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Elle devait se l'avouer, Estelle avait honte d'elle. Occupée à astiquer la vaisselle sale de l'évier dans la cuisine, elle était encore plus muette que d'habitude – si seulement c'était possible. La présence de Wesley à ses côtés la tendait à son maximum. Elle avait beau tourner et retourner le problème dans sa tête, elle ne parvenait pas à trouver un moyen de l'aborder avec le principal concerné. Cela faisait des semaines, un mois entier, qu'elle tentait de l'éviter au maximum. À chaque fois qu'elle se retrouvait seule avec lui, elle trouvait un prétexte pour fuir habilement la situation. Mais force était de constater que cette tension pesait sur les épaules de la louve de l'équipe ; elle y pensait tous les soirs avant de s'endormir et se réveillait avec les mêmes souvenirs en tête. Wesley et elle s'étaient embrassés. Bon, il était nécessaire de remettre les choses dans leur contexte pour éviter toute mauvaise interprétation. Un mois plus tôt, l'agent d'Estelle lui avait appris avec joie qu'elle avait décroché le rôle principal d'une romance de Noël. C'était un film à gros budget dont le script avait d'ailleurs beaucoup plu à la Mew Mew lorsqu'elle l'avait lu. Au moment d'accepter le rôle, celui du personnage masculin principal n'avait pas encore été trouvé. Le réalisateur souhaitait recruter la « perle rare » comme il disait. Ainsi, Estelle avait dû attendre une petite semaine avant de découvrir qui l'embrasserait avec passion sous le gui dans une boutique d'antiquités. Et elle n'avait certainement pas prévu de l'apprendre de cette façon ...
— Bravo les filles, c'est du bon travail, les avait félicitées Wesley avec un grand sourire alors que les serveuses avaient assuré une grosse journée au café ce jour-là. Vous pouvez rentrer chez vous, vous avez bien travaillé aujourd'hui. — Pour une fois que ce n'est pas moi qui fais la fermeture, je ne vais certainement pas m'en plaindre ! avait lancé Zoey en s'étirant de bonheur. Désolée, Estelle, mais ça tombe sur toi ce soir. — Je ne le fais qu'une fois pas mois, alors je pense que je vais survivre, avait répondu la violette avec un sourire discret. —J'aurais aimé la faire à ta place, je t'assure, était intervenue Corina en joignant ses mains devant son cœur,mais j'ai une importante répétition ce soir. — Ne t'en fais pas, l'avait-elle rassurée. À demain, les filles ! — Bonne soirée, avait dit Bridget avec un coucou de la main tout en quittant le café. — Salut, salut ! avait joyeusement lâché Kikki en la suivant.
Une fois ses amies parties, Estelle s'était occupée de ses tâches du soir. Il était vrai qu'en raison de son métier d'icône du Japon, elle passait beaucoup moins de temps que ses congénères dans le petit bâtiment rose bonbon. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle ne faisait la fermeture du café qu'une seule fois par mois ; Elliot et Wesley étaient tout de même compréhensifs sur ce point, ce qu'elle appréciait. Après tout, elle n'avait jamais demandé à devenir une super héroïne, elle comme les autres Mew Mew. Mais elle savait très bien que les garçons regrettaient beaucoup de les avoir impliquées malgré elles dans ce projet, et s'ils avaient pu se battre à leur place, la question ne serait même pas posée. Pourtant, si les deux scientifiques n'avaient pas fait appel aux filles, Estelle n'aurait jamais connu ses amies, si précieuses à son cœur à ce jour. Elle avait beau se montrer froide et distante, il était évident qu'elle tenait à elles plus que tout. De retour au nettoyage des derniers meubles, la louve avait poussé un soupir. Il ne lui restait plus que l'inventaire à faire et elle pourrait rentrer chez elle. Entre-temps, le pâtissier du café était redescendu au labo pour rejoindre son associé blond après lui avoir souhaité bon courage. Une fois dans la réserve, la Mew Mew avait vérifié les stocks avec sérieux, cochant les cases sur sa liste. Visiblement, les garçons avaient parfaitement renfloué les stocks. Rien ne manquait, toutes les commandes étaient complètes. L'idole avait poussé un soupir de soulagement. Sa journée était enfin terminée. Elle avait vérifié l'heure sur son téléphone mis en mode avion pendant le service ; vingt-et-une heures trois. Elle n'avait pas fini trop tard, c'était parfait. Elle avait éteint la lumière de la réserve après avoir replacé la liste sur une étagère et avait rejoint les vestiaires. Elle s'était changée rapidement et avait tout fermé derrière elle. Lorsqu'elle avait mit les pieds dehors, une fois sa veste enfilée, elle avait reconnu Wesley sur le chemin. Son visage avait semblé s'illuminer à sa vue et il avait fait quelques pas pour aller à sa rencontre.
