Ses yeux. L'écrin doré qui les transperce. C'est l'unique chose que je vois malgré ce monde autour de moi. La musique bat dans mes oreilles, mais je ne vois que lui dans cette foule assourdissante. Et pourtant, il ne pose pas un regard sur moi, pas une caresse visuelle sur mes longues jambes. Mon verre roule entre mes doigts au point de retirer les bulles une par une à mon champagne.
-Tu sais qui il est ?
Je me tourne vers Lyna et hausse les épaules. Ses longs cheveux noirs sont tirés à la perfection pour descendre en queue de cheval, dévoilant son visage maquillé sombrement.
-Certaines réponses ne sont pas bonne à connaître.
Elle rigole alors que je me pince les lèvres, puis prends sa main pour l'emmener danser. Mes hanches commencent à s'approprier la piste, l'alcool, lui, commence à trouver refuge dans mes veines, me brule et m'enlève tout réalité. La musique bat toujours plus fort, encore et encore, je commence presque à en voir les couleurs derrière mes paupières.
Jusqu'à cette main sur mon ventre, et ce souffle contre mon oreille. Cette chaleur entre en fusion avec l'épiderme de ma peau, jusqu'à me brûler.
-Venga. (viens)
Cette voix à la fois clair, roque et autoritaire me fait frissonner bien plus que je ne l'aurais voulu, et je finis par prendre sa main alors que je suis entrainée dehors. Mes yeux le voient à peine, ma main cherche à s'entrelacer entre la sienne mais mes jambes ne s'arrêtent jamais. La fraicheur de l'air me frappe et la brûlure qu'il exerce toujours sur moi me donne l'impression d'embraser, en pleine montagne. En arrivant devant une voiture, je me retrouve plaquée, une main sur la gorge, alors que mon regard retrouve enfin cet écrin, pour s'en nourrir, s'en droguer.
-Tu cherches quoi. Qu'est-ce que t'as à me bouffer du regard ?
Je déglutis doucement mais ne le lâche toujours pas des yeux. Je détaille chacun des traits qui font son visage. Il presse toujours mon cou alors qu'une de ses mains vient se loger entre mes cuisses.
- ¿Es eso lo que quieres? ( C'est ça que tu veux ? )
Fiévreuse, j'ouvre la bouche pour répondre, jusqu'à sentir sa main arriver à hauteur de mon unique sous-vêtement. Inconsciemment, j'ouvre un peu plus les jambes, le regard planant sur ses lèvres puis remontant dans ses yeux. La couleur dorée disparait à cause de ses pupilles qui prennent soudainement plus de place. Il passe son doigt sur ma dentelle, détaillant chacune de mes réactions. Seule ma respiration s'accélère, jusqu'à le sentir entrer un doigt. Je sers alors la mâchoire et déglutis doucement, laissant ensuite échapper un soupire de plaisir. Et comme si c'était exactement ce qu'il attendait, il se recule et me détaille.
-Les salopes comme toi devraient être enfermées.
Sur ces derniers mots, il fait demi-tour et rentre dans la boite de nuit. Ma tête tourne mais je reprends enfin ma respiration, comme si elle s'était complètement coupée. Je regarde par terre, vertigineuse, avant de rentrer dans le bâtiment sans réfléchir une seconde. J'entre folle de rage. Ce n'est désormais plus le contact de cet homme qui me brûle, mais la colère qui s'embrase. Je le retrouve en train de discuter, et après avoir attrapé le premier verre que je vois, je lui balance.
-Ce n'est pas moi la salope ici.
Il se tourne vers moi, les yeux rouges, les poings aussi serrés que la mâchoire. L'échange visuel dure bien deux longues minutes avant qu'il me balance sur son épaule. Il marche vivement je ne sais où, jusqu'à ce qu'il claque fortement une porte après l'avoir ouverte. Une fois au sol, je reconnais parfaitement les toilettes, et les filles qui sont près du miroir nous regardent, sans réellement comprendre. Je me tourne lorsqu'une nouvelle fois il m'attrape par le cou, et me plaque, bien plus rageusement cette fois ci, sur la porte.
-C'est te faire baiser que tu veux ? C'est ça ?
Je ne réponds rien mais le fixe, sachant très bien ce qu'il va faire. Son étranglement se resserre si fort que le souffle se fait de plus en plus difficile. Mais je ne le lâche pas du regard, son pantalon se baisse, alors qu'il prend mes jambes pour les enrouler autour de lui. Il me soulève en me tenant par les fesses, et se retourne pour me poser sur le lavabo. Sa main s'arrache de mon cou, et sous le regard bien trop curieux des quatre femmes dans la pièce, il entre vivement en moi, en me volant un cri. Mes ongles se plantent dans sa nuque, alors qu'il grogne, toujours les yeux dans les miens, toujours le bassin martyrisant le mien. Une de ses mains s'entoure de mes cheveux blonds pour les tirer fortement, pendant que l'autre s'enroule autour de ma hanche comme un serpent. Ses yeux lâchent enfin les miens pour planer sur ma bouche avant de retrouver mon regard. Je sais à quel jeu il joue, parce que je joue au même malgré moi. Je lui donne le moins de satisfaction possible, en ne gémissant quasiment pas. Cependant, je ressers mes cuisses autour de lui, enfonçant mon talon dans sa peau, frappant son visage de mon souffle. Lorsqu'il voit dans mes yeux que je ne lui céderais pas, il y va bien plus fort, jusqu'à ce que mes gémissements deviennent impossible à contenir. Je sers fermement mes yeux, une de mes mains s'agrippent au lavabo blanchissant mes jointures de poings. La douleur qu'il exerce sur mes cheveux décuple mon plaisir, et enfin un réel cri sort de ma bouche. À ce moment-là, il me lâche, et recule.
-Perdido. (perdu)
Ma rage n'est même plus descriptible, alors qu'il se rhabille, toujours sous les yeux de ses femmes bourrées d'hormones. Je redescends du lavabo, les jambes légèrement tremblantes, et en regardant mon tanga, je l'enlève pour lui balancer à la gueule.
-Vas te faire foutre.
Il l'attrape, et son expression se ferme complètement, il se rapproche et crache à quelques centimètres de mon visage :
-Qu'est-ce que tu fous ici ?
Je regarde ses lèvres puis ses yeux avant de souffler, pleine d'assurance :
-Tu ne peux pas gagner à chaque fois Luc. Et je ne compte pas repartir.
Mes yeux le quittent enfin, mes jambes me dirigent vers la sortie quand je l'entends enfin dire :
-Attends toi à vivre un infierno. (enfer)
Un sourire mesquin se tire sur le rouge de mes lèvres, et dans un dernier regard je lance :
-Rappelle toi qui de nous deux est l'enfer, j'espère que tu es prêt à immoler.
Puis je sors enfin.
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Burn Me
RomanceUn premier amour est toujours difficile. Mais lorsque cette première relation se finit de manière si tragique, comment s'en remettre réellement ? Anna revient après plusieurs années, et retrouve un Luc plus détruit et en colère que jamais. Le feu a...