Chapitre 6 (N)

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– Alors, ma chérie, comment s'est passé ta première semaine ? demande ma mère en mélangeant des tomates dans un saladier.

On est dimanche, soit le jour où ma mère arrive à réunir tous ses enfants chez elle pour manger.

Je récupère les assiettes dans la cuisine, passe par le salon, où Paddy est en train d'insulter son jeu vidéo, et rejoint le jardin.

Tom, mon frère ainé, est en train d'aider notre père avec le barbecue, sûrement le dernier qu'on arrivera à faire cette année, pendant que Sam, Harry et moi, les triplés de la famille, sommes en train de mettre la table.

– Tu t'es fait des amis ? continue ma mère en arrivant.

– Maman, je ne suis plus au collège !

Au collège, je voyais plus de gens que maintenant, relégué au fin fond du palais, où personne ne passe. J'ai bien essayé de parler aux agents qui gardent la porte des appartements privés du Prince, mais aucun ne me répond.

– Et le Prince Leopold alors ? Tu l'as rencontré ? Il est gentil ?

– Elle est son assistante, rétorque Harry, j'espère pour elle qu'elle l'a rencontré.

Oui, je l'ai rencontré. Deux fois. La première, il m'a complètement snobé, et la deuxième, je crois qu'il m'a menacé.

– Oui, je l'ai rencontré.

– Tu le vois souvent ?

À chaque fois qu'il doit me faire parvenir un message, il envoie Anderson qui s'excuse pour le comportement de notre patron.

– Non, mais il est très occupé.

Très occupé à tout sauf à répondre à mes e-mails.

– Occupé, oui, dit Harry.

– À sortir tous les soirs, renchérie Sam.

Que répondre à ça, à part qu'ils ont raison ?

Je reçois tous les jours des journaux pour Son Altesse Royale, journaux où il fait la plupart du temps la couverture, en boite, ou en soirée avec des amis, toujours avec des bouteilles d'alcool à la main.

Un peu comme l'autre jour, quand on s'est croisé dans son bureau.

– Nelly, va décrocher Paddy de son jeu vidéo pour qu'on puisse manger, me demande ma mère.

Je retourne dans le salon où Paddy, quinze ans, est tellement concentré qu'il ne me voit pas arriver.

– À table, Microbe, je lui dis en baissant son casque.

– Putain, Nanerl, j'allais gagner !

– Patrick Maslow, ton langage ! Crie ma mère depuis le jardin.

On rejoint le reste de la famille au moment où mon père pose le plat rempli de viande sur la table.

On commence à manger, dans la joie et la bonne humeur.

Enfin disons qu'on à notre propre définition de ces mots. 

Comme d'habitude, on se chamaille pour qui aura le plus gros steak du plat, et Paddy essaie de négocier pour avoir une bière. Bien sûr, ma mère refuse, et comme on est de bons frères et sœur, on fait du bruit en buvant la nôtre juste pour la voir râler.

Je sens mon téléphone vibrer dans la poche de ma veste. Un numéro inconnu essaie de me joindre.

– Nanerl, pas de téléphone à table, me réprimande ma mère.

– T'es au courant qu'on a plus de dix ans, rétorque Tom.

Le numéro essaie de me joindre une deuxième fois.

The PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant