Prologue

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Tess, 9 ans, Chicago

« Non ! Rodolphe, lache la ! »

J'entends ma mère crier sur mon père totalement ivre qui me tient fermement par le cou depuis un long moment, tandis qu'il lui hurle des mots que je ne peine à comprendre. J'ai les oreilles qui bourdonnent tellement fort que je perçois à peine le son de leurs voix et j'oublie peu à peu l'endroit où l'on se trouve. Sa bouche et ses vêtements empestent l'alcool.

Il m'est compliqué de trouver rien qu'un petit souffle pour reprendre ma respiration tandis qu'il resserre ses mains violemment autour de mon cou. Mon visage perd son teint habituel à cause du manque d'oxygène et il amplifie ses gestes: il commence à me frapper au visage de nombreuses fois, sans s'arrêter ni de soucier de mon état.

J'essaye tant bien que mal de le forcer à me lâcher. Je gronde, je le le mord, le griffe, je hurle du peu de force qu'il me reste mais sa seule réaction fut un coup de poing en plein dans mon nez. Mon sang s'écoule sur ses mains lorsqu'il se décide enfin à desserer son emprise pour finalement me lâcher.

Au moment où je retombe brutalement et violemment au sol, je ressens une douleur très vive dans ma tête et je ne peux m'empêcher de laisser couler les larmes que je retiens depuis si longtemps. Ma mère s'empresse de s'approcher de moi pour m'apporter son aide mais avant qu'elle puisse m'atteindre, mon père l'en empêche en l'attirant vers lui par la manche de son chemiser et l'écarte de moi.
J'entends des bruits atroces qui témoignent de la violence de la scène. La tête de ma mère qui heurte de plein fouet la grande armoire, ses cris stridents qui manifestent sa souffrance, ses supplications:
Elle est au bord de l'agonie.
Mon père hurle tant il est enragé.

Les larmes me montent aux yeux en entendant le vacarme qui se crée dans la maison. C'est comme ça tous les soirs: mon père rentre du bar à 5h du matin, complètement ivre. On le contrarie parce qu'on ne fait pas ce qu'il nous demande où parce qu'on lui parle. En conséquence, il nous insulte, nous frappe, nous étrangle jusqu'à ce que l'on regrette notre acte.

Toujours sonnée et choquée de ce qu'il m'ai arrivé, je me relève avec difficulté pour observer la scène. J'aperçois le gabarit de mon père face aux escaliers, qui tient toujours ma mere fermement pour l'empêcher de se sauver. J'entends ses cris de détresse et ses pleurs. Il se met à la frapper et la pousse violemment, lui provoquant un déséquilibre tellement puissant qu'elle chute violemment dans les escaliers. Elle les dévale à une vitesse folle.

Puis d'un coup, plus rien.

Je commence à sangloter, me demandant ce qu'il se passe. Je m'empresse de me rapprocher des escaliers, j'ai peur pour ma mère et soudain, j'aperçois l'horreur: son corps inconscient en bas des escaliers, son visage plein de sang, son corps mutilé et déformé probablement à cause de multiples fractures.
Je dévale les escaliers et m'approche d'elle: je me rends rapidement compte que son cur ne bat plus, qu'elle ne respire plus, qu'elle n'est plus vivante.

Mon père, paniqué, réalisant peu à peu l'acte qu'il vient de faire, s'apprête à s'enfuir pendant que mes sanglots se font de plus en plus nombreux. Il sort de la maison en courant et quelques secondes plus tard, j'entends le bruit de la voiture qui démarre, témoignant de son départ. Je compose alors le numéro des pompiers en pleurant toutes les larmes de mon corps, essayant de réanimer le tout pour le tout ma mère.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 31, 2023 ⏰

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