Entre destruction, illusion et désarroi, douleur, fragilité et influence, peur, dépendance, fouillis et hypocrisie, on retrouve mon passé. J'ai beau creuser dans ma mémoire, le plus lointain souvenir que j'ai, me concernant, date d'il y a dix ans. J'ai dix-huit ans, et j'avais huit ans quand j'ai pris conscience de l'inhumanité des hommes. Pour moi, hier comme aujourd'hui et aujourd'hui comme demain, l'homme a toujours été et restera le même toute sa vie. Même si j'avais le pouvoir de changer mon passé, je ne le ferai pas. Il y a dix ans, mes parents m'ont inscrit dans un centre aéré, regroupant des enfants de tout âge. Âgée de huit ans à l'époque, j'avais encore toute la vie devant moi. J'étais pure et innocente, et je n'avais rien fait de mal. Du moins, pas à ma connaissance. Mais ils n'ont pas pris compte de cela. Ces gens qui n'avaient que trois ans de plus que moi m'ont harcelée, sans relâche. Je m'étais faite une amie, mais influençable en tout point, elle les a rejoint. J'étais de nouveau seule, face à toutes ces brimades et moqueries qui n'en finissaient pas. Je me revois encore, assise dans la cour, pleurant à chaudes larmes. Les éducateurs n'en avaient rien à faire. "Ce sont des enfants" disaient ils. Donc, parce que nous étions jeunes, ils pouvaient tout se permettre ? Dans ce cas, si j'en avais eu le courage, je les aurai tous tué jusqu'au dernier. Parce que c'est ce qu'ils ont fait de mon âme. Ils l'ont détruite et je parie qu'aujourd'hui, aucun d'eux ne se souvient de mon existence. Parce que, pour eux, je n'étais qu'un objet.
Malgré tout, comme je l'ai dit, je ne changerai mon passé pour rien au monde, même si j'en avais le pouvoir. Parce que, même si mon âme s'est éteinte, je suis restée la même toutes ces années. Ce qui est arrivé serait arrivé dans tous les cas. J'en suis certaine puisque j'ai failli revivre ce harcèlement au collège. J'ai été abandonnée par mes soi disant "amis" et l'une d'eux s'est cachée derrière sa sœur, qui semblait ne pas m'apprécier, bien au contraire. Elle était plus âgée. J'avais peur mais j'ai su garder mon sang froid. Bien qu'au fond de moi, je restais effrayée. C'est pour cette raison que je ne changerai jamais mon passé. Parce que je sais, au plus profond de moi, que tout ça pourrait à nouveau se passer. Et que quand bien même j'effaçais cette période de mon esprit, elle réapparaissait, encore et encore.
Mon histoire commence le 11 février 2005, à 5h40 du matin. J'aurais aimé faire part de la moi petite, mais ce serait mentir sur toute la ligne. Tout ce que je sais, c'est qu'à l'âge de huit ans, j'ai changé. Je me suis endurcie et, en même temps, je me suis renfermée sur moi-même. Alors j'ai fait semblant d'aller bien toute ma vie. J'ai prit conscience de moi-même et, pourtant, je me perçois encore comme une étrangère. J'ai vécu plein de choses qui ont fait que mon esprit s'est vu débordé par un nombre incalculable de pensées sombres et profondes. Je suis ainsi passée par de nombreuses étapes comme l'angoisse, l'anxiété, la paranoïa, le burn-out, la dépression, la schizophrénie et les envies de quitter ce monde.
Alors que j'étais dans un centre aéré, je me suis retrouvée complètement seule. Assise au pied d'un arbre, une fille l'était aussi. Sans la moindre hésitation, je suis allée la voir. Je ne supportais pas de voir quelqu'un seul. Etrangement, je ne me rappelle pas de son visage. Juste qu'elle était gentille. Gentille mais influençable. Un jour à peine après l'avoir "recueillie", des filles plus âgées se sont soudainement intéressées à elle. Je ne sais pas ce qu'elles lui ont dit. Ce qui est sûr, c'est que cela avait suffit pour qu'elle m'abandonne. Puis ces filles m'ont harcelée aux côtés de cette amie que je m'étais faite. Malgré tout, je ne lui en voulais pas. J'étais rassurée qu'elle n'ait pas été victime de ce harcèlement comme j'ai pu l'être.
