Avant le désert

Chapitre 1

Pour ces pauvres hères qui errent aux portes du désert...

Kelsea

Perdue dans une tempête de sable
Sur un sol mouvant et instable,
T'enfuir, tu en es incapable,
Attiré par la gardienne de ce désert implacable.

Tentatrice et définitive, elle rôde.
Ton armure se fissure et s'érode
Car la tentatrice n'est pas loin,
La liberté est au bout du chemin.

Quand elle tourbillonne autour de toi,
qu'elle te prend la main et ne la lâche pas,
Qu'elle te fait oublier les lendemains,
Jamais plus le fou rire ne te prendra.

Cette vie t'oppresse et t'éteint,
Quand la douleur t'étouffe, elle effleure ton chagrin
Et le désert approche, approche,
La ronde des proches est une litanie sans fin.

Reste, je t'en prie, reviens !
Personne ne te comprend et ne t'atteint
Sauf la gardienne qui t'enlace et t'étreint,
Vous franchissez les portes main dans la main.

Ernest

Alors s'offre à elle un monde brûlant,
Suspendu à tout jamais dans le temps,
La Terre brûlée griffée par les vents
Libère parfois le chant des vivants.

Et la perte de cette fleur aimée
Pour ceux demeurés de l'autre côté
De ces portes honnies et détestées
Rend leurs infortunés cœurs desséchés.

Tandis qu'elle s'épanouit enfin,
Le scintillement dans ses yeux s'éteint,
Et s'envolent l'amour, la soif, la faim,
Son corps fondant devenu sable fin
Dans cet univers sans retour ni fin.

Pour tous mes pairs, qui ont trouvé une oasis dans le désert.