Il ne put s'empêcher de caresser les cheveux du plus jeune de ses doigts en le voyant déjà profondément endormi sur le lit que lui avait attribué Claude quand ils étaient arrivés chez lui un peu plus tôt. Il y avait un lit et un matelas au sol et, bien qu'Aurélien lui avait dit qu'il pouvait prendre le matelas, il avait insisté pour lui laisser le lit. Il voulait qu'il se sente bien ici. Parce qu'après tout, s'il ne l'était pas, ça ferait foirer tout son plan. Il enleva sa main de ses cheveux pour venir caresser le tissu de son tee-shirt de pyjama et poussa un petit soupir en sentant la texture de ce dernier sous ses doigts. Cette nuit, Aurélien n'aurait aucune raison de l'enlever. Il allait enfin pouvoir passer une nuit paisible. Son regard se posa sur le tee-shirt blanc quelque peu mouillé qu'il avait porté lorsqu'il les avait rejoint dans la piscine et il frôla le tissu de ses doigts avant de l'attraper pour le porter à son visage. Il enfouit ce dernier dans le tee-shirt et il inspira l'odeur qui s'en dégageait, voulant se noyer dedans, avant de sentir ses joues le chauffer. Mais qu'est-ce qu'il faisait, bordel. Si Aurélien le voyait faire ça, il le prendrait pour un psychopathe. Il allait pas bien, vraiment... Il reposa précipitamment le tee-shirt sur la chaise à côté du lit dans lequel dormait Aurélien en pensant à ça et se releva, gardant les yeux rivés sur le plus jeune. Celui-ci le rendait complètement fou. Fou de lui. Alors il se dit qu'il ferait mieux de ralentir s'il ne voulait pas l'effrayer. Mais avant, il fallait qu'il parle à ses amis de son plan. Il se dirigea vers la porte de la chambre et sortit en refermant cette dernière doucement derrière lui, non sans regarder une dernière fois dans la direction d'Aurélien pour s'assurer qu'il dormait toujours. Quand cela fut fait, il rejoignit ses amis dans le salon de Claude et s'assit à côté de ce dernier.
« Alors, elle dort ta princesse ? lui demanda en riant d'ailleurs son ami et il se tourna vers lui, un air confus sur le visage.
— Hein ? Comment tu l'as appelé ?
— Ben le p'tit. T'es tout guimauve avec lui, Guillaume, c'est chou.
— Je crois qu'il a dit ta princesse, dit Ablaye en riant doucement et il haussa les sourcils, étonné, avant de se dire qu'ils parleraient plus tard de ça et qu'il y avait plus urgent.
— Euh, ouais... Il dort déjà. Il est plus petit que nous aussi, il n'a que 14 ans...
— Ouais, mais ça avait pas l'air de le déranger de traîner avec des grands, rit à son tour Matthieu et quand il lui jeta un regard surpris, son ami lui sourit doucement. Il est cool, Aurél, Guillaume. On l'aime bien. J'espère qu'on le reverra souvent.
— Ouais ben... justement... Fait que je vous dise un truc. Que je te demande un truc surtout Claude.
— À moi ? Qu'est-ce que c'est ? Et pourquoi tu dis justement ? Ça le concerne ?
— Oui. Voilà... J'aimerais qu'Aurél reste... chez toi. Qu'il vienne habiter ici.
— Hein ? Mais pourquoi ? lui demanda son ami en écarquillant les yeux de surprise et il sentit Matthieu et Ablaye l'écouter attentivement à leur côté.
— Pourquoi Guillaume ? lui demanda à son tour ce dernier et il soupira, ne sachant pas par où commencer.
— Voilà... Euh... Je me suis rendu compte... qu'on lui faisait du mal là-bas. Nos assistants pour être précis. Ils... Ils vont dans sa chambre le soir et... ils le touchent de manière inappropriée. Ils... abusent de lui... Et faut que ça cesse. »
Un grand silence s'abattit dans le salon quand il dit ça et il se passa une main derrière la nuque, gêné, en voyant l'air de choc absolu sur le visage de ses amis.
« Tu... Tu es sûr de ce que tu avances...? balbutia Matthieu qui avait les yeux écarquillés et il hocha la tête précipitamment. Tu... les as vus faire ?
— Non mais... j'en ai eu des preuves. Et Aurél... ça fait plusieurs fois que je le retrouve nu et en pleurs sous ses draps juste après avoir vu Paul ou Thomas sortir de sa chambre. Juste après. Puis j'ai vu du sang une fois sur ses draps aussi. Et... du sperme sur son tee-shirt de pyjama balancé au sol... bafouilla-t-il, se forçant littéralement à dire cela à ses amis. Je suis sûr que c'était pas le sien. Que c'est un de ces connards qui s'est essuyé sur ses vêtements après... après avoir profité de lui... Après l'avoir violé. »
Ses amis lui lancèrent un regard terrorisé en l'entendant dire ça et il se tourna vers Claude en l'entendant marmonner un buron fleuri. Son ami se prit la tête dans les mains et il le regarda d'un air inquiet en le voyant faire cela :
« C'est pour ça... que j'aimerais qu'il reste avec toi, Claude. Il sera plus en sécurité ici. En plus... t'es vieux sont jamais là, non ?
— Mais qu'est-ce que tu racontes, Guillaume ? Et pourquoi tu parles que de lui ? Où c'est que tu vas aller toi ? Tu vas pas retourner là-bas tout seul, non ?
— Non. Je pensais aller m'installer chez Matthieu un temps. Ou bien chez Ablaye si ça dérange avec tes sœurs, dit-il en se tournant vers son ami. Faut que je fasse une déposition à la police, que je leur raconte tout. Et je veux pas que ça soit Aurél qui le fasse, sinon ils risquent de le ramener là-bas et je ne veux pas risquer ça. Si je reste avec lui, les policiers pourraient le retrouver. Ou bien eux. Je pense qu'il faut qu'on se sépare. Même si je peux venir à son collège pour surveiller que rien ne lui arrive quand il sort des cours ou quoi... Vous comprenez ? »
Ablaye hocha la tête et il vit qu'il avait les larmes aux yeux. Claude à ses côtés l'attira à lui pour lui faire un grand câlin et il poussa un petit cri, surpris :
« Claude !
— Bien sûr que je comprends, mon pote. La priorité, c'est de le mettre à l'abri de ces vautours. Puis de les faire arrêter. Y'a d'autres enfants là-bas. Va savoir s'ils font pareil avec eux. Et Aurél...? Il est au courant de tout ça ?
— Non, je lui ai rien dit. Je lui ai simplement demandé de prendre toutes les affaires auxquelles il tenait le plus avant de partir. Je crois qu'il a pas bien compris pourquoi d'ailleurs. Je lui dirai la vérité demain. Il ne faut pas qu'il retourne là-bas. On lui a fait assez de mal comme ça. »
Il sentit Claude hocher la tête contre la sienne et du coin de l'œil, il vit Matthieu qui était pâle comme un fantôme. Et oui. C'était une horreur sans nom dans laquelle il était tombé. Mais au moins, maintenant, il était là pour en sortir Aurélien.
***
Il poussa un petit gémissement fatigué en sentant quelqu'un se coller à lui pendant qu'il dormait. Ou alors c'était un rêve ? Il ne savait pas bien. Mais ce qu'il savait, c'était que c'était agréable comme sensation. Il n'avait pas peur le moins du monde. Il sentit un bras se glisser sur sa taille pour l'attirer plus encore contre la personne et une seconde plus tard, il sentit un petit baiser atterrir sur son cuir chevelu. Oui, ça devait être un rêve... Alors dans ce cas, il ne voulait plus jamais se réveiller.
Dors, Aurél. T'es en sécurité ici. Avec moi. Plus jamais on ne te fera de mal, tu peux me croire.
Il pensa brièvement à Guillaume en entendant une voix lointaine lui dire cela, le visage du plus grand dansant derrière ses paupières closes, avant qu'il ne retombe dans les limbes du sommeil. Guillaume... Oui, si c'était lui qui lui disait cela, il pouvait le croire. Y avait qu'avec lui qu'il se sentait en sécurité.
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Fiction OrelxGringe - Parle-moi.
FanfictionGuillaume arrive dans une nouvelle famille d'accueil et se sent tout de suite attiré par un des garçons déjà présents. Aurélien le remarque et se demande comment faire pour lui cacher son secret.