K-OS [Commandes Fermées]

54 - Red Lights

HyunJin pencha légèrement la tête sur le côté et un filet de sang coula depuis sa nuque jusque sur son torse, souillant sa peau blanche d'une trace écarlate. La lumière du plafonnier fit briller la gouttelette sur la peau nue, attirant l'attention de l'homme sous le brun. HyunJin sourit, comme un fou, comme un damné. Il ne pouvait être que ça pour se retrouver une nouvelle fois dans cette situation.

Peu importe le temps qui passait, les résolutions qu'il prenait et la motivation qu'il réunissait, il sombrait toujours plus profondément. Pour un baiser, pour une caresse, pour une promesse. Une promesse que Chan ne tiendra pas mais il ne pouvait pas le lui reprocher, HyunJin non plus ne tenait pas ses promesses lorsqu'elles concernaient son amant.

Pour preuve, quelques heures plus tôt à peine ils s'étaient promis de ne plus se blesser mais à présent la main de HyunJin se trouvait sur la gorge de Chan, serrant doucement en souriant. Le roux avait un sourire en coin, provocateur, et ses doigts s'enfonçaient dans les hanches de son cadet au même rythme que HyunJin effectuait une pression sur sa trachée. Les lèvres de Chan étaient purpurines, souillées par le sang de son amant qu'il avait mordu plus tôt. Peut-être que ça avait été dans la cuisine, alors qu'ils faisaient sauvagement l'amour sur le plan de travail, les jambes du brun fermement enroulées autour de la taille de Chan. A moins que ça n'ait été dans le salon, à même le tapis un peu trop rêche qui couvrait le sol miteux de l'appartement, quand ils avaient échangé leurs positions pour la énième fois de la nuit.

HyunJin était fou mais Chan l'était tout autant. Un coup de bassin fit trembler le brun qui resserra sa main sur la gorge de son amant, le dos arqué et la bouche à peine ouverte. Le sexe était bon mais avec Chan ça allait au-delà de ça. Le sexe les connectait comme rien d'autre ne pouvait le faire, ils pouvaient sombrer dans leurs travers et l'autre les accueillait avec plaisir.

HyunJin se pencha pour ravager la bouche de Chan de la sienne. Le goût était indescriptible, la saveur de la tentation et du péché, de la salvation autant que de la descente aux enfers. Elle était ce qu'il préférait au monde et ce qu'il haïssait par-dessus tout. Chan serra la taille fine, ses ongles perforant la peau et soutirant un grognement bas à son amant. Ils ne se quittaient pas des yeux, ils ne le pouvaient pas. Une attraction irrésistible les liait l'un à l'autre, ils ne pouvaient s'en détacher sans avoir l'impression de perdre un bout d'eux-mêmes.

Une folie qui n'avait rien de doux. Elle était acide comme les larmes qui coulaient sur leurs joues pendant leurs disputes ou lorsqu'ils se séparaient. Elle était brûlante, incandescente comme leurs retrouvailles qui ne manquaient jamais de se reproduire. Déchirante comme les ongles de Chan qui lacéraient le dos de HyunJin, étouffante comme les mains de HyunJin autour de la gorge de Chan. Une folie qui s'amplifiait de jour en jour.

Personne d'autre ne semblait les voir mais HyunJin ne voyait que ça. Il ne voyait que ces chaînes qui enserraient son torse, ses jambes, ses bras, son cou. Ces chaînes qui le quittaient pour mieux le rattacher à Chan et les rendre inséparables. Peu importe la distance, ils étaient ramenés l'un vers l'autre.

HyunJin grogna alors que son amant bougeait férocement ses hanches. Son corps avait atteint sa limite depuis bien longtemps. Son sexe autant que son intimité étaient douloureux, il savait que c'était pareil pour Chan. Ils se comprenaient sans parler, se connaissaient par cœur. Mais ils ne pouvaient juste pas s'arrêter, pas alors que leur rupture leur avait briser le cœur et qu'ils avaient besoin de sa retrouver, encore plus fort qu'au premier ou qu'au dernier jour. Alors ils prenaient des pilules pour pousser leurs organismes au-delà de leurs limites, même s'ils avaient mal. Parce qu'ils avaient ce besoin maladif de se lier, de s'aimer et de se détester. Ils avaient besoin de sentir ce poison se répandre en eux.

Les doigts de HyunJin se serrèrent une dernière fois autour de la gorge de Chan alors que l'orgasme faisait trembler son corps comme une feuille. C'était aussi douloureux que libérateur, il n'en pouvait plus mais en voulait encore. Jusqu'à ce que l'aube ne pointe à travers les rideaux fermés ou que les voisins n'appellent la police. Les ongles de Chan se recourbèrent, raclèrent la peau tendre du dos de son amant jusqu'à ses fesses et il sourit fièrement. Ils avaient apposé leur marque l'un sur l'autre, ils s'appartenaient à nouveau. Chan et sa gorge meurtrie, HyunJin et son dos ensanglanté.

HyunJin se laissa tomber sur le lit à côté de son petit-ami. Ils avaient le souffle court, le corps trempé de sueur, mais ils souriaient comme des damnés. Ils se sentaient à nouveau entier alors qu'il venait de prendre une nouvelle bouffée d'air vicié. Le brun tourna la tête, le reste de sa personne trop endolorie pour suivre le mouvement. Il savait déjà que les draps allaient coller à son dos et que s'en détacher serait une horreur mais il n'avait plus de force. Chan se mit vers le flanc et tandis la main vers le visage de son cadet, captivé. HyunJin ferma les yeux et soupira de bonheur. La main du roux sur son visage était une caresse, un peu rude mais ô combien réconfortante. Cette main était l'arme qui le blessait et le bouclier le protégeant.

— Putain, murmura Chan de sa voix chaude, ça devrait être interdit. Je ne devrais pas pouvoir t'aimer autant.

Un sourire en coin releva les commissures des lèvres de HyunJin qui se tortilla pour aller happer celles de Chan. Les doigts de ce dernier glissèrent sur la nuque gracile pour rapprocher encore plus son cadet de lui et réduire la distance les séparant.

— Je pourrais dire la même chose, souffla HyunJin. J'étais déterminé à ne pas revenir en arrière cette fois.

— Je sais.

HyunJin avait été résolu à trouver cette lumière éclatante qui le guiderait sur le bon chemin et lui ferait quitter le chemin pavé des enfers. Ils avaient voulu croire ses amis et suivre leurs conseils mais... à l'instant même où son regard avait croisé celui de Chan dans la rue il avait su qu'il avait de nouveau perdu, qu'ils avaient encore perdu.

Cependant une lueur salvatrice devait être blanche, le guider sur la voie du bonheur mais celle de HyunJin était rouge, elle l'entraînait dans les profondeurs de sa déchéance. HyunJin était le phare écarlate qui dirigeait Chan dans les méandres de leur perte, ils s'entraînaient, s'enchaînaient et plongeaient toujours plus profondément dans leur folie passionnelle, ensemble. Les lumières qui les attiraient mutuellement n'avaient rien de la clarté angélique dont parlaient les livres, elles étaient incarnat comme l'enfer. Le pire étant sans doute qu'ils se plaisaient à y rester.