un sol en bois qui craquait légèrement sous ses pas. Je sentais des odeurs de plantes et de savon, signe qu'au moins l'une des personnes de la pièce venait de se laver ainsi que des effluves de nourritures sucrées, ce devait certainement être les juvéniles. Les trois plus jeunes adoraient se goinfrer de baies sucrées à longueur de journée. 

La sensation de malaise persista encore quelque temps, mais je pus assez vite reprendre contenance et profiter des longues étreintes de Nâga avec joie. Jiël'ir était parti depuis un moment vider le venin des jeunes reptiles et je sentais que nous étions maintenant seuls dans la pièce.