Partie 21 - La pluie.

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« Mais putain...! Où c'est qu'il peut être, bordel !! »

Il était sur le point de péter un plomb à force de ne pas trouver le plus jeune alors que la pluie venait de se mettre à tomber quand il sentit son portable se mettre à sonner dans la poche de son pantalon. Ses amis se tournèrent vers lui pour lui jeter un regard interrogateur à ça et il attrapa son portable, avant de froncer les sourcils.

« Numéro inconnu.

— Réponds, lui dit Matthieu d'un air sérieux. On sait jamais. »

Il acquiesça et appuya sur le bouton pour répondre, collant son portable à son oreille :

« Allô ? »

Pendant un instant, il n'entendit rien avant que des pleurs ne lui parviennent et il sut alors que c'était Aurélien de l'autre côté.

« Aurél ?! Aurél, c'est toi ?? Où est-ce que tu es ? T'es en train de pleurer ? Pourquoi t'es en train de pleurer ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

— Guillaume... l'entendit-il alors balbutier à travers ses larmes et il jeta un regard soucieux à ses amis qui avaient tous les yeux rivés sur lui, l'air inquiet.

— Aurél, parle-moi mon cœur, dit-il précipitamment et il se surprit lui-même du surnom par lequel il venait de l'appeler. Pourquoi tu pleures ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je suis désolé... s'excusa alors Aurélien à l'autre bout du fil entre deux sanglots et il fronça les sourcils, confus de ces excuses inattendues.

— Hein ? Attends, mais pourquoi tu t'excuses ? Aurél ?

— Je t'ai laissé seul... Je me suis enfui comme un lâche. Et à cause de moi... à cause de moi, ils t'ont sûrement fait beaucoup de mal... Tout est à cause de moi de toute façon. Depuis le début. Je suis un monstre, dit le plus jeune d'une voix éraillée par ses sanglots.

— Non, non, non... riposta-t-il en l'entendant s'écrouler en sanglots. Jamais, Aurél. Tu m'entends ? Jamais. Absolument rien n'est de ta faute et tu n'es pas un monstre. Je t'interdis de dire des choses comme ça. Ou même de le penser. Maintenant, dis-moi où tu es. Je viens te chercher. »

Aurélien hésita un moment avant de lui expliquer qu'il était dans une cabine téléphonique, alors il lui demanda de lui décrire son environnement. Et quand Aurélien lui dit le nom du bar en face duquel il était, il sut tout de suite où il se trouvait. Alors il lui dit de ne pas bouger, qu'il arrivait, et il raccrocha avant de faire signe à ses amis de le suivre. Il savait parfaitement où Aurélien était. Et dans moins de vingt minutes, il serait à ses côtés. Si effectivement il ne bougeait pas de sa place.

***

« Aurél !! »

Il tressaillit en entendant quelqu'un crier son prénom. Enfin, non. Son surnom. Et cette voix... c'était celle de Guillaume. Il releva la tête de ses bras croisés sur ses genoux qu'il avait remontés le long de sa poitrine pour se tenir chaud et il aperçut ce dernier en train de courir dans sa direction sous la pluie. Il était frigorifié par celle-ci, la pluie lui tombant dessus sans interruption depuis une bonne dizaine de minutes.

« Aurél, putain ! s'exclama Guillaume en s'arrêtant devant lui et le plus grand se laissa tomber à genoux devant lui avant de le prendre dans ses bras. J'ai eu tellement peur, si tu savais... lui dit ce dernier en glissant une main réconfortante sur sa nuque par-dessus ses cheveux, puis il le sentit se détacher de lui. Mais... tu es trempé...! Pourquoi t'es pas resté dans la cabine téléphonique, Aurél ? Tu vas attraper froid comme ça !

— Je voulais être sûr... que tu me trouves, bredouilla-t-il d'une petite voix alors qu'il sentait Guillaume entourer son visage de ses mains et il sentit alors les larmes lui monter aux yeux à nouveau. Tu m'as trouvé... Tu es venu me chercher...

— Bien sûr que je suis venu te chercher, mon p'tit cœur. Je serais venu te chercher à l'autre bout du monde, sache-le bien.

— Je... Je me suis perdu en m'enfuyant tout à l'heure... D'ailleurs, je suis désolé pour ça, Guillaume...

— Je sais, Aurél, je sais. Ne t'en fais pas, je comprends, l'interrompit Guillaume et il secoua la tête.

— Non... Je t'ai laissé seul... Seul contre eux deux... Je ne sais pas ce qui m'a pris de m'enfuir... Pardonne-moi...

— Eh, eh, mon ange... Arrête de t'excuser. C'est tout à fait compréhensible. Tu as une peur panique de Paul et Thomas, et là, t'as cru que le cauchemar allait recommencer... Et puis, j'ai dû te faire mal en te poussant ainsi. Je suis désolé de pas avoir réussi à te rattraper avant que tu ne tombes par terre...

— Mais toi... Mais toi aussi, t'es blessé, balbutia-t-il en remarquant alors son arcade sourcilière et son nez, tous deux recouverts de pansements. Oh, non... Guillaume, désolé, tout ça c'est de ma faute...

— Non, mon chat, je t'ai dit de ne pas dire des choses comme ça, lui dit d'un air faussement sévère le plus grand et il sentit la panique s'immiscer en lui, n'arrivant plus à détacher son regard du cocard qu'il lui semblait voir apparaître petit à petit autour de l'œil gauche de Guillaume à mesure qu'il regardait son visage.

— Ils t'ont... fait du mal... Par ma faute... Et... »

Il eut soudain du mal à respirer correctement et il sentit Guillaume raffermir sa prise sur son visage, semblant comprendre ce qu'il avait :

« Aurél, mon chat, regarde-moi, lui demanda ce dernier et il s'exécuta, les larmes aux yeux. Je n'étais pas seul. Les gars aussi étaient là. Ils m'ont rejoint même pas cinq minutes plus tard. Les professeurs de ton collège nous ont séparés et ont appelé les policiers. Je leur ai tout dit et ils ont embarqué Paul et Thomas. Ça veut pas dire qu'ils vont aller en prison, mais pour l'instant ils sont en garde à vue, alors pour ce soir, tu ne risques plus rien. Ok ?

— Et toi... aussi ? sanglota-t-il douloureusement et Guillaume hocha la tête sérieusement, alors il sentit son cœur se calmer dans sa poitrine. Quand je me suis perdu... j'ai fouillé dans mes affaires et... j'ai trouvé... dans la poche de ma veste... j'ai trouvé le papier que tu m'avais donné avant de me laisser chez Claude cette première fois.

— Le papier ? Celui avec mon numéro, c'est bien ça, mon chat ? lui demanda Guillaume et il hocha la tête, les larmes coulant toujours sur son visage. C'est vrai que je te l'avais laissé en cas d'urgence... Tu l'avais donc sur toi... Quel soulagement. J'aurais jamais supporté de te perdre. »

Le plus grand se mit à caresser son visage de ses pouces et il le vit lui sourire tendrement à travers ses larmes, alors la douce chaleur fit son apparition de nouveau dans sa poitrine. Il eut envie de demander à Guillaume de l'embrasser – comme il l'avait fait lui le week-end dernier avant de s'endormir à ses côtés même si ce n'était pas réellement un vrai baiser –, mais au dernier moment il aperçut ses amis derrière lui.

« Tu peux... me prendre dans tes bras ? bredouilla-t-il alors à la place, se sentant extrêmement vulnérable à ce moment-précis. J'ai... besoin de ta chaleur... de ton odeur... de toi... S'il te plaît, Guillaume... »

Ce dernier lui lança un regard surpris avant de s'exécuter aussitôt et il se blottit du plus possible contre lui, essayant de se fondre littéralement dans sa chaleur. Il était bien là.

« À quel moment t'as cru possible que je te réponde non à une requête comme celle-ci, mon ange ? entendit-il Guillaume lui murmurer à l'oreille alors qu'il le sentait caresser sa nuque avec délicatesse sous ses cheveux trempés. J'aimerais tout le temps t'avoir dans mes bras. Pour de vrai. »

Il ne répondit rien à cette confidence, son cœur répondant à sa place en se mettant à s'emballer dans sa poitrine. Moi aussi. Moi aussi, Guillaume, j'aimerais toujours être dans tes bras. Pour de vrai.

Fiction OrelxGringe - Parle-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant