17. Marghau découvre sa vocation de prof de géo

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- T'es sûre qu'on a le droit de faire ça ? s'enquit Romy.

- À ma connaissance, je vis ici depuis plus longtemps que toi. Donc t'inquiète, je gères, rétorqua Marghau.

Mon amie lui coula un regard en biais, sceptique.

Marghau nous attrapa par les manches - son hobby, manifestement -, et nous tira vers un gratte-ciel qui se dressait au-delà de la forêt de l'Académie. Il était aussi haut et lustré que tous les autres immeubles de cette ville, à la différence qu'il était vide, nous informa Marghau.

- Rappelle-moi, où nous emmènes-tu ? demandai-je.

- Surprise !

Je réprimai un pincement de lèvres.

La Martienne avait insisté pour nous faire visiter quelque chose, à l'occasion de l'absence de notre professeur d'astrologie qui enseignant la matière aux deux classes du Rang. Lina et Inès n'avaient pas témoigné autant d'enthousiasme que nous à l'idée de quitter l'enceinte scolaire, motif principal de ma motivation à suivre Marghau.

Nous pénétrâmes dans le building sans plus tarder. À cause des feuillages avoisinants qui obstruaient les rayons du soleil, le bâtiment n'était que faiblement éclairé et l'absence de bureaux rendait l'endroit encore plus spacieux. Malgré le manque d'ameublement, l'endroit correspondait parfaitement aux souvenirs que j'avais d'autres gratte-ciel : le parquet était entretenu et les vitres ne laissaient apercevoir aucune trace de poussière. Le bruit de nos pas résonnèrent à travers toute la salle dès que nos pieds effleuraient le sol.

- Pas très touristique, ici, commentai-je.

- L'aspect est trompeur, je ne te conseille pas de venir pendant les vacances. L'administration de l'école est établie dans les étages supérieurs, pour fuir le tintamarre occasionnel, assura Marghau en se dirigeant vers l'endroit où se trouvaient les marches volantes.

Romy et moi partageâmes un regard désespéré puis la suivîmes à contre-cœur.

- Le Mexpress suit des itinéraires et a plusieurs lignes, expliqua Marghau, le pied déjà posé sur une marche. Mais comme toutes sont très reliées, on ne doit pas descendre souvent quand on ne veut pas aller très loin.

- Comme les trams et les métros sur Terre, fit remarquer Romy.

- C'est ça, rétorqua-elle même si je doutais qu'elle sache de quoi il était question. Et on arrivera à l'heure pour votre prochaine leçon, dans trois heures et demie.

Je déglutis en y songeant. Le prochain cours s'avérait être le deuxième avec Magrien. Le dernier avait eu lieu avant-hier, pourtant j'avais l'impression qu'il ne s'était écoulé que quelques heures depuis vu la fréquence à laquelle j'y pensais. Nonobstant mon premier échange avec Magrien, Livaïna ne m'avait toujours pas recontactée, et je ne savais pas sur quel compte mettre son mutisme. J'étais bien décidé de questionner mon enseignant à son sujet, malgré les recommandations d'Erlann qui me conseillait de ne pas le brusquer.

- Je ne comprendrai jamais l'utilité de ses marches quand il existe un ascenseur en parfait état juste à côté ? bougonna Romy en se mettant à genoux sur sa marche.

- Désolée, rétorqua Marghau. Il ne nous mène qu'aux étages supérieurs, pas à la station du Mexpress.

- Vous viendrez me ramasser à la petite cuillère en rentrant, conclus-je.

Marghau me décocha un sourire compatissant juste avant le début du cauchemar.
L'ascension fut aussi longue que la première fois. Durant ces minutes infernales, agrippée sans une once de dignité à ma marche, mes pensées tourbillonnaient dans mon esprit aussi vite que moi dans cette cage d'escalier infinie. La nausée m'assaillit et l'espoir de sentir indemne d'ici s'amenuisant à mesure que le nombre de mètres qui me séparaient du rez-de-chaussée augmentait. Les Martiens bénéficiaient d'une technologie si avancée, pourquoi créer des choses si barbares ?!

La Clé de MarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant