12- Entre Ombre et Lumière

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     Qui suis-je ? Je me suis posée cette question un nombre incalculable de fois. Si je devais décrire ma vie actuelle en une phrase, je dirais sûrement que la contemplation du monde amène aussi bien les plus beaux que les pires sentiments. J'en suis à un stade où tout est moitié-moitié. Ceci et cela. L'un et l'autre. Je m'explique. Depuis que je suis entrée au lycée, j'ai appris à mieux observer le monde qui m'entoure. Je ne peux m'empêcher de m'imaginer la vie que peuvent avoir les Hommes que je croise. Que je sois dans le bus, au lycée, ou dans la rue. "Cette personne a des enfants ?" "Qu'est-ce qu'il/elle fait ici ?" "Comment il/elle se sent ?" Chaque jour, les mêmes questions. Mais jamais les mêmes personnes. Tout cela peut paraître simple, voire futile pour vous. Mais ça ne l'est pas pour moi. C'est comme si je pouvais absorber les émotions de toutes ces personnes. Je ressens toutes ces énergies au plus profond de mon âme. Elles m'envahissent. Elles résonnent en moi. À l'instant même où mes paupières se ferment, je les vois. Des flux de couleurs qui enveloppent mon coeur, comme pour l'écrouer. Je ne saurais comment décrire avec de simples mots l'étendu de mon ressenti. Tous ces flux mettent de la couleur dans mon coeur. Une source de bonheur ? Mais leurs effluves ne sont qu'une source de malheur. Comme je l'ai dit, j'en suis rendue à une période où il n'y a pas de juste milieu. Tout comme le monde qui m'entoure, je suis à la fois ceci et cela. Prenez deux éléments contraires, puis assemblez les. Je suis faites d'éléments tous aussi contradictoires les uns que les autres. Et cela m'insupporte. En dehors de mes amis, ma famille et mes passions, rien n'a d'importance. Mais je leur fait du mal sans le vouloir. Et je néglige mes passions qui m'ont toujours accompagnée dans les pires moments. 

     Fernand Ouellette a dit "La contemplation est un acte de solitude. L'Homme est seul avec son regard comme il est seul avec son âme". Rien ne pourrait mieux décrire mon histoire. Tout y est dit. Par l'absorption des émotions du monde, j'ai embrassé la solitude. Et je ne peux m'en défaire. Etant quelqu'un de timide, je ne suis pas la meilleure quand il s'agit d'entretenir des rapports sociaux. Mais je sais le cacher. Je sais me montrer sociable. Anxieuse, je reste sur la défensive et me demande en permanence si tout cela n'est qu'un rêve, si mes amis ne sont en réalité que le fruit de mon imagination. Mais personne ne le voit. Je garde le sang froid, alors qu'au fond, je brûle de l'intérieur. Je m'attache à la vie, et à l'homme. Je m'y intéresse énormément. Mais comme la plupart des adolescents, j'ai accès aux réseaux sociaux. Alors je publie, encore et encore. Je me rattache aux normes de la société, alors même que je déteste ça. Casanière, je déteste sortir de chez moi. Pourtant, j'aimerai tant voyager. Qu'est-ce qui m'en empêche ? Tout m'en empêche. Je suis une fille de la nuit. Une fois la nuit tombée, mon masque tombe. Mais mon sourire et mon optimisme habituel ne permettent que très rarement aux autres d'entrevoir mon vrai visage. J'aime le monde. Et sans condition. Pourquoi détester quand on peut se donner le moyen d'aimer ? Je me répète que je n'ai pas besoin d'être aimée pour aimer. Et c'est vrai. Mais j'en ai besoin. J'ai besoin qu'on me montre cet amour. 

     J'ai appris à faire semblant. 

     Si je pouvais, je changerai de prénom. Je ne le ferai pas. Mes parents ont choisi ce prénom, et je ne veux pas qu'ils croient que je le change par aversion pour celui-ci. Après tout, Jade est sûrement le prénom qui me correspond le mieux. J'aurais juste préféré Céleste. Les personnes portant ce prénom ont tendance à être extraverties, à l'aise, sociables, enthousiastes, sûres d'elles, et à aimer les défis et les activités en groupe. En résumé, tout ce que je ne suis pas. Peut-être que si j'étais née sous ce nom, j'aurais été la personne que j'ai toujours rêvé d'être. Puis l'on retrouve mes pseudo. Pour moi, ils ont toujours été le moyen de me dévoiler au monde. Sur Instagram, je me suis appelée Dalgwa Pinun. Je sais qu'il signifiait quelque chose de particulier et de très important pour moi. Et pourtant, aussi étonnant soit-il, je suis bien incapable de me souvenir de sa signification. Aujourd'hui, je n'utilise plus ce nom. Du jour au lendemain, j'ai effacé une partie de ma vie. Plusieurs de mes comptes se trouvent également sous les noms de divers personnages de mes romans. Si ce n'est pour me vanter le mérite de leur création, je fais cela simplement parce que j'adore ces prénoms : Shelby, Silver, Mildred, Wiem et Nova. Cinq prénoms originaux que je ne peux m'empêcher d'aimer. Cinq personnages reflétant chacun une partie de mon âme. 

Céleste et la Fleur du Bonheur [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant