Le 7 décembre 1900
Cher Amant bien-aimé.
Je vous écris cette lettre en m'excusant de ne pas avoir pu vous donner des nouvelles rapidement. C'est cruel de ma part, je le reconnais. Mon long silence a dû être pour vous, comme un froid hivernal de la nuit soufflé dans votre cœur. Mais je ne viens pas avec de bonnes nouvelles. Mon cœur se fissure déjà et redoute votre réaction.
C'est fini.
Notre histoire d'amour adultère doit se terminer. Le fait d'écrire ces mots me chagrine au plus haut point. J'ai passé ces dernières semaines à broyer du noir et à me lamenter sur mon triste sort sans même penser à tes sentiments. Je suis une femme égoïste à tellement point que je n'hésite pas à profiter de ton amour pour nourrir mon avidité. Je me dois tout de même vous remercier pour votre sacrifice envers moi. Vous avez sacrifié plusieurs années de votre vie pour une femme esseulée telle que moi. Le fait que je puisse vous offrir ce que vous espérerez tant m'insupportes. Je ne peux répondre à votre amour étant déjà mariée à un homme pour un mariage de raison. Je ne peux vous redonner ces années sacrifiées dont j'ai pris égoïstement. Je m'excuse, mais cela ne change rien, c'est tout ce que je peux faire. Sache que je te remercie pour toutes ces nuits au creux de vos bras. De m'avoir aimé d'une passion inconditionnelle. D'avoir écouté mes complaintes tout en séchant mes larmes. De m'avoir réconforté de tes baisers chauds. Ces plaisirs que tu m'as donnés m'ont fait.
Pour la première fois, j'ai pu me sentir femme tout en étant aimé et choyé. Ces souvenirs sont un trésor inestimable que je cacherai à l'abri des regards indiscrets. Je te libère pour que tu puisses vivre ta vie. Ne fais pas comme moi. Ne vous enchaînez pas à un mariage sans amour.
Je ne vous laisse pas le choix, je le crains.
À mon tour de me sacrifier pour vous. Pour vous. Pour vous rendre heureux à mon tour. C'est un bien maigre cadeau pour vous démontrer mon amour. Cela ne sert à rien de venir me voir, je serais déjà partis avec mon époux vers une destination que je tairais le nom pour éviter que vous me retrouvez. Je suis une horrible personne, n'est-ce pas ? Vous avez le droit de me détester, je le mérite amplement.
Vivez votre vie et faîtes en sorte d'être heureux. Sans moi à vos côtés, mon ami.
Adieu. Mon tendre aimé que je n'oublierai jamais.