Tempora 1:Résistez Résistants!

~ Chapitre 1: Une mystérieuse machine ~

Les deux jeunes filles entrèrent dans leur nouvelle chambre en grimaçant :

-Maman! S'écria l'ainée, c'est vraiment notre chambre ça ?

-Oui ma chérie, répondit une femme à la voix fatiguée

-Mais c'est tout petit! Grogna la deuxième, on ne pourra jamais rentrer dedans à deux !

La mère des deux filles ne dit rien, sûrement excédée par les caprices de ses enfants.
Brune, l'aînée de la famille du haut de ses 13 ans, se jeta sur son lit à demi-fait et prit son téléphone. Elle aurait pu être jolie avec ses cheveux châtains et ses yeux bruns si son visage n'était pas enlaidi par une moue de colère, due à la découverte de sa nouvelle habitation.
Sa cadette d'un an, Sibylle lui ressemblait en tout point, jusqu'à la petite moue qui leur déformait pour l'instant le visage, si ce n'était ses yeux d'un beau bleu, les mêmes que son père.

Toutes deux venaient d'aménager dans un petit village perdu dans la forêt d'Orléans, du nom de Seichebrières. A leur plus grand désespoir, les seules choses que l'on pouvait apercevoir près de chez elles étaient des arbres des vaches, des arbres, des granges, des arbres et des étangs (sans oublier des arbres ! ) La maison en elle même était assez jolie, avec ses pierres apparentes, ses volets en bois vert et ses tuiles rouges, mais elle était incroyablement petite : maximum 90 mètres carrés, pour un père, une mère, deux adolescentes addictes aux écrans, une petite soeur hyperactive (du moins du point de vue de ses aînées ), un chat paresseux, un lapin du nom de Pan-Pan et une dizaine de souris ayant élu domiciles dans les combles.
Et tout cela car le père, ayant perdu son travail à Paris, venait de se reconvertir en élagueur ! Autant dire que les deux ex-citadines avaient du mal à s'habituer à leur nouvelle vie.

Si, pour le moment, elles semblaient toutes deux s'être converties en geek professionnel, cela ne dura pas. Quoi qu'on en dise, des ados, faut que ça bouge ! Au bout d'un certain temps, Sybille eut l'air de s'ennuyer sur son téléphone car elle se leva et dit à sa sœur :
-j'vais visiter !

La maison retrouva son silence pendant un moment avant qu'un cri ne troubla sa tranquillité.
La jeune fille entra dans la chambre en hurlant, surexcitée :

-Oh purée! Viens voir! Là-bas dans cette espèce de placard! Y'a un truc, on dirait un ordi mais en vingt fois plus moderne! Comme un truc du futur!

-Non mais calme toi! Grogna sa sœur. Et j'm'appelle Brune, pas Oh purée! Et comment un ordi du futur pourrait-il se retrouver dans ce coin pommé? Ça s'appelle comment déjà ? Saumon cramé?

-Non Seiche brûlée, mais on...

-Seichebrières! SEICHEBRIÈRES ! Scanda leur mère depuis la cuisine..

-On s'en fiche du nom, s'écria Sybille, vient voir, Brune !

Celle-ci suivit sa sœur de mauvaise grâce, jusqu'à un grand placard sur le palier du premier étage ,que Sibylle ouvrit grand. Brune resta bouche bée : devant elle se tenait une sorte d'ordinateur, de la taille d'un gant de toilette, posé sur l'unique étagère de l'armoire. Un petit clavier était à côté, mais aucun fil visible ne reliait les deux appareils. Le tout diffusait une lumière turquoise, qui était chaude et agréable. Un petit texte d'accueil s'afficha sur l'écran :

Bienvenue Brune et Sybille, je vous attendais. Veuillez taper une date antérieure à celle d'aujourd'hui.
Je vous remercie,
Tempora
F, A, S, L, L, T

Chaque lettre avait sa couleur propre : le F en rouge, le A en rose, le S en vert, les L en bleu, foncé puis clair et le T en gris.

-C'est bizarre, on dirait qu'on était attendue! Souffla Brune, il connaît nos prénoms!

-Et ça veut dire quoi ces lettres colorées?

-Je sais pas, mais à priori il faut taper une date...

-On n'a qu'à taper celle d'hier! C'est avant aujourd'hui, donc...

-Mais non, faut taper une date vraiment antérieure ! T'apprend quoi en histoire ?

-Euh...la seconde guerre mondiale !

-Bah voilà, on va taper 10 septembre 1940, c'est bien rond !

Chose dite, chose faite ! Une fois la date tapée, l'ordinateur se mit à luire d'une lumière rouge, puis rose, verte, bleue clair, qui vira au foncé, et enfin grise.
A chaque changement de couleur, les filles s'approchait de l'armoire, comme fascinées par l'étrange ordinateur. Et peu à peu, elles entrèrent dans le placard. Quand la dernière couleur fut passée, Brune et Sybille étaient complètement à l'intérieur. Il eut alors une grande et vive lumière dorée, et les portes se refermèrent. Un son étrange se fit entendre. On aurait dit que deux musiques se superposaient. L'une était douce et grave, un peu comme une berceuse, avec de temps en temps, une note plus haute, presque dramatique. L'autre était saccadée, forte, violente. On aurait pu avoir mal à la tête, à l'écouter trop longtemps.
Bientôt ce fut le silence, puis la porte se rouvrit en grinçant. A l'intérieur, l'ordinateur ne brillait plus, et l'écran était éteint. Mais surtout, les deux filles avaient disparu !