- Mais c'est quoi la différence entre la magie et la sorcellerie ?
D'un air amusé, la jeune femme observe ses deux enfants. Ils ont les yeux regorgeants de curiosité, et tiennent à peine en place. Elle tourne la tête vers la petite fille, qui semble être la plus curieuse.
- La magie vient des dieux primaires, la sorcellerie vient des djinamorias
- Mais c'est quoi la vraie différence ?
Pendant un instant la jeune femme se tu, elle prit le temps de réfléchir à la formulation qu'elle choisirait pour se faire comprendre d'une enfant de 7 ans.
- La magie coule dans notre sang, tout le monde n'a pas la même magie, la magie vient de la nature, c'est toujours en lien avec soit l'eau, soit la terre, soit...
- Même le feu ? s'étonne le garçon
- Oui même le feu
- Mais le plus important c'est que la magie ne peut être utilisée que s'il y a un équilibre, par exemple si tu as la magie de l'eau tu ne peux pas vivre tout le temps sur la terre, si tu as le pouvoir de voir dans d'autres monde, tes yeux ne fonctionnent pas dans celui-ci. Les dieux primaires nous ont créés dans un équilibre, on ne peut rien utiliser sans payer le prix qui va avec.
- Mais les djinamorias ils utilisent la sorcellerie, c'est quoi le prix qu'ils payent ?
- Ils vivent dans un monde isolé, froid, ils n'éprouvent ni la peur ni la joie, seulement la tristesse et le regret. Ils ont été créés pour aider les dieux primaires, ils ne peuvent rien faire d'autres.
- Comme des esclaves ?
- Non, les esclaves naissent libres, pas les djinamorias
- C'est triste, commente le garçon
- Je suis d'accord avec toi, lui répond sa mère en posant sa paume sur sa peau juvénile.
Elle se redresse lourdement et réajuste son pagne coloré d'un geste habile.
- Je vais préparer le tô, il est bientôt l'heure de manger, vous pouvez aller jouer
Sans attendre, les enfants se lèvent, et se mettent à courir vers l'extérieur dans des cris et des rires. La femme se dirige vers une grande marmite, où elle a déjà préparé la poudre de mil et les feuilles de baobab. L'eau dans la marmite est presqu'à ébullition. Elle verse alors petit à petit la poudre de mil, et commence à mélanger avec une grande cuillère en bois. De plus en plus la pâte s'épaissit, et des gouttes de sueurs apparaissent sur le corps brun de la mère. Elle s'essui rapidement le front avec un pan de son pagne et recommence sa tâche difficile. Mais soudain, malgré la chaleur apparente, un frisson glacial glisse sur son échine. Elle relève la tête, mais tout semble normal, elle entend ses enfants rire et jouer non loin de là, le vent souffle, les oiseaux chantent... non, les oiseaux ne chantent plus. Elle reste un peu plus à écouter, malgré la pâte qui risque de bruler. Non, quelque chose ne va pas, l'air est plus lourd, le silence de la nature n'annonce jamais rien de bon. Son cœur se met à battre de plus en plus, elle a un mauvais pressentiment, ce sont des choses qui ne trompent pas. Elle laisse sa tâche et se dirige vers l'extérieur de la case, elle ne se préoccupe plus de bruler la nourriture, quelque chose de plus important mérite son attention. Elle reste dans l'embrasure de la porte et observe ses enfants d'un air préoccupé. Elle regarde autour d'eux, rien, elle pousse son observation plus loin, vers les premiers villages, mais rien non plus. S'il se passait quelque chose, le tam-tam aurait resonné depuis longtemps.
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Djinamori
FantasyDe tout le sang qui coulera, nous ne savons lequel survivra. Mais de tous ces cœurs battant, un seul l'emportera.