Séparation forcée

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OS de 8000 mots

Quand Pierre entra dans son studio, il fut heureux de voir qu'il n'était occupé que par Benjamin. Il était installé sur le siège bleu scrollant sur son téléphone.

Visiblement, il n'avait pas remarqué sa présence. Alors, il ferma la porte discrètement avec un petit sourire. Puis il se glissa silencieusement dans son dos pour nicher sa tête dans son cou où il déposa quelques baisers brûlants.

Immédiatement Benjamin se redressa en vitesse comme si le geste de Pierre lui avait fait mal. Ce dernier fut étonné de sa réaction. Lui qui voulait seulement profiter d'un moment de tendresse alors qu'ils étaient enfin seuls.

"Pierre ! S'exclama-t-il en chuchotant. T'es fou. Et si quelqu'un nous voyait."

Pierre soupira se retenant presque de lever les yeux au ciel.

"Tu t'en fais pour rien. Tout le monde est occupé. Puis la porte est fermée, expliqua-t-il ne masquant pas son air blasé."

Benjamin se leva. Il paraissait vraiment préoccupé par le geste de Pierre. Le blond comprit que la conversation qui allait suivre n'allait pas lui plaire.

"Tu sais comment c'est ici. On a aucune intimité. Tout le monde entre toujours sans toquer.

- Ben, t'exagères vraiment."

Souhaitait arrêter cet échange si déplaisant, Pierre s'éloigna du fauteuil et commença à ranger le matériel de tournage présent sur la table. C'était pour clore la discussion mais aussi pour se donner une contenance et cacher son agacement. Lui qui pensait profiter de la présence de son petit-ami, il avait fallu que ce dernier se comporte encore comme un rabat-joie.

"Pierre, je suis sérieux, insista Benjamin en l'attrapant par le bras."

Pour lui faire plaisir, Pierre se tourna vers lui armé d'un faux sourire. Il savait bien que ça ne servait à rien de s'enfoncer dans cette conversation qui n'aurait pas une fin satisfaisante particulièrement pour lui.

"Oui Ben je sais. J'ai compris, rétorqua-t-il en appuyant chaque syllabe pour montrer qu'il voulait passer à autre chose."

Mais apparemment Benjamin ne voulait pas en rester là.

"Des fois je me dis que non."

S'il avait été honnête, il aurait hurlé que non il n'avait pas compris pourquoi il tenait tant à ce qu'ils continuent de se cacher comme un couple illégitime. Mais il ne voulait pas provoquer une dispute. Il n'en avait ni la force ni le courage. Alors encore une fois, il se plia aux exigences de l'homme qu'il aimait.

"Si je t'assure. J'avais juste envie de t'embrasser. Pas la peine d'en faire une affaire d'état."

Mais sa voix partit légèrement dans les aigus sans qu'il ne la contrôle. Lui qui ne voulait pas laisser transparaître son agacement, c'était raté. Avec un ton comme ça, n'importe qui aurait interprété le fond de sa pensée.

"Si Pierre, j'en fais une affaire d'état. Car tu fais tout le temps ça."

Cette fois les traits de Pierre se durcirent. Il n'avait plus envie de se contenir et d'empêcher cette discussion de dégénérer. Il trouvait ça injuste de se retrouver accusé des pires maux de la terre qu'il avait juste voulu embrasser son petit-ami. Il n'avait commis aucun crime. Pourquoi Benjamin était-il toujours si excessif ?

"Tout le temps quoi ? Demanda-t-il sèchement en toisant Benjamin."

Benjamin lâcha un râle de désespoir. Et Pierre vit presque rouge.

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