Ethan, redoublant et renvoyé de son précédant lycée pour avoir déclenché les détecteurs de fumées à maintes reprises. Impressionnant. Les cheveux bruns, un peu en bataille, je ne parviens pas à le distinguer avec son bonnet sur la tête, qu'il se fait crier d'ôter. Un sweatshirt noir et un jean brut délavé. Il ne tient pas compte de monsieur Richard, maître de ce cours sur le bonheur et bla-bla-bla. Il continue sa route vers moi, tire la chaise libre qui servait à tenir mon sac assis, le glisse par terre et se tasse dessus.
« C'est Ethan, et toi ? »
« Emma, ravie de fai- »
« Pas besoin de me raconter ta vie, je ne serai pas là longtemps » dit-il en marmonnant et expirant si fort qu'il me fit voler la seule feuille que j'avais pour la semaine.
Nous poursuivîmes le cours sans un mot, un regard, un contact. Lui, je l'aimais bien. Il m'inspirait quelque chose, quelque chose comme moi.
Les jours qui suivent, je me suis étonnamment rendue à tous les cours auxquels j'étais inscrite, juste parce qu'il s'y rendait aussi. Nous quittions presque tous les jours à la même heure, à l'exception du vendredi, j'avais allemand. Nous prenons le même chemin pour rentrer, et, au fur et à mesure de semaines passées en classe et d'allers retours jusqu'au lycée, nous nous rejoignions par le chemin pour fumer ensemble sur le trajet. Il ne m'a jamais raccompagné chez moi, et il n'a d'ailleurs jamais sur où j'habitais. Nous ne discutions jamais, pas un mot, juste des moments partagés de silence et de vide intime qui nous reliait.
Il ne connaît rien de moi, tout juste que je m'appelle Emma et que je n'ai pas du tout l'allure du prénom que je suis supposée porter.
Il est tard ce vendredi soir, je me suis décidée à suivre le cours d'allemand alors que je n'y ai pas mis un pied depuis la rentrée. Je passe la porte et aperçois Ethan, adossé contre le mur :« Très rapide pour rassembler tes affaires et t'enfuir » dit-il d'un sourire en coin
« Qu'est-ce que tu fais ici ? tu n'es jamais là à cette heure t'es déjà censé être rentré » répondis-je, sans réponse de sa part. nous partîmes du lycée, sans un mot, comme à notre habitude. Je me sépare de lui sur le chemin, puis sors mon déodorant avec mon chewing-gum menthe extra forte. Je rentre et claque la porte, jette mon sac dans le coin de l'entrée, lâche un geste de la main à papa et maman, puis file dans la salle de bain me doucher.
Je me vois sourire dans le miroir, les fossettes moins ternes que d'habitude, elles sont rosées. Je me regarde et, distingue Ethan dans le reflet, et je souris. Il me plaît. Je tire le robinet de la douche, laisse l'eau couler afin de chauffer. Je déboutonne mon jean et le laisse glisser jusqu'à mes chevilles, puis tente de tier la fermeture éclair de ma blouse. Elle se coince en plein milieu avec un bout de tissu, mais elle est trop peu élastique et bien trop moulante pour que je puisse la retirer comme ça. Je retire le pantalon qui m'obstrue la mobilité de mes pieds, et cours dans ma chambre afin de prendre ma paire de ciseaux. Tant pis, j'en ai d'autres, de vêtements.
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frénésie
Romanceje l'aperçu, assis à m'attendre sur le rebord de ma fenêtre. Nous ne nous connaissions pas, ni d'ailleurs jamais parlé auparavant. Et pourtant cette nuit-là, j'avais l'impression de le connaître depuis toujours. (holà holà, c'était ma toute premièr...