Je pourrai raconter de plus belles choses, que vous puissiez voir que certains moments m'ont également remplie de bonheur. Mais, j'ai beau chercher encore et encore, je ne vois rien. Je sais, je suis persuadée d'avoir été heureuse par moment. Le coeur ne ment pas. Mais c'est le trou noir. Tout est noir, et je ne parviens pas à trouver de beaux souvenirs. Ma maison est l'endroit où j'ai le plus de souvenirs. Parce qu'en dehors des cours, je ne suis pas souvent sortie de chez moi. Dans cette maison, j'ai ri et pleuré, je me suis ouverte et je me suis cachée et, par dessus tout, j'ai changé. Il y a, cependant, quelque chose qui ne changera jamais. Peu importe ce qu'on m'a fait et ce que l'on me fera, je continuerai d'aimer quiconque. J'aimerai encore et encore, parce que l'amour que j'ai à donner est infini, et que chaque être humain mérite d'être aimé. Sans amour, l'homme est perdu. Alors j'ai aimé et j'aimerai incessamment. Mais comme la plupart, il y a des êtres que j'aime encore plus. Je me suis toujours facilement attachée, mais quand j'aime, je ne fais pas semblant. C'est à ceux que j'aime de voir s'ils choisissent de m'aimer en retour ou de m'abandonner sans difficulté. La dernière personne que j'ai aimée, mais aussi la dernière que j'ai embrassée et qui m'a volé mon premier baiser, se prénomme Baptiste. Il est aussi la dernière personne à m'avoir fait de la peine, en m'ayant fait espérer des choses qui n'ont finalement pas vu le jour. Mais je ne lui en veux pas, et je demanderai toujours à mes amis de ne pas lui en vouloir. Pas simplement parce qu'il m'avait prévenue, mais parce que je n'ai jamais vu quelqu'un avec un aussi gros coeur que lui. Il a un coeur en or rempli de cicatrices, et j'espère vraiment qu'il trouvera celle qui comprendra aussi cela. Tout ce que je veux, c'est qu'il soit heureux. Pour ma part, je pense avoir trouvé celui qui me permettra d'être enfin heureuse. Reste à voir où notre histoire nous mènera, Nathan.
Même si je semble mélancolique en permanence, il y a bien des choses que j'aime. Comme l'odeur de printemps qui s'émane des fleurs de cerisier, ou encore la Suite pour orchestre de Jazz n°2, l'opus 50b du compositeur russe Dmitri Chostakovitch qui me rappelle des souvenirs. Tout comme quand je suis entourée d'arbres dans une forêt, là où je me sens nostalgique, où tous mes sens sont en éveil. C'est également l'endroit où ma mémoire me joue des tours, que je me remémore des choses que j'aimerai oublier. J'ai dit que je n'aimerai pas changer mon passé. Malgré tout, j'aimerai tant oublier certaines choses, les effacer de ma mémoire. Comme ce harcèlement que j'ai subi à mon jeune âge. Comme cette fois où un ami a préféré avoir confiance en une inconnue plutôt qu'en moi, cette fois où j'ai éclaté en sanglots pour la toute première fois au collège. Comme toutes les fois où j'ai fait de la peine à mes amis, alors que je n'en avais pas l'intention. C'est parce que je pense encore à tout ça que j'ai évolué de cette manière. Je ne cesse de culpabiliser, voilà tout.
Je sais bien que mes souvenirs sont là et qu'ils ne disparaîtront jamais. Je sais bien qu'il faut vivre avec ses souvenirs pour avancer, même si ceux-là sont difficiles. Mais j'ai de plus en plus de mal à supporter tous ces souvenirs, qui rongent mon coeur un peu plus chaque jour.
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Céleste et la Fleur du Bonheur [TERMINÉ]
Non-FictionJ'aime les ancolies. Elles sont associées à ce dont j'ai toujours rêvé : L'énergie, la joie, la chaleur. En d'autres termes, cette plante représente ce bonheur auquel j'aspire tant. Qu'est-ce que le bonheur ? Il est subjectif, propre à chacun. Il es...