Acte 3, scène 1 : Le fils de Zeus

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Acte 3

Scène 1

L'ÉTRANGER, LA TAVERNIÈRE, ALCIBIADE ET LES FEMMES

L'étranger encapuchonné est seul, il marche péniblement et traverse la scène. Noir puis lumière. Un nouveau décor est planté, un comptoir est présent au centre de la scène avec une femme au tablier de l'autre côté. Le peuple est rassemblé sur les différentes tables de l'échoppe, il boit et rit. L'étranger arrive sur scène et commande à boire au comptoir. Puis, il inspecte le fond de son verre, le renifle, fait une moue de satisfaction et boit cul sec.

LA TAVERNIÈRE : (Celle au tablier). Quelle descente ! Tu es un homme peu commun, étranger.

L'ÉTRANGER : Je suis de ceux qui boivent pour les soifs de demain (1).

J'empoigne toujours ma chope avec les deux mains.

(Il frappe sa coupe sur le comptoir et la tavernière le ressert.)

Ah ! Pauvre de moi qui erre dans le monde des hommes,

J'ai marché depuis vingt ans comme une bête de somme.

En quête d'une âme avec qui dialoguer,

Quelqu'un digne de moi et de mon franc-parler.

(Il s'arrête un moment, regarde autour de lui. Un homme tombe par terre, un autre le relève en titubant et les deux s'aplatissent de plus bel)

Me voilà revenu au domaine des philosophes,

Avec des mots plus doux que certaines étoffes.

Merveilleuse, fabuleuse Athènes,

Entends donc ma tirade, mon poème !

(À ses mots, quelques femmes du bar entendent le poème et rejoignent l'étranger).

LES FEMMES : Oui, montre-nous la force de ton poème.

L'ÉTRANGER : Soit, mais j'aurais besoin que l'une d'entre vous m'accompagne.

LA TAVERNIÈRE : Oh ! Étranger, laisse-moi être ta compagne.

Sois mon Orphée et je serais ton Eurydice (2).

L'ÉTRANGER : Parfait ! En ce jour, nous voilà complice. Donne-moi un la.

LA TAVERNIÈRE : La quoi ?

L'ÉTRANGER : Répète après moi. (Il chante.) La la la la la.

LA TAVERNIÈRE : La la la la la la la la.

L'ÉTRANGER : Non, non ... tu n'es pas en mesure.

Chante avec conviction, toi qui possèdes cette masure !

(Il fait des vocalises.) La montagne magique ! (Il part dans tous les sens du bar. Elle le suit.)

La montagne magiiiiiiiique !!!

Ah non, ce n'est pas ça !

C'est beaucoup trop bas.

LA TAVERNIÈRE : (Plus aiguë) La montagne magiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiique !!!!!!

L'ÉTRANGER : Oui, c'est ça ! Victoire !

Maintenant, que se lève le rideau noir.

(Il se racle la gorge puis entame son poème. Les femmes et la tavernière font les chœurs. Tout le long.)


Tel un vallon descend la montagne magique,

La Lumière des Grecs, flamboyante et épique,

LA RÉPUBLIQUE IMAGINAIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant