À l'autre bout du fil

Chapitre 18

Les nuages s'accumulaient prêts à pleurer pour nettoyer le sang de ceux se battant pour défendre leur village. Le sol s'asséchait n'attendant que les larmes des orphelins pour l'assouvir de cette déshydratation infernale. Les rues étaient désertes emplies de pièges fataux. Les derniers civils se faisaient évacuer par la seule route encore sécuritaire. Dans quelques instants, la trappe se refermerait sur eux et Sakura décorerait cette terre et ces bâtiments de papiers invisibles.

Au loin, des chakras se rapprochaient à toute vitesse.

—

Shikamaru et Sakura balançaient doucement leurs pieds dans le vide, assis sur le mur de Konoha. L'horizon s'étendait devant eux. S'ils tendaient l'oreille, ils pouvaient entendre les pas maladroits et bruyants de chuunins ennemis. Dans deux minutes, les troupes arriveraient à l'entrée nord. Dans deux minutes, cet horizon si tranquille se transformerait en explosion de sang. Dans deux minutes, ils ne seraient que deux pions jouant avec les pièces ennemies. Ils avaient fait de cette guerre une partie d'échecs.

Ils étaient seuls. Les ninjas les plus proches étaient à deux kilomètres. Il n'y avait que deux fins à leur combat. Shikamaru était réaliste. Il savait qu'ils finiraient probablement ensevelis sous la terre, leurs victimes comme seuls compagnons. Il aspira une dernière bouffée de tabac. Des formes se dessinaient. Le ninja se leva avec fatigue en positionnant ses mains.

-Jouons une partie de Shogi après.

Sakura le regarda un instant. Elle n'était pas stupide. Elle savait aussi qu'ils y passeraient. Ironiquement, Sakura mourait aux côtés de cette personne qu'elle avait évitée toute sa vie. Elle entendrait ce battement de cœur pour lequel elle s'était battue, s'était saignée, s'arrêter.

-Sûr.

Aucun des deux n'y croyait. Des cris résonnèrent. Shikamaru écrasa sa cigarette, soupirant. Sakura lança des parachutes. Les hurlements s'amplifièrent.

De l'acide plut des parachutes sur les ninjas d'Oto. Les ombres du garçon se faufilèrent, profitant des ombres des parachutes. Au milieu des cris, le ninja perçut quand même le son visqueux de son filament d'ombre s'enfonçant dans la chair humaine. Des kunais filaient vers les troupes. Ces dernières s'effondraient telles des mouches, certaines de l'acide et kunais, d'autres de ses ombres. Le sang se mélangeait à la chair fumante, les visages fondus aux torses transpercés.

Sakura forma un signe. Elle abaissa son masque à gaz dissimulé sous la couverture d'un ANBU. Des ennemis portèrent soudainement leurs mains à leur cou. Elle sourit légèrement en sautant de son piédestal.

Des kunais sifflaient près des oreilles du garçon. Il soupira et sauta à la suite de la kunoichi enfilant un masque similaire à celui de la fille.

Les pieds de Sakura s'enfonçaient dans le sang et la chair. Du liquide carmin s'écoulait doucement le long de son bras. Un kunai était planté dans son bicep. Ce ne l'empêcha pas de donner un coup de poing dans le sol quand une dizaine de ninjas vinrent vers elle. Le sol trembla. Les corps se secouèrent. Des morceaux de terre s'envolèrent. Des bras, des têtes furent expulsés. Au milieu de cette pluie macabre, encore une ombre meurtrière.

Ses poings filaient, détruisant toute chair touchée. Ses jointures étaient ensanglantées. La transpiration se mélangeait au sang coagulé l'imprégnant. Les os craquaient. Les cris hantaient ses oreilles protégées de bouchons. Ses jambes tournaient et retournaient des corps encore chauds.

Cinq ninjas se dirigeaient vers sa coéquipière. Il lança un kunaï vers la taille de la fille. Une bombe gazeuse explosa à l'impact. La toxine s'éleva dans l'air. Les cinq attaquants s'effondrèrent. Cinq couteaux s'enfoncèrent dans leur gorge. Un liquide écarlate ruissela.