Prologue

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ATTENTION : 

TOME III de la sage : The Devil's Disciples. 

Elisabeth

Lorsque j'ai soufflé les bougies de mon treizième anniversaire, j'ai souhaité avoir une belle et longue vie.

À quoi ça se résume ?

Numéro 1 : gagner le titre de Miss Nationale.

Numéro 2 : déménager de chez mes parents parce qu'avoir ma mère sur le dos toute la journée n'était plus supportable.

Numéro 3 : Convaincre mon père que j'aime Damon et que je vais l'épouser, peu importe ce qu'il en dit.

Numéro 4 : Me marier avec Damon. Convaincre Damon de m'épouser.

Numéro 5 : Ouvrir un foyer pour les enfants défavorisés.

Numéro 6 : Avoir une salle de danse dans mon futur appartement.

Numéro 7 : Rester en contact avec mes sœurs pour toujours.

Numéro 8 : Finir mes jours dans une petite maison isolée au milieu de la forêt, là où personne ne viendra me déranger.

Je ne me souviens pas d'avoir souhaité tomber malade. Ni demander que ma vie se transforme en véritable enfer. Encore moins à ce que mes jours soient peut-être comptés.

Pourtant, c'est bien le cas.

Je ne crois pas en Dieu. Je ne crois pas en une divinité censée nous protéger du mal et nous vouloir que du bien.

J'ai du mal à croire à tout ça, surtout après ce qui est arrivé avec Bruce Williams et les Élus.

J'ai bien cru ne jamais sortir vivante de cet endroit. J'ai encore des flashbacks de cette espèce de cellule sombre et froide. Des hurlements de mes sœurs alors qu'elles se faisaient torturer. De cette odeur nauséabonde de sang planant autour de nous à longueur de journée. Du sentiment que c'était ça mes derniers instants et que maintenant, je devais me préparer à rencontrer le passeur.

L'idée qui ne cessait de me trotter dans la tête était que personne ne déposerait de pièces sur mes yeux après ma mort, ce qui signifie que je n'aurai aucun moyen de payer le batelier pour traverser le Styx.

Même si je sentais que je perdais espoir petit à petit, j'avais toujours cette petite flamme à l'intérieur de moi qui me hurlait de ne pas abandonner, que ce n'était pas la fin.

Aujourd'hui, je tente de raviver cette étincelle, de la stimuler, mais sans succès.

C'est vide total.

– Je suis désolé mademoiselle Jones-Cole mais vos résultats ne sont pas bons.

Si mon professeur de mathématique m'avait dit ça il a quelques années, je pense que je lui aurai ri au nez. Je n'en avais rien à faire des math ou des études. Je n'étais pas faite pour ça et puis c'est tout. Ce n'était pas la fin du monde. J'allais très bien m'en sortir.

J'aurais aimé rire au nez du médecin lorsqu'il m'annonce que je ne vais pas bien.

– Vous avez un cancer.

Un cancer...

Ma grand-mère Bianca avait un cancer. Elle a survécu. Peut-être que moi aussi, je le pourrai ?

Me rassurer. Oui, c'est ça qu'il faut faire.

On entend souvent dire que rien ne se produit par hasard, que chaque décision prise n'est pas le fruit de la chance, que tout est écrit et préalablement décidé, que tout se passe pour une bonne raison.

Quelle est la bonne raison pour avoir un cancer ? Qu'est-ce que ça va m'apporter ?

La mort.

Alors c'est ça ma fin ?

Le livre de ma vie se terminera par un : "elle avait encore tant de belles choses à vivre, mais la maladie l'a emporté".

Emporté.

On pourrait penser que c'est fait avec douceur et délicatesse.

La maladie, c'est moche, c'est brutal, c'est violent.

J'ai souvent vu ma mère malade à cause de son problème respiratoire, et j'ai vu ma sœur malade à cause de ses problèmes cardiaques.

C'était silencieux dans son cas. Je n'avais rien vu jusqu'à ce qu'il était trop tard et je pensais l'avoir perdu.

Mais, le cancer, ça se voit. C'est visible aux yeux de tous. Je ne pourrais pas le cacher à ma famille.

– Je suis désolé. Je peux vous soumettre les différentes possibilités qui s'offrent à vous.

Je ne fais plus attention au médecin. Je suis perdu dans mes pensées, j'essaie de réaliser ce qu'il vient de m'annoncer.

Alors que le spécialiste poursuivait son explication, je l'interrompis en me levant de ma chaise, je pris le prospectus qui se trouvait devant moi avant d'attraper mon casque de moto et de sortir sans prononcer un seul mot.

Je l'entends m'appeler, mais je ne réponds pas, je continue mon chemin.

Un cancer.

« Vous avez un cancer »

« Les différentes possibilités qui s'offrent à vous »

Je n'ai pas envie d'écouter ses différentes possibilités. Je n'ai pas envie de perdre mon temps alors que je sais pertinemment que je ne comprendrai rien de toute façon.

Je me dirige vers ma moto, garée devant l'hôpital où ma tante travaille, en espérant de tout cœur ne pas la croiser. Elle me poserait beaucoup de questions auxquelles je n'ai pas de réponse.

Je n'ai pas envie d'écouter ni de parler.

Je monte sur ma moto, enfile mon casque et mon équipement avant de démarrer et de sortir du parking du St-David.

Alors voilà, c'est le début de la fin.

J'ai un cancer.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant