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Elles sont bien noires les pensées des nuits blanches.

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__ « Essaye d'ajuster le virage 8. » Me dit Evander à travers la radio.

Aujourd'hui, c'est le dernier jour d'entraînement avant l'ouverture officielle de la saison Hilton et j'avais terriblement hâte. Je tentais pour la dernière fois de perfectionner au maximum mes courbes et mes rapports. Une nette amélioration était visible et ça en était gratifiant de le savoir.

Le brun, que je considérais comme le plus proche de mes " amis ", si je pouvais les appeler comme tel, m'avait fait une offre que je n'ai pas pu refuser.

Un soir, dans la semaine, quelqu'un s'est mis à tambouriner, encore une fois, ma pauvre porte. Évidemment, j'étais encore seule dans l'appartement, j'ai d'abord pensé à une mauvaise blague. Puis la vision de la boîte en velours m'est revenue, alors j'ai de suite attraper l'arme la plus proche, que je cachais dans mon dos. J'ai enfin, après avoir entendu les cris hystériques d'Evander, soufflé las et reposé le revolver dans le tiroir où je l'avais trouvé.

Il a déboulé dans le salon à la seconde où je lui ai ouvert la porte d'entrée. Il s'est assis dans mon canapé et m'avait regardé comme un enfant sûr de lui, avec sa proposition qui pendait à sa bouche, je la voyais.

__ « Laisse-moi être ton ingénieur de course pour la saison. Je suis passionné et j'ai enfin l'occasion de faire quelque chose de ma vie qui me plaît. » M'avait-il dit avec autant d'incertitude que de détermination.

Le voir si sérieux m'avait fait comme un choque. Cette demande lui tenait terriblement à cœur, il voulait vivre de sa passion, et pour commencer il souhaitait passer par ce que je pouvais lui offrir comme opportunité. Et il n'a pas eu besoin d'argumenter comme il l'avait sans doute prévu pour me convaincre de le prendre avec moi à travers la saison.

Je me souviens lui avoir donné un fin sourire, qui était atrocement sincère et doux, et avoir simplement hoché de la tête pour valider sa proposition.

Moi aussi j'aurais aimé qu'on le fasse pour moi, de m'offrir une opportunité dans la vie pour avancer et évoluer sainement.

Il n'a sans doute jamais autant sauté de partout en si peu de temps, j'avais l'impression de réaliser son rêve de gosse. Ou du moins, de lui ouvrir une porte qui demeurait fermée depuis le début pour monter la première marche jusqu'à son objectif final.

Ça m'avait mis du baume au cœur de pouvoir l'aider, aussi mince soit l'aide. J'en étais ravie.

Mais une chose m'agaçait. Non, ce n'est pas de devoir me le coltiner chaque jour, car finalement j'en avais pris une sorte d'habitude, et il se révélait être de bonne compagnie. Même si l'idée de lui tirer une balle entre les deux yeux me traversait souvent l'esprit lorsqu'il était surexcité et ingérable. Il m'occupait, me divertissait et m'aidait à me débrider avec les autres humains. Il apportait ce rayon de soleil, de chaleur, qu'il me manquait au quotidien.

Il est la douceur qu'il me manque aujourd'hui.

La douceur qu'elle m'apportait, il la remplace et la partage.

Ce qui m'agaçait, c'est de m'adoucir à ce point. Un mois en arrière, j'étais bien plus froide, réservée et fermée à tout ce qu'un humain autre qu'Eden pouvait m'apporter.

Ma sœur jumelle à crée un trou béant en moi lorsqu'elle est partie, et je pensais ne jamais me reconstruire. Je n'avais même jamais pensé à le faire. Je voulais seulement me laisser dépérir au moment propice, sans que personne ne soit là pour le remarquer.

Ce que les morts laissent aux vivantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant