Hurlement Numéro "Un"

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Deux jours s'étaient encore écoulés, et Aharon n'avait plus revu cette femme. Il ne faisait plus de cauchemars, mais pourtant quelque chose lui revenait à l'esprit, il lui semblait que cette femme, il l'avait déjà rencontré ailleurs, quelque part, mais il ne savait où. Ce souvenir était brouillé, mais des morceaux revenaient de temps à autre, et alors il les notait, et tentait de rassembler les pièces. Alors qu'il ne savait où tout cela allait lui mener, il s'élançait dans une quête, celle de retrouver sa trace.


ll n'avait ni son prénom, ni son âge, mais avait tout de son physique ; elle était brune, la peau d'une extrême blancheur, les cheveux longs qui tombaient en rouleaux sur ses épaules, une silhouette fine, légère comme une plume. Elle mesurait entre un mètre cinquante, et cinquante cinq centimètres, et devait peser pas plus de cinquante kilos. Ses yeux étaient d'un bleu gris très troublant. Ses lèvres elles, étaient parfaitement dessinées. Avec tous ces détails, il serait impossible de ne pas la retrouver, surtout que dans son métier, Aharon étant au service de police, il pouvait accéder plus facilement aux archives, même si le passage lui était interdit. C'était d'ailleurs un policier pas comme les autres ; il faisait tout ce que les lois lui interdisaient, et poussaient les gens à faire de même. Ce qui d'ailleurs lui coûta déjà cinq ans de prison dans sa vie. La première fois c'est quand il vola, à l'âge de huit ans, de la nourriture pour la donner à une enfant qui était en manque, ce qui lui valut un an complet dans une maison de redressement.

Puis après il retourna faire un séjour en prison à l'âge de 15 ans jusqu'à l'âge de 20 ans. Cinq ans ferme qu'il avait enduré, pour une raison qu'il n'avait pas compris.


Après son service, à 21heures il se lança dans les recherches. Image par image, document par document... Il ne savait pourquoi il cherchait dans les archives, mais il avait un pressentiment. Un mauvais pressentiment, lequel il ne savait pas encore, mais dans tous les cas il sentait pas bon. Image par image, document par document, archive par archive, journal par journal... Toujours rien. Il se faisait déjà 1h du matin, et il n'avait encore rien trouvé. Il regarda l'heure, « 2h30 » il était affiché sur l'horloge au dessus du bureau, alors il décida à abandonner. Mais en tournant une dernière page d'un journal datant de 1930, il tomba sur un article tout à fait étrange, et du moins inattendu. L'article nous parlait d'une femme entre 30 et 35 ans, brune, peau pâle, et surtout très fine qui serait morte dans l'incendie de sa maison. Cette femme n'était pas grande, elle devait « mesurer environ un mètre et cinquante centimètres ». Aharon eut un frisson, il fit descendre la page le plus lentement possible ; la première photo nous montrait la maison qui avait brulée, pour des raisons non connues, et ensuite, l'image qui suivait était une ancienne photo de la jeune fille avant qu'elle ne meure.


Faire le même rêve durant des semaines, sans savoir pour quelles raisons ce cauchemar vous revient sans cesse. Encore et encore, toujours et toujours le même. Un soir, un vent violent, un chêne noir et robuste, et une silhouette qui tend ses mains vers vous, comme si elle vous connaissait, et qu'elle vous attendait. Mais avant de pouvoir voir son visage, vous vous réveillez, et vous ne savez pas pourquoi, mais il faut que vous le dessiniez. « Carnet numéro un », « Carnet numéro deux ». Une fois de plus, le même dessin, un visage sans yeux, sans nez, sans bouche car celui-ci est caché par des cheveux longs et bruns. Cela vous rend de plus en plus nerveux, et vous avez l'impression de la croiser, cette femme, au quotidien. Vous la suivez, et elle disparait.

Telle une ombre flottante à travers le monde.


3h30. Aharon n'avait pas toujours bougé, il restait là, assis immobile fixant la photographie dans le journal. C'était elle, c'était son portrait craché. Une sueur froide monta de son dos jusqu'à ses cheveux. Il transpirait, il tremblait, il avait froid. Ce n'était pas possible, il se croyait dans un film. Un mauvais film. Il restait là à la regarder. Couture sous couture. Trait pour trait, c'était elle. Mais cela n'était pas possible, si elle était morte brûlée, pourquoi la verrait-il. Son souffle s'était coupé, et son coeur s'était accéléré. Il se devait de la retrouver et de comprendre. Mais par où commencer? Tout simplement, en retraçant ses dernières traces. Dans l'article, il était écrit « Morte par étouffement. ». Elle était déjà morte avant même que sa maison parte en cendre. Sauf que le corps qui avait été brulé au cinquième degré, ne portait plus aucune trace d'ADN. Alors la police clôtura le dossier quelques mois plus tard, et sa famille n'eut jamais de « vengeance ». J'entends par là, que aucun assassin n'a été mis sous barreaux.


Et puis un jour tout s'arrête. Plus de rêve, plus aucun souvenir de rêve. Seulement des dessins dans un cahier ; sans lesquels vous oublierez peu à peu son visage. Vous ne dormez plus, et quand vous dormez cela ne dure pas plus de deux heures. Vous êtes fatigué, mais le sommeil ne vous vient plus. Comme si le marcheur de sable avait oublié de venir pour vous. Vous ne dormez plus parce que quelque chose vous tourmente, encore et encore. Toujours et toujours. Hurlement.

OrageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant