Chapitre 1

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À peine elle ouvrit la porte qu'une petite tête blonde fonça sur ses jambes. La jeune femme baissa la tête pour voir une petite créature lui sourire de toutes ses dents, très heureux de la voir.

— Quelle boule d'énergie, gloussa-t-elle.

Elle retira son chapeau qu'elle mit sur le porte-manteau et elle prit l'enfant dans ses bras qui n'attendait que son attention. Elle lui fit la bise sur ses deux joues potelées.

— Maman est dans la cuisine.

Elle le remercia et alla saluer son amie. Cette dernière était trop concentrée sur sa tarte aux pommes qu'elle ne remarquait pas son invitée. La brune lui pinça les côtes pour la surprendre et rigola sans élégance quand son amie sursauta en hurlant. L'hôte de la maison fusillait son invitée d'un regard meurtrier mais cela n'empêchait pas la brune de rire. Elle ne se lasserait jamais des réactions de sa très chère amie.

— Je t'avais complètement oublié, souffla la plus jeune.

— C'est trop gentille de ta part, Bethy. Heureusement que ton fils, lui, ne m'a pas oublié, dit-elle sur un ton sarcastique.

La dite Bethy roula des yeux. Que des conneries qui sortaient de sa bouche. Elle mit sa tarte aux pommes dans le four et partit faire une tasse de thé à sa chère invitée.

— Tiens, la grande brune posa une enveloppe sur la table. Pour la pension alimentaire.

La blonde regarda l'enveloppe d'un mauvais œil. Si son regard pouvait détruire... Elle ne prit pas la peine de regarder son contenu qu'elle le jeta dans un tiroir où sont rangées les précédentes enveloppes.

— Je t'ai dit que je ne voulais rien de sa part.

— Il n'a rien voulu entendre, elle haussa des épaules. Je me sentais obligée d'accepter ou il ne me laissera pas tranquille.

— Tu es déjà beaucoup trop gentille de prendre de ses nouvelles, Bethy claqua la langue, pas très enthousiasme.

— Je le fais surtout pour son frère. Il s'inquiète sans cesse pour son frangin mais il est trop fier pour le montrer, cet imbécile.

— Ma pauvre Erin, se moqua son amie.

Erin lui donna un coup d'épaule. Elles se lancèrent un regard et rigolèrent ensemble. L'enfant les regarda sans comprendre en mangeant son biscuit. C'est ce genre d'après-midi qu'Erin adorait. Ces moments passés avec son amie d'enfance et Liam, le petit bambin de Bethany, elle les chérissait chaque instant de la journée.

Elle se détendit pour la première fois depuis longtemps. Être l'héritière de la famille Thomas n'était pas de tout repos. Elle devait se préparer à prendre la place de son père s'il venait à rendre un jour l'âme, chose qu'elle ne souhaitait pas. Mais la vie était ainsi, nous vivons pour un jour mourir. Les journées à se comporter comme une futur comtesse étaient les plus épuisantes. Porter un masque de bonne fille et un comportement digne de ce titre, lui prenait tout son énergie. Seuls les moments où elle pouvait être elle-même étaient avec Bethy et son père. Elle avait besoin d'un moment de répit, elle demandera à son père pour quelques jours de repos, en rentrant.

— Qu'en est-il de toi, ma chère?

— Moi? Il n'y a rien à dire, Erin ne voyait pas où son amie voulait en venir.

— N'as-tu pas d'homme en ce moment, dans ta vie?

— Quoi, s'étouffa la brune. Mais que me racontes-tu? Penses-tu que j'ai réellement le temps pour ces êtres qui réfléchissent qu'avec leur sexe au lieu du cerveau?

— HAHA, Bethy rigola à gorge déployée. C'est bien ma meilleure amie!

Erin et Bethany se connaissaient depuis la plus tendre enfance. Bien que Bethany venait de la classe moyenne, la famille d'Erin ne l'empêchait jamais de se lier d'amitié avec elle. Pour eux, tout le monde était égaux. On disait toujours à Erin de traiter les Hommes sur le même piédestal, qu'il n'y avait pas de classe différente qui devrait exister, que nous étions tous nés de la même race, alors pourquoi les riches et les pauvres ne pouvaient pas se côtoyer? C'était absurde. C'était sûrement pour cela que plusieurs familles nobles ne les appréciaient pas et crachaient sur leur nom, mais les Thomas étaient des personnes justes et fières alors ces critiques leur sont indifférents. De plus, Erin n'aimait pas entrer dans les codes de la noblesse ce qui lui fallut encore plus de remarques. Elle le faisait de temps en temps pour rendre fière son père, celui-ci se moquait souvent d'elle quand elle le faisait mais il savait qu'elle faisait des efforts pour donner une bonne image à leur famille.

— Tant que j'y pense, je t'invite à une soirée chez moi, annonça-t-elle d'un ton las.

— Quand?

— La semaine prochaine. Mon père veut célébrer sa collaboration avec un comte dont je ne sais plus le nom, elle haussa des épaules. Je t'enverrai un télégramme pour te préciser la date.

— Je me réjouis déjà d'envoyer Liam chez son bon à rien de père, dit Bethy agacée.

— Tu pourras emmener Liam avec toi, si tu veux. Je ne vois pas d'inconvénient à cela.

— Oh oui, s'exclama le petit Liam. Dis oui, maman!

— T'as gagné, mon chéri.

— Ouais! Est-ce qu'il y aura le monsieur poker face, demanda-t-il innocemment à Erin.

— T'inquiète, il est toujours invité, pouffa-t-elle. Elle ressortira ce surnom à son ami.

— Rassure moi, Bethy lui lança un regard paniqué, l'autre bon à rien ne sera pas là, si?

— T'as pas à t'en faire, la belle brune la rassura, il vient jamais à ce genre de soirée.

La relation entre Bethany et son ex-conjoint n'était pas parfaite, cela enchaînait disputes sur disputes c'était pourquoi ils avaient tous deux rompu. À présent, Erin faisait la pigeonne voyageuse pour ces deux-là, elle méritait un salaire pour ce dur travail. Ses deux amis étaient beaucoup trop têtus et avaient une fierté immense pour se parler, ils s'étaient bien retrouvés. La brune en voyait de toutes les couleurs avec eux, c'était sûr qu'elle ne s'ennuyait pas. Heureusement que Liam était là pour apaiser la tension. Son amie était beaucoup plus calme depuis qu'elle avait mit au monde son fils. Comme n'importe quel parent, Bethy pourrait donner sa vie pour Liam, il était tout ce qui était cher à ses yeux, elle pourrait tuer pour son bébé.

Toute l'après-midi se passa ainsi. Le soleil commençait à se coucher, Erin devait rentrer. Elle quitta son ami et son filleul, et rejoignit son majordome qui l'attendait à l'extérieur. Majordome qu'elle considérait plus comme un ami, un confident qu'un serviteur. Il avait toujours prit soin d'elle depuis toute petite lorsque que son père s'absentait.

— Bonsoir Mademoiselle, s'inclina-t-il légèrement.

— Bonsoir, Harry!

— Votre journée s'est-elle bien passée?

— À merveille, merci, elle lui sourit en montant dans le fiacre.

Elle regardait le paysage défilé à travers la fenêtre. C'était l'été alors la journée se terminait bien lentement. La jeune femme avait hâte d'être en hiver, elle n'aimait pas la chaleur. Elle adorait sentir la fraîcheur hivernale attaquée sa peau, attraper la neige entre ses mains, l'odeur de cannelle sur les biscuits avec un bon chocolat chaud, se couvrir d'une bonne et épaisse couverture devant la cheminée et surtout, l'ambiance de Noël. Oui, elle avait hâte.

— Comment se porte mon père?

— Très bien, bien que son travail l'épuise. Il vous attend pour le dîner.

— Il aurait dû manger sans moi, il se fait tard.

— Vous le connaissez, il préfère manger avec sa fille.

Erin sourit. Elle l'aimait, son père. Il était son seul parent qui lui restait, elle ne pouvait pas s'imaginer le perdre un jour. Son père était son modèle et son pilier dans sa vie.

— J'ai hâte de rentrer à la maison et de manger un de tes bons plats, Harry.

Artificial LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant