Chapitre 3_Pauvres impudents !

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Cette fois, personne ne proteste, la semaine de la mort est une semaine sacrée, si on veut sortir pendant cette semaine, on en sort sans vie. C'est une règle tacite, personne n'a envie de se frotter à la maire, c'est un monstre, c'est le chien de l'empereur, celle qui sème la terreur, l'enfant des morts.

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On disait que sa musique et ses contes étaient enchanteurs, d'un contraste frappant avec son métier et sa personnalité. Souvent, elle parlait dans ses contes de la nature, de la création du monde. Elle était respectée parmi les bardes malgré sa monstruosité. Ses chansons étaient pour la plupart plus triste, plus mélancoliques que ses histoires, parfois la mort était elle évoquée ou alors, un amour trop passionnel qui amenait au désespoir. Ses contes et ses chants rappelait un troubadour fort célèbre de son temps, qui disait avoir été inspiré par Dame Nature elle-même, qu'elle lui rendait visite parfois et qu'il fallait qu'on lui pardonne de ne pas avoir pu résister à l'envie d'apprendre d'une allégorie de l'Art.

Peu de gens savaient depuis combien de temps l'enfant des morts était présente dans l'Empire. Toujours est-il, que tous avaient appris à vivre avec, ses caprices étaient terribles, elle semait la terreur si l'on ne respectait pas sa musique et ses légendes, sa "transmission du savoir" disait-elle. Elle mettait un point d'honneur à ce que la connaissance soit transmise et accessible à tous. L'une des seules choses qui rendait les gens un tantinet enclin de sympathie à son égard était le fait que chaque nouvelle et chaque histoire qu'elle transmettait étaient assurées d'être vraie. Elle ne se pardonnerait pas de donner à son auditoir une version faussée de la vérité.

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Dans les quartiers, bien qu'il ne fasse pas nuit, les volets étaient scellées et, dans les maisons, tous concluaient leurs affaires en cours. Les grands bandits, les chefs de guildes, les mercenaires, assassins et autres ordures du genre qui n'avaient pas quitté la ville depuis sa création ou leur adhésion à celle-ci, paniquaient mais les nouveaux membres riaient en leurs forts intérieurs de ces personnes dures et qui semblaient fortes alors qu'elles tremblaient en entendant le simple son de corne. Les petites révoltes et changements dans la hiérarchie qu'ils prévoyaient de mettre en place depuis plusieurs années se retrouvèrent accélérer, une occasion en or se présentait. Si la maire était battue, elle qui faisait trembler les plus terribles criminels, alors les chefs perdraient de leurs pouvoirs, à avoir peur pour si peu devant une personne si faible et ils perdraient leur autorité.

En vérité, elle ne passait que peu souvent dans cette ville, raison pour laquelle les nouveaux arrivant ne la connaissait que de réputation et non de vue. De plus, elle possédait une allure très inoffensive bien loin des images que c'étaient faites les gens en écoutant ses exploits. Elle semblait même, parfois que le vent pourrait l'emporter et que si on la touchait trop, on risquait de lui briser un os, elle réveillait l'instinc protecteur. D'autres fois, elle avait une présence si ténu et semblait être si petite qu'on pouvait aisément la prendre pour une enfant.

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Le lendemain matin, à 10h tapantes, un important attroupement se créa sur la place, chacun vint comme il était écouter les histoires qui appartenaient à un autre temps, une autre époque, des histoires appartenant pour la plupart à un monde...différent.

En arrivant sur la place, tout est déjà installé et le silence était pratiquement religieux lorsqu'un jeune se planta devant elle et lui dit :
- Il suffit de cette stupide mascarade, je n’ai pas le temps d’écouter des contes pour enfant idiots ! Vous n'êtes qu'une imposteure, incapable et ne possédant que peu de pouvoirs, vous n'êtes qu'une farce, une femme pantin. Pourquoi trembleriont nous devant vous ? Cela fait des années que cette ville existe et que les légendes l'accompagnent, pourtant on ne vous a que rarement vue. Il se dit que vous êtes immortelle pourtant, je n'en pense pas un traître mot, je pense surtout que vous êtes une mendiante ayant pris les vêtements d'une femme que vous prétendez être et qui n'existe déjà plus depuis longtemps. Certes, les pouvoirs de la femme qui fondit la ville étaient grands, cependant, ils ne peuvent êtres maintenus en dehors de l'enceinte de notre ville. Or, personne, aucun être humain ne peut vivre aussi longtemps. Alors, arnaqueuse, avez vous perdue votre langue ?
Fier de sa longue et pimpante tirade (apprise par cœur), le nouveau regarda autour de lui en bombant le torse et en arborant un sourire arrogant et sûr de lui.

Elle se contenta de plisser le nez, puis, avec un regard hautain et un sourire carnassier sur le visage elle tapa lentement dans ses mains avant d'applaudir de plus en plus rapidement, chacun des claquements résonnant dans l'air comme un coup de tonnerre. Elle s'avança sur son estrade jusqu'à être au plus près du bord et elle le toisa avec un mépris sans nom :
- Je dois le dire, je suis de tout cœur avec vous, vous êtes d'une intelligence si élevée qu'elle doit appartenir aux dieux, ces êtres puissants, omnipotents et omniscients. Deviner ainsi une telle supercherie, on pourrait presque croire que vous n'êtes pas de cette ville. Enfin, je me présente : Archi-duchesse Amare Aeternus, titulaire de ce titre depuis son obtention, gérante du territoire d’Oblivio confié par la lignée des Timor Doloris de l'Empire des Hommes. Je suis vraiment désolé de m'être présentée si tard. J'ai été sotte, je n'aurais jamais cru que quelqu'un ne puisse pas me connaître en raison de ces si nombreuses affiches placardées dans toutes les villes et villages. Mon ignorance est telle que bientôt votre ventre gonflera telle la grenouille trop ignorante !

Surpris, l'orateur et ses comparses paniquent quelque peu avant de se calmer sous un signe de leur chef. Tellement persuadés de leur stupide résonnement qu'ils ne prirent pas garde à son avertissement caché.  Cependant, les plus anciens c'étaient éloignés de peur en entendant sa prédiction, ils la connaissaient et savaient que l'heure de leur peine étaient là. Le destin agissait toujours comme elle l'entendait, particulièrement dans cette ville où tout lui étais relié.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 11, 2023 ⏰

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