Je reviens avec l'enveloppe dans le salon. Il est toujours en train de chialer. A-t-il une once de remords pour tout le mal qu'il a fait subir à ces jeunes filles ? A-t-il éprouvé ne serait-ce qu'un soupçon de compassion lorsque ces jeunes filles ont versé des larmes après avoir été victimes de ses assauts ? Je connais déjà la réponse. Je sais que les types comme lui n'ont aucun apitoiement pour leurs victimes. En regardant les visages sur les photos, mon cœur se serre. Elles semblent tellement effrayées par ce qu'elles vivent. Il leur a volé leur innocence, les a abîmées pour son petit plaisir personnel et s'est servi d'elles comme des jouets pour ses mains répugnantes.
Comme moi entre les leurs.
Ils venaient me chercher quand ils avaient besoin d'assouvir un besoin, me transformant ainsi en poupée de chiffon. Je me suis toujours demandée d'où leur venait cette cruauté. Pourquoi sont-ils devenus de tels tortionnaires lorsqu'ils se sont retrouvés seuls avec moi ? Ils nous ont élevés, mon frère et moi, dès le décès de notre mère. C'était le 10 décembre 1993. Ils sont arrivés quelque temps après, le jour de la sépulture. J'avais dix-neuf mois, mon frère tout juste deux mois.
Les premières années auprès d'eux se sont bien passées. Je crois même pouvoir dire que nous étions heureux. Enfin de ce dont je peux me souvenir. Jusqu'à ce beau matin de mes huit ans. Je m'en souviens comme si c'était hier. Mon père est entré avec fracas dans ma chambre. Prenant un sac et glissant quelques affaires à l'intérieur, sans jamais me regarder. Il a ensuite appelé Luisa et Riccardo, leur a ordonné de m'emmener loin de lui, ne voulant plus me voir. Je pleurais, ne comprenant pas ce que j'avais fait pour mériter cette punition.
Dans le couloir, tiré par Riccardo, j'implorais mon père de me garder. Luca est sorti de sa chambre, intrigué par ce qui se passait. Je revois ces beaux yeux bleus me supplier de rester. J'entends encore sa petite voix me dire de ne pas partir, de ne pas l'abandonner. Et celle plus violente de mon père, lui imposant de se taire et de m'oublier. Puis son dernier regard vers moi, pour me balancer les dernières paroles qu'il avait à me dire.
Je n'ai jamais eu de réponse de Luisa ou Riccardo. Ils étaient bien trop contents d'avoir un jouet pour leur perversion, pour se demander pourquoi leur frère leur avait confié leur fille aînée. J'ai fini par concevoir que mon père ne voulait juste plus de sa fille. Qu'il avait renoncé à moi pour une ressemblance physique. Mais je garde dans un coin mes questions. Car le jour où Valentina sera devant lui, tel un fantôme surgi de son passé, je lui exigerai de m'expliquer son geste. Peut-être même que je lui ferai croire que je lui pardonne ?
Un rire s'échappe de ma gorge, me surprenant moi-même.
Je secoue la tête pour chasser ces souvenirs et revenir à l'instant présent. Je retrouve le pervers qui pleure toujours sur la table. Non, on ne peut avoir aucune pitié pour ces êtres pervertis. Comme je n'en ai eu aucune en tuant satan et son suppôt.
Je m'approche de la table et tire une chaise, m'assois dessus à califourchon et pose mes avant-bras sur le dossier. Je fais glisser les photos sur le plateau en bois, devant son regard perdu. Il y en a des dizaines : ça m'écœure. Des filles plus ou moins jeunes, mais toutes mineures avec ce même regard rempli de peur, d'angoisse, de douleur. Et je ressens tellement ce qu'elles ont vécu. Les mêmes émotions sont restées ancrées en moi si longtemps.
Mais j'ai grandi, et je me suis endurcie. Désormais c'est moi qu'ils craignent. Tous, autant qu'ils sont, ils ont pleuré et imploré ma clémence avant que leur dernier souffle ne s'enfuit de leur corps. Ils n'ont jamais pensé que je pourrai les tuer. Il faut dire que pour ces pervers, adepte du plaisir sur de jeunes personnes, se faire attraper par une femme de mon gabarit devaient les surprendre. Je parais frêle au premier coup d'œil, mais l'entraînement que je m'inflige depuis plus de dix ans, m'a permis de me sculpter un corps ferme et tonique.
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La vengeance de Valentina
RomanceComment vivre quand on a vécu six années de son enfance en enfer ? Comment aimer un corps que des bourreaux ont détruit ? Valentina a 30 ans. La mort n'a pas voulu d'elle le jour de ses 14 ans. Devenue invisible de tous, elle sillonne pourtant les r...