La vengeance de Valentina

[Partie I] IV - Valentina

Je me suis à nouveau métamorphosée, pour retrouver Danny. C'est devenu mon rituel du matin. J'ai parfois la sensation que je ne suis plus moi-même, lorsque je vois les traits de Valentina dans le miroir, tellement habituée à l'image d'Irina, que j'ai la sensation de vivre dans la peau d'une autre. Je me demande même si un jour Valentina arrivera à ressortir de cet appartement, dans lequel elle semble vouloir se cloîtrer, afin d'accomplir sa funeste quête.

Cette vengeance que j'ai voulue depuis plus d'une décennie, et qui, j'espère, se réalisera avant la fin de l'année. Danny Venizzi devrait m'aider dans ma soif de justice. Il a repris la tête de sa famille à la mort de son père, il y a seize ans. Je l'ai connu lorsque j'avais dix-huit ans. C'est lui qui m'a extirpé de la rue où je m'étais réfugié depuis ma fuite. Je venais tout juste de donner une bonne leçon à deux petites crapules qui avaient osé penser qu'elles pourraient abuser de mon corps. Pas de chance pour elles. Si elles avaient cherché à me tuer, je les auraient peut-être laissées faire. Mais le simple contact de leurs mains sur moi a fait remonter en moi violemment des souvenirs douloureux, réveillant la fureur qui sommeillait en moi.

Danny est arrivé avant que ma lame n'atteigne leurs gorges. Il s'est excusé de l'attitude des deux types et les a renvoyés en leur promettant des représailles. J'ai découvert par la suite que Danny, tout parrain qu'il est, ne supporte pas la violence faite sur les femmes. Après avoir discuté dans la rue, il m'a demandé de le suivre. J'ai hésité, mais j'ai fini par le faire. Pourquoi ? Encore aujourd'hui, je n'en ai aucune idée. J'avais juste le sentiment qu'il ne me ferait aucun mal. Après tout, s'il le souhaitait, il aurait pu le faire dans cette ruelle où il venait de me trouver.

Il a rapidement compris que je voulais vivre seule, me laissant les clés d'un appartement dans le quartier de Brooklyn. J'ai découvert par la suite qu'il appartenait à une des familles mafieuses de la ville, le principal ennemi de mon père. Ils ont les mêmes secteurs d'activités : la drogue et le trafic d'armes. Ils sont donc en perpétuelle concurrence. Danny m'a pris sous son aile et m'a formé au combat rapproché, aux armes et aux meurtres. En élève très doué, je suis devenue une de leurs associés et font appel à moi, lorsqu'ils ont besoin d'un bon sniper ou pour des deals délicats.

Arrivée devant la porte de l'entrepôt qui sert de lieu de rendez-vous pour les réunions de préparation des deals, je saisis le code du boîtier électronique, afin d'ouvrir la porte. A l'intérieur, deux colosses gardent l'entrée du bureau, qui me saluent en me voyant arriver, avant de m'indiquer que je peux entrer. J'ouvre la porte et quatre visages se tournent vers moi. Danny, Marco, son bras-droit, Fabio et Orso, les principaux capos de la famille Venizzi.

Danny et Marco me gratifient d'un sourire, quand les deux autres me regardent de haut. Ils n'ont jamais accepté ma présence, mais ils ne peuvent pas aller contre la décision de leur boss. Bien évidemment, ça ne les a pas empêchés d'essayer de me descendre, mais malheureusement pour eux, je suis toujours là. Alors je leur offre mon plus joli sourire. Enfin, ce que j'espère être un sourire.

— Bon, maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer à étudier notre dossier, dit Danny en tirant une chaise avant de s'asseoir dessus.

— Je ne comprendrais jamais qu'elle soit ici, lâche Fabio me regardant de haut en bas.

Je crois que c'est celui qui me déteste le plus. Peut-être parce que je n'ai jamais accepté ses avances déplacées, lorsqu'il m'a coincée dans les toilettes, le jour de notre première réunion. Il en est ressorti avec une fierté mise à bas, une lèvre fendue, deux doigts cassés et une incapacité à lever sa queue pendant quelques jours. Et dire que ce con a eu le culot d'aller se plaindre à Danny, pourtant, j'ai été assez clémente. Il a eu une belle leçon sur le respect du corps des femmes et le consentement.