Prologue

298 18 2
                                    


Santa Monica, le 05 août 2020

Je suis en paix, emportée par un sommeil profond et serein. Je suis en paix, endormie dans ma chambre d'adolescente et tout vas bien.
Mes parents étants partis rendre visite à des membre de la famille pour le weekend, Ellie et moi avons eu l'idée d'organiser une petite fête improvisé avec des amis de L'USC, l'Université de Santa Monica. Plus jeune je rêvais d'aller à la découverte du monde dès la fin du lycée. Je voulais étudier et voyager. Avec le temps cette idée s'est tout simplement estomper. J'ai tout ce qu'il me faut à Santa Monica. Ma famille, mes amis, cette ville que j'aime tant. En y repensant, je pense que je n'ai tout simplement pas eu le courage de le faire. Partir toute seul à l'aventure dans un endroit que je ne connais pas. Cette idée me paraissait aussi grisante que terrifiante. Le salon commence à se remplir de nos amis de l'USC. Je remarque Kai assis en retrait sur un canapé du salon le nez plongé dans son téléphone, un casque sur les oreilles. Kai est mon cousin, plus âgé que moi d'un an. Mes parents l'hébergent depuis la perte tragique de Nancy, la petite sœur de ma mère. Un accident de voiture lui à été fatal, Kai s'est retrouvé seul et orphelin du jour au lendemain. Mes parents n'ont pas hésité une seul seconde quant au fait de l'accueillir chez nous. Il est notre famille après tout.
La soirée ne s'est pas éternisée, du moins pas dans la maison, Jeremiah ayant eu la brillante idée de la poursuivre autour d'un feu de camp sur la plage. Arrivé au bord de l'eau, je capte directement son regard. Je sais deja ce qu'il à en tête et essaie de l'en dissuader.
-  Jeremiah, si tu ose faire ça je -
Je n'ai meme pas le temps de finir de prononcer ma menace qu'en une fraction de secondes, je suis projeté sur son épaule. J'essaie de me dégager tant bien que mal de son emprise, en vain. Ma tentative de m'échapper dois sûrement juste me faire ressembler à une sardine en train de gigoter sur son dos. Je n'ai meme pas le temps de retenir ma respiration que je me retrouve submergée dans l'eau . D'un geste désespéré, j'attrape le col de son teeshirt et réussis par je ne sais quel miracle à l'entraîner dans ma chute, avant de me relever en prenant rapidement appuie sur sa tête pour le noyer à son tour. Les heures passent et j'ai eu le temps de sécher.  Je suis avec un petit groupe de personnes en train de discuter autour du feu de camp, un verre à la main, quand mon regard est attiré par Ellie en train de se retenir de vomir. Après quelques verres et marshmallows grillées, elle ne se sent pas bien. Je decide de rentrer avec elle à la maison et l'installe dans la chambre d'amis. La pauvre ne tient tellement pas l'alcool qu'elle à un jour vomis dans mon panier à linge en étant persuadé d'avoir visé les toilettes. Je ne m'en suis rendue compte que le lendemain à cause de l'odeur. Elle avait eu le geste mécanique de mettre une serviette par dessus son vomis dans mes vêtement, imaginant sûrement baisser la cuvette de ce qui était supposé être pour elle à ce moment la les toilettes. Et jusqu'à aujourd'hui, elle n'en garde qu'un vague souvenir et est toujours persuadé d'avoir visé les toilettes.
Il vaudrait mieux qu'elle dorme chez moi pour ce soir. Hors de question qu'elle rentre chez elle dans cet état. Nos parents seraient mis au courants de notre soirée pas si improvisé que ça, bien loin de notre présumé soirée pyjama au calme entre filles. On se feraient trucidées. En me rendant dans la cuisine pour me prendre un verre d'eau, je croise Kai dans le couloir.
-  Hey, je l'interpelle. Tu te serais amusé sur la plage, j'aurais aimée que tu nous accompagne.
Il ne sort jamais. Depuis qu'il est à la maison, il s'enferme dans sa chambre, jour et nuit, en attendant que le temps passe.
-  Ouais, bonne nuit.
Il lève à peine ses yeux noir sans émotion dans ma direction et sans un mot de plus, je le vois s'enfermer à nouveau dans sa chambre.
Je le comprend, la perte de tante Nancy est encore récente de quelques mois seulement et nous le vivons tous très mal. Quand bien même je suis triste, je n'imagine pas la souffrance qu'il doit endurer. J'ai perdu ma tante, lui a perdu sa mère. J'aimerais beaucoup lui venir en aide, mais il est assez difficile à atteindre. Étants petits, je me souviens de nos après-midis à jouer ensemble au park ou nos mères avaient l'habitude de nous emmenées. Pour le moment je n'insiste pas des masses et évite de l'emmerder. J'essaie de respecter au mieux son besoin de solitude.
Je prend une douche et me prepare pour dormir. Je repense à cette soirée sur la plage en me démêlant les cheveux. Et dire que l'été touche bientôt à sa fin. Je voudrais qu'il dure toujours. Pas de cours, passer la journée en maillot de bain, être à la plage de jour comme de nuit, bronzer une limonade fraîche et un livre en mains des heures durants. Les couchées de soleil autour du barbecue dans le jardin, avec vue sur la mer.  J'ai l'impression de vivre un rêve éveillée. J'aime l'été en Californie. Santa Monica est mon petit coin de paradis.
Ma fatigue me rattrape et il est temps que j'aille me coucher moi aussi. Ma fenêtre ouverte laisse passer un léger courant d'air agréable qui vient caresser ma peau. Bercé au son des vagues timides qui s'écrasent sur la plage, elles m'hypnotisent et je finis par m'assoupir.  Je suis en paix, endormie dans mon lit. mais cela ne vas pas durer. J'aurais voulu ne jamais me réveiller. Revivre cette soirée pour l'effacer, effacer ce qu'il m'as fait. Effacer ses mains sur mon corps. Effacer mes cris de supplication. Effacer son regard froid sans émotion, accompagner de cette lueur lubrique qui me brûle la peau. Effacer sa mains qui me bâillonne avec force, me réduisant au silence. Effacer tout ce qui à rendue cette soirée cruellement réelle. Comme une peau marquée par le fer, cette nuit restera graver dans mon esprit, mon corps et mon âme.

Santa Monica, 01 Octobre 2021

Mon moi d'antan n'est plus. Mon paradis à pris feu. « Je suis en paix », je ne l'ai plus jamais été. Je l'appel et l'implore de son retour en vain, cette paix qui jadis m'équilibrais. Ce sentiment de sécurité imperturbable. J'ai beau crier, elle ne m'entend pas. Elle m'abandonne, laissant place à l''insomnie et le tourment qui accompagnent désormais mes nuits. Je suis sur mon lit, enroulée dans mon plaid et je regarde la lune au travers de ma fenêtre. Je la fixe et elle en fait de même, de longues heures durants. Elle renvoie cette lumière froide qui éclaire la nuit sombre et se frappe sur la mer calme que je vois au loin, faisant briller les vagues dans leurs tout petits mouvements. Ces mêmes vagues que j'aimais tant.
Je n'ai jamais parler de cette nuit à personne. Ni à Ellie, et pas même à mes parents. Surtout pas à mes parents. Je ne veux pas en parler, ni même y penser. Jamais. Je me lève de mon lit pour ouvrir ma fenêtre, et m'accoude sur son rebord, le plaid autour de mes épaules, j'observe les reflets de l'aube qui commencent à apparaître. Sans trop savoir pourquoi, je force les muscles de mon visage à sourire.  Au moment où j'ouvrirai la bouche au sujet de cette nuit, elle ne pourras plus jamais disparaître. Je veux disparaître avec elle.
Alors je continue de forcer ce sourire, jour après jour depuis cette nuit là. Rien ne s'est passé. Une nouvelle journée commence, et tout vas bien, je contrôle la situation. De mes mains légèrement tremblantes, je referme la fenêtre de ma chambre et me dirige vers ma salle de bain. Je fait couler l'eau chaude et me déshabille, avant de me placer sous le jet d'eau brûlante. L'eau coule sur mon corps et me brule l'épiderme, mais je ne bouge pas. Je la laisse me bruler, immobile. Je la laisse me faire mal, jusqu'à ce que je ne pense à rien d'autre qu'à cette eau trop chaude qui s'abat sur mon corps. Jusqu'à ce que je n'ai plus que ça en tête. Jusqu'à ce qu'il disparaisse de mon esprit. Jusqu'à ce que je disparaisse, moi aussi.

Au bout du compte, j'ai fini par disparaître. J'ai lâchement pris la fuite en abandonnant cette vie qui m'empoisonnais à petit feu. J'ai perdu le contrôle. L'ai-je réellement jamais eu ? Je ne supportais plus de le voire sous mon toit. De ne jamais pouvoir succomber au sommeille de peur qu'il ne se mette en tête de forcer la porte de ma chambre pour recommencer ce qu'il mas fait. Je ne pouvais plus supporter  d'être constamment sur mes gardes d'être sans cesse menacé, réduite au silence. Ce sentiment d'être prise en chasse sans le moindre répit. Je voulais disparaître, et je l'ai tout simplement fait. J'ai disparu, et plus jamais je n'ai remis les pieds à Santa Monica.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Feb 23, 2023 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

I Have To Survive Smiling Où les histoires vivent. Découvrez maintenant