Chapitre 22 - Chez moi... Chez toi...

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Carmina sortit son sac du van et suivit Rosel dans le souterrain avec Grâce dans les bras d'Eduardo. Elle restait sceptique quant à la présence de ce dernier dans les hommes de mains de Nevada. Il était videur pas garde-du-corps, pour ce qu'elle en savait.

Nevada renvoya ses hommes dès qu'elles se trouvèrent dans l'entrée de son appartement. A ses yeux, il s'agissait plus d'une maison dans un immeuble que d'un loft. Le salon faisait la taille de son appartement à elle - chambres comprises - et la cuisine lui donnait le vertige même d'aussi loin. Elle suivit sa fille qui discutait de sa chambre avec le propriétaire des lieux.

La décoration austère n'était pas à son goût mais elle pouvait y voir ce que Nevada y trouvait : c'était fonctionnel avant tout. Ils montèrent l'escalier dont les lampes à leurs pieds s'allumèrent sur leur passage. A quoi servaient ces putains de luminaires aux pieds ?

Même aux côtés de Raul, elle n'avait jamais connu un tel luxe. Elle avait qu'une envie : retourner dans son minuscule cagibi bon marcher.

La chambre de Grâce ne fut, heureusement, pas plus grande que celle qu'elle occupait déjà avec elle. Il y avait juste un lit à baldaquin vert pomme dans un coin couvert de peluches que la petite-fille s'empressa d'inspecter et de commenter avec admiration. Elle trouva une place pour son dragon bleu pailleté et sa poupée décapitée.

- Tu peux ranger tes affaires dans l'armoire, lui indiqua Nevada. Je vais montrer sa chambre à ta maman.

- D'accord!

La petite les abandonna pour s'extasier dans un placard immense rempli de robes et de vêtements.

- Tu n'as pas acheté tout cela pour elle, quand même ? s'inquiéta-t-elle quand ils se retrouvèrent seuls.

- Non.

Sa réponse aurait dû la rassurer mais elle pressentait une bombe à venir.

- C'est Valiena qui s'est occupée d'aménager la chambre.

- Nevada, soupira-t-elle, tu l'habitues à...

Nevada la tira dans une chambre et la repoussa contre la porte. Elle le fixa, prise au dépourvue par cet éclat soudain.

- Ce n'est pas temporaire.

- Mais...

Ses doigts s'enfoncèrent dans ses joues pour la couper.

- Ce. N'est. Pas. Temporaire!

Le sérieux avec lequel il répéta sa phrase l'empêcha de protester plus. Une violence qu'elle ne comprenait pas dansait dans ses yeux verts.

Elle acquiesça pour le calmer.

- J'y pensais depuis un moment mais je ne trouvais pas le moment pour t'en parler.

Il se pencha, prit son sac et lui tourna le dos.

- Même si la situation précipite ta décision, tu n'aurais pas eu le choix.

- Pas du tout ?

- Aucun !

Son assurance aurait dû l'énerver mais elle commençait à s'y habituer. Nevada s'attendait à certaines réactions de sa part parce qu'il nourrissait une idée très précise sur ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre.

- Tu es à moi.

Comme ce genre de réflexions.

- Je comprends maintenant pourquoi tu n'es toléré que par toi-même, le taquina-t-elle, Monsieur Le Dictateur.

Il entoura son visage de ses mains avec un sérieux étonnant.

- Seulement pour toi, mi reina.

El Cuco - Série FaidaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant