Chapitre 9

2.4K 109 81
                                    

- Sasha -

Lundi 28 février 2022

Cela m'a fait étrange hier : ne voir ni Charles ni Arthur. Ils passaient le dimanche en famille, entre tous leurs voyages ce n'est pas souvent qu'ils en ont l'occasion, et puis avec la reprise qui arrive bientôt cela risque de ne pas pouvoir se reproduire de si tôt.

De mon côté, j'en ai profité pour réellement me plonger dans l'écriture et je dois avouer que je suis plutôt fière de mon avancée. J'ai écrit plus hier que depuis deux mois que je suis ici. Et lorsque je lis le mail de réponse de mon éditeur qui commençait à craindre un syndrome de la page blanche puisque ce n'est pas dans mes habitudes de mettre si longtemps à lui envoyer un jet même parcellaire je réalise qu'il était temps que je m'y mette. Le soulagement transparaît dans chacun de ses mots.

Cette session d'écriture intensive m'a aussi rappelé qu'il était temps que j'organise un peu mieux mon emploi du temps. Je ne peux pas simplement trainer dans mon canapé ou aller arpenter le bord de mer et surtout attendre que Charles ne débarque pour venir donner un sens à mes journées. C'est bien beau d'avoir arrêté les études pour se consacrer à l'écriture : encore faudrait écrire.

Forte de cette résolution et ayant décidée que l'heure était venue de prendre ma vie en main je me dirige vers ma chambre dont je ressors avec un carton que je n'avais pas encore déballé faute de motivation. Carnets, post-it, agenda, crayons multicolores et organisateurs : tout le nécessaire pour perdre du temps à créer une organisation. Toutefois si l'on y réfléchit bien, c'est du temps gagné en réalité.

J'amène tout mon attirail vers l'immense bureau blanc qui trône jusqu'ici désespérément vide dans mon salon, et après avoir lancé une playlist pour me motiver je m'attelle à la tâche. Et si j'avais retardé le moment, il ne me faut pas longtemps pour finir complètement absorbée animée d'une motivation nouvelle.

Les heures défilent tant et si bien que je ne vois pas la journée s'écouler. Ce n'est que lorsque la sonnette de l'appartement me tire de mes occupations que je réalise à quel point la luminosité dehors a baissée. C'est également l'occasion pour moi de prendre conscience du bazar que j'ai mis en essayant de ranger.

En réalité mon bureau est parfaitement rangé, structuré et organisé ce n'est pas le soucis. J'ai des plannings colorés accrochés autour sur les murs, et tout le nécessaire pour écrire, prendre des notes ou retravailler mes textes de réparti sur le meuble qui trône désormais fièrement dans la pièce.

Le problème c'est plutôt le sol de mon salon désormais jonché de feuilles de brouillons, de carnets de notes et de coussins pour plus de confort alors que je me suis lancée dans une nouvelle phase d'écriture. C'est d'ailleurs ce qui doit expliquer que j'ai raté le repas du midi. J'ai souvent tendance à perdre la notion du temps et l'ancrage avec le réel lorsque j'écris. Pour espérer que le lecture s'évade en vous lisant, il faut bien vous évader vous-même en écrivant.

L'évasion est d'ailleurs telle que ce n'est qu'une fois que je me retrouve seule l'air stupide devant le vide en ouvrant la porte de mon apparemment que je réalise que cette sonnerie stridente qui m'a tirée de mes pensées n'est autre que celle de mon téléphone. Et non celle de l'appartement.

Évidement le temps de retrouver ce fichu portable l'appel est manqué. Cependant supposant correctement de l'identité de mon interlocuteur, je ne suis pas surprise d'entendre sonner une seconde fois, preuve de l'opiniâtreté de celui qui cherche à me joindre. C'est donc un sourire flottant sur les lèvres que j'accepte l'appel vidéo en veillant à garder le bazar sur le sol hors de l'angle de la caméra.

« Ah ma chérie ! Tu es donc en vie, résonne la voix de mon père à travers mon téléphone.

- Ah, ah, ah. Hilarant, je réponds d'un ton faussement blasé.

L'Amour en héritage.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